BAT-MAN FIRST KNIGHT : BACK TO 1939 AVEC JURGENS ET PERKINS


 Commençons par ce qu'un peu tout le monde sait déjà. Le personnage de Batman a été créé en 1939 par Bill Finger et Bob Kane. Jusque-là, rien d'inédit. Au fil du temps, ses caractéristiques ont évolué, ainsi que son apparence, puis ses origines. Impossible d'écrire des décennies d'aventures avec plusieurs reboot de l'univers DC Comics, sans en subir les conséquences. Mais s'il y a une chose qui n'a jamais changé, c'est la volonté des auteurs de rendre hommage aux premières heures glorieuses des comics, notamment à travers ce qu'on appelle des "Elseworlds", c'est-à-dire des récits hypothétiques plaçant les héros les plus connus dans un contexte historique différent de l'habituel. Bat-Man First Knight (le trait d'union est important, il accompagnait déjà le personnage en 1939 à ses premiers pas), c'est un peu ce principe : une mini série de prestige sortie sur le Black Label, en trois numéros, qui nous permet de découvrir le chevalier noir à Gotham, alors qu'en Europe la Seconde Guerre Mondiale est sur le point d'éclater. Evidemment, le costume du héros rappelle davantage la chauve-souris avec de grandes oreilles (plutôt que des pointes/cornes), que le membre high-tech de la Justice League et ses gadgets futuristes. Tous les éléments habituels de la grande saga de Batman sont présents, du drame familial qui pousse Bruce Wayne à devenir ce qu'il est, au commissaire Gordon, flic intègre mais très mal entouré, en passant par une cité infectée par les malfrats… et plus particulièrement un individu qui a décidé de mettre les mains sur tout ce qui compte dans la ville, appelé la Voix, et qui donne ses consignes par radio, à tous ses hommes de main. L'objectif est de s'en prendre à tous les élus et hommes d'influence de Gotham, de les éliminer un par un, notamment grâce à des espèces de zombies surpuissants, des types qui étaient destinés à la chaise électrique mais qui ont été transformés en assassin redoutable, efficaces et corvéables à merci. Le seul homme qui semble se dresser contre cette corruption dévorante, c'est donc le Bat-Man, qui est en fait à l'époque une légende urbaine un homme/chauve-souris, un monstre. Toujours est-il que beaucoup ne croient pas à son existence et que chacune de ses apparitions entretient le mythe. Un Batman aussi qui n'est pas encore très expérimenté et qui lors de toutes ses missions reçoit une pluie de coups, voire pire.



Quand il ne se fait pas tabasser par des monstres surpuissants, Bat-Man risque carrément de se faire électrocuter. Il faut dire que comme vous le savez tous, Wayne refuse catégoriquement l'emploi d'une arme à feu, même si ceux qui le connaissent et souhaitent l'aider lui conseille de s'équiper, face à ceux qu'il risque de rencontrer à Gotham. Parmi les alliés de Batman, nous comptons le commissaire Gordon, un rabbin qui va permettre de développer un discours somme toute assez classique au sujet de la foi, la rédemption et le sens de l'héroïsme, quand tout semble se liguer contre vous, mais aussi une splendide et charmante actrice (Julie Madison, un des premiers amours de Bruce), qui va s'immiscer dans l'intimité de Bruce Wayne de manière assez anecdotique, tout compte fait. L'histoire est très bien écrite par Dan Jurgens, elle fonctionne d'un bout à l'autre et c'est un véritable plaisir de lecture. Quelque chose de simple mais de clair, et de respectueux de la légende. Après tout, que demander de plus ? On ne peut donc que féliciter Jurgens, tout comme il faudra saluer le remarquable travail de Mike Perkins aux dessins. On savait déjà qu'il s'agissait là d'un illustrateur brillant, il nous en donne une démonstration évidente avec une série de planches magnifiques et la mise en scène d'une ville de Gotham sombre à souhait, tout en respectant admirablement les ambiances et les styles architecturaux, vestimentaires, technologiques de l'époque. On peut donc dire sans trop s'avancer que ce First Knight est une réussite quand on l'examine sous toutes les coutures. Y-compris pour ce qui est de la traduction de Jérôme Wicky, qui restitue également un vocabulaire, une élocution, qui crédibilise l'ensemble.  Vous auriez tort de vous priver de ce qui sera probablement une des toutes meilleures lectures mainstream disponibles chez Urban Comics, en cette année 2024. 
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