J.Jonah Jameson ne porte pas les super-héros dans son coeur. On peut même dire qu'organiser de vastes campagnes de diffamation fait partie de ses compétences déclarées. Mais vous le savez vous aussi, plus personne n'achète la presse, et les journaux doivent s'adapter aux goûts et attentes du public, s'ils veulent survivre quelques années encore. C'est fort de ce constat que le grand patron du Bugle lance en 2006 (l'année où se déroule le récit) un supplément en couleurs centré sur les types à pouvoirs et costumes. Une révolution inattendue. Et dans cette optique, Jameson recrute une collaboratrice extérieure bien connue des lecteurs d'Alias, série précédente du sieur Brain Bendis : Jessica Jones. Cette dernière met entre parenthèses sa carrière de détective privée, puisque la voici enceinte de Luke Cage, obligée de revoir ses priorités, et de trouver une mutuelle pour les soins du petit. Pas facile de se dégoter un nouveau job et de savoir être à la hauteur, mais voilà qu'alors que Jessica prend ses marques, une nouvelle recrue du quotidien new-yorkais décide de mener l'enquête sur les nombreuses et récentes disparitions concernant des employés de la société Oscorp. Bien mauvaise idée que d'aller fouiller chez le Bouffon Vert en personne, le triste Norman Osborn. Cela va lui coûter la vie, et ce sera le début du premier arc narratif de The Pulse, le titre qui voit Jessica Jones et Ben Urich (prix Pulitzer en puissance, ami de longue date de Matt Murdock dont il garde le secret de sa double identité) mettre à l'honneur le pouvoir (restant) de la presse. J'ai toujours adoré ces histoires où la plume et la machine à écrire ont autant de poids qu'un revolver ou une bombe. C'est ici le cas, dans une ambiance très familière pour les lecteurs de Spider-Man, que nous croisons par ailleurs. Même le dessin est à l'unisson, avec la prestation de Mark Bagley, qui pour être honnêtes bâcle en partie les visages et les gros plans à de nombreuses reprises. Ce sont des épisodes capitaux, notamment en raison de ce qui va se produire suite à l'enquête sur Norman Osborn, dont la folie légendaire n'est plus à démontrer. Un album qui s'ouvre avec brio, mais s'éloigne fort des territoires crades et sombres de ses deux prédécesseurs (Alias).
La suite de ce Select retrouve une direction artistique plus proche du passé, avec un second arc narratif qui s'entremêle avec la Secret War (pas au pluriel, attention) qui fit rage voilà une dizaine d'année. Nick Fury a entraîné plusieurs héros dans une mission secrète donc, sans pour autant leur demander leur consentement, et sans que ces derniers en aient le souvenir. Pratiquement un viol en bonne et due forme, comme le souligne Wolverine les larmes aux yeux (un peu too much, ce concept de Logan en pleurs). Jessica est aux abois, pour sa part. Elle est (toujours) enceinte, et le futur papa, Luke Cage, est sérieusement blessé, sans pour autant qu'il soit possible de l'opérer. C'est qu'avoir une peau indestructible, en cas d'hémorragie interne, peut s'avérer assez handicapant. Un peu ce qui se produit dans la série Netflix, qui puise son inspiration en partie dans ces épisodes. Le dernier arc narratif se concentre enfin sur la phase finale de la grossesse de l'héroïne. Un super héros qui accouche, ce n'est pas tous les jours. Aussi bien la presse (Jessica avait signé un accord d'exclusivité avec le Buggle) que les services hospitaliers (qui craignent pour les autres patients. que sera le bébé à naître? Un mutant?) sont des nuisances qu'il va falloir juguler, quitte à recourir à l'aide du Docteur Strange. On n'oublie bien sûr pas Ben Urich, et le pouvoir de la presse, qui enquête sur d'étrange disparitions d'objets précieux, après des attaques à main armée dans des bijouteries. Ce qui l'amène sur la piste de D-Man , probablement le seul héros Sdf qui s'inspire de Daredevil mais habite dans les égouts. Brent Anderson, Michael Lark, Michael Gaydos, et même Olivier Coipel (l'annual qui nous présente le mariage de Jessica et Luke) sont les dessinateurs de ce gros album au format économique. On a toujours apprécié lire les Marvel Select, surtout quand ils ont le brio et la vivacité d'un soap super-héroïque. Bendis impose ici son style ultra reconnaissable qui défrisera les uns, mais réjouira tous les autres. Une bonne tranche de vie, à déguster comme une série tv.
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