BACKTRACK : LA GRANDE COURSE À TRAVERS LE TEMPS


 À bien y réfléchir, nous avons tous des épisodes de notre passé peut reluisants, que nous préférons oublier. Ou mieux encore, que nous souhaiterions modifier, s'il nous était possible de revenir en arrière et d'intervenir sur le cours des événements. C'est forcément le cas pour Alison Levy, une excellente pilote automobile, qui a malheureusement trempé dans des histoires louches, qui lui ont valu de se retrouver dans une situation personnelle complexe. Pour avoir plus de détails, il faut évidemment progresser quelque peu dans le récit. Ce que l'on apprend d'entrée, par contre, c'est l'offre qui lui est faite : une course de voitures est sur le point d'être organisée, course un peu particulière puisque le vainqueur aura l'opportunité de modifier l'épisode de son choix, de son propre passé. Notre "héroïne" reçoit d'ailleurs sur son portable une vidéo impossible en théorie, qui achève de la convaincre qu'il ne s'agit pas d'une plaisanterie cruelle, mais bien de quelque chose d'aussi mystérieux que formidable. Oui mais voilà, la course ne va pas être exactement ce qui avait été promis : à peine les moteurs ont commencé à rugir que tous les participants sont plongés dans un passé lointain, à l'ère du Crétacé… et certains vont se faire dévorer tout crus par des dinosaures, ou subir l'attaque de ptérodactyles. L'occasion pour le scénario de Brian Joines de se concentrer alors sur les autres concurrents et de brosser toute une série de portraits d'individus, qui ont de bonnes raisons pour prendre le volant et tenter de décrocher un succès précieux. Et le lecteur n'est pas au bout de ses surprises, puisque le Crétacé n'est qu'une première étape ! D'un épisode à l'autre, les concurrents (qui perdent peu à peu des unités) vont investir d'autres grands moments de l'histoire, comme par exemple l'Empire Byzantin au VI° siècle, en pleine période de peste.


Bien entendu, un des ressorts et des plaisirs de l'histoire, c'est de voir les concurrents passer d'une époque à l'autre et se retrouver aux prises avec de nouveaux problèmes, en apparence insoluble. C'est ainsi qu'ils sont pris au piège d'un violent tremblement de terre, il y a plusieurs siècles de cela; se retrouvent en Allemagne de l'Est, capturés par la police est-allemande dans les années 1970, ou sur le territoire américain, durant la guerre de sept Ans. Et comme si les bonds dans le passé ne suffisaient pas, il faut aussi noter qu'à un moment donné, ils sont tous plongés dans le futur ! La seconde raison importante d'aimer cette histoire, ce sont les rapports qui s'établissent entre les personnages, une forme de solidarité entre concurrents, qui finissent par se rapprocher. Quoi de mieux finalement pour ajouter du pathos et rendre l'inévitable discrimination encore plus dramatique ? D'autant plus que les secrets inavouables sont faits pour être dévoilés. Le dessin de Backtrack est réalisé par Jack Elphick. Cet artiste anglais joue la carte du dynamisme, de la vitesse (normal, pour une course de voitures) et la construction de ses planches alterne vignettes horizontales longues avec des cases plus brèves, qui permettent de donner de la fluidité et de l'agressivité à son travail. Il est comparé par l'éditeur comme une sorte de Matteo Scalera et ce n'est pas totalement faux, notamment dans l'utilisation des lignes cinétiques et dans la capacité de donner au lecteur l'impression que la page va lui sauter aux yeux. Backtrack n'est pas en soi une lecture qui révolutionne radicalement le genre dans lequel elle s'inscrit, mais c'est un divertissement assumé, qui a aucun moment prétend être ce qu'il n'est pas, truffé d'action, de rebondissements. Cette sortie, disponible depuis quelques semaines chez Komics Initiative, vous fera l'effet d'un triple café au pied du lit : de quoi vous donner une sacrée énergie pour la journée!



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