Combien de titres est capable d'écrire chaque mois le Canadien Jeff Lemire? C'est une bonne question, d'autant plus qu'en parallèle il est aussi dessinateur, et ces dernières années son rythme de travail est en train de faire s'éclipser lentement la légende de l'ouvrier soviétique Stakhanov.
Parmi ses projets les plus récents, nous trouvons une série publiée chez Dark Horse, intitulée Berserker Unbound. Autre argument très sérieux pour se pencher sur la question, le dessinateur qui l'accompagne dans cette aventure n'est d'autre que Mike Deodato, qui a prévenu qu'il préférait se tenir en retrait des grands éditeurs comme Marvel... pour combien de temps, voilà qui est encore un autre sujet...
Sinon ce nouveau titre ressemble furieusement à du Conan le Barbare! Le héros de l'aventure est en effet un épigone de ce dernier. Dans un univers guerrier et sans pitié, sa famille est trucidée et lui est projeté sur notre plan d'existence, grâce à l'un des plus vieux ressorts scénaristiques du monde, autrement dit une sorte d'intervention mystico-temporelle assez vague. Une fois chez nous, le roi guerrier doit composer avec des us et coutumes si différents qu'il ne comprend pas grand-chose à ce qui lui arrive. Par chance il va rencontrer un vieil ivrogne qui habite en bordure de la ville. Ce vagabond au grand cœur va petit à petit lui permettre de trouver ses marques; cela dit les deux ne parlent même pas la même langue, et quant à se comprendre vraiment, il ne faut pas trop en demander. Ils sont au départ l'un pour l'autre plus des potes de bouteille et deux béquilles pour palier leur défaillances, plus qu'autre chose. Les trois épisodes de publiés à ce jour se lisent vite, Jeff Lemire ne se perd pas dans les didascalies, mais les planches de Deodato saisissent par moment les visages et les expressions, cette double humanité en marge et privée de ce qui lui fait battre le cœur et du réconfort dont chacun a le droit et besoin. Réfugiés à la marge de la société, dans l'attente des événements à venir que l'on devine forcément peu ragoûtant, les deux personnages n'ont pas grand chose en commun, si ce n'est d'avoir été expulsé de leurs univers respectifs sans prévenir, l'un de manière factuelle, l'autre figurée. À défaut d'être un pur chef-d'œuvre totalement indispensable, cette série qui ne dit pourtant pas grand-chose est parcourue par un sous texte émotif et émotionnel qui la rend d'emblée attachante, et d'une humanité évidente.
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