Pour apprécier pleinement Batman:RIP, est-il pour autant nécessaire d'avoir lu toute la production Batmanesque des mois précédents ce nouvel arc narratif? Probablement, serait-on tenté de dire, vu que Grant Morrisson préparait le terrain depuis quelques temps, avant d'ouvrir franchement les hostilités.
Batman RIP, Rest in Peace, donc. Plus de Batman, ou plus précisément, plus de Bruce Wayne. Inutile de préciser que les chances de voir le biliardaire play-boy quitter définitivement la scène sont de l'ordre d'une sur un milion. Autant demander à Bendis de se laisser pousser les cheveux. Faisons donc semblant, un instant, qu'un grand tournant historique va advenir sur les pages de Batman.
Pour commencer, Bruce va devoir élucider un mystère inquiétant : l'identité du "Black Glove", de cette organisation secrète composée de vilains inconnus, mais graphiquement superbes, avec un Tony Daniel en très grande forme pour les faire briller de mille feux. Bonne idée que de ne pas aller puiser dans les puits taris des ennemis historiques du Batman, pour présenter ces "new entry" menaçantes. Car personne ne s'en doute vraiment, sauf le Batman, mais il se trame quelque chose de gros, d'effrayant, à Gotham.
Ses nouveaux ennemis vont avant tout s'en prendre à sa psyché, car franchement, dans quel état de délabrement doit se trouver l'esprit d'un justicier hanté par la mort, qui se déguise en chauve souris, et vit dans la conspiration et se nourrit de la peur des autres, depuis des années?
Quand un tel esprit touche le fond, et sort des rails, la catastrophe est de celles qui laissent des traces, en profondeur. Un Bruce Wayne fragile, rongé de l'intérieur, qui dévoile tous ses secrets par amour avant de s'en mordre les doigts. Qui doit lutter avant tout contre ses propres démons, contre son propre passé contaminé. Voilà le menu.
Morrisson est au mieux de sa forme dans ce Batman:RIP, il parvient à la fois à insuffler ce souffle dément et quasi psychotrope à travers toute l'histoire, tout en en préservant la lisibilité, ce qui reste son défaut majeurà ce jour. Tony Daniel est excellent, et le travail du coloriste qui embrase ou étouffe les planches avec une impressionante gamme de couleurs est remarquable.
Par contre, méfiez vous : un super héros dont ne repêche pas le corps criblé de balles, et qu'on ne soumet pas à une sérieuse analyse Adn, ne peut forcèment pas mourir, vous devriez le savoir.
Encore qu'on peut avoir le corps, les images, et se tromper pour autant (n'est ce pas Steve Rogers?). Fichus encapés, même quand on croit avoir entre les mains la "dead line" de leur carrière, la loi des séries mensuelles finit toujours par les ramener à la vie.
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