
Chez Urban Comics, Justice League Unlimited poursuit son irrésistible montée en puissance. C'est la série qui promet de modifier durablement le panorama chez Dc, alors autant s'y intéresser. Mark Waid et Dan Mora, déjà responsables du brillant Batman/Superman : World’s Finest, livrent ici un second tome qui réussit le pari de conjuguer souffle épique, érudition super-héroïque et plaisir de lecture. Rien d’étonnant : Waid connaît l’univers DC comme sa propre Batcave, et Mora a le don de rendre simple ce qui est difficile, de nous époustoufler sans se vanter. Le principe, rappelons-le, est aussi simple qu’ambitieux : la Ligue est désormais illimitée, ouverte à tous les héros du DC Universe. Une idée qui peut faire grincer les nostalgiques de l’époque où être intronisé membre relevait du Graal, mais qui permet surtout de brasser large et d’explorer des recoins souvent délaissés de cet univers tentaculaire. Aux côtés des titulaires indispensables (comme Wonder Woman, Flash, Green Lantern), Waid met en avant des personnages trop longtemps restés sur le banc de touche : Supergirl, Impulse, Star Sapphire ou Red Tornado (pourtant revu récemment dans la collection DC Paperback, toujours chez Urban). L’intrigue démarre tambour battant lors d’un G20 placé sous haute tension. Les délégués sont soudain téléportés, avec leurs protecteurs, dans une dimension cauchemardesque peuplée de créatures grotesques et de paysages démentiels. Un décor qui semble tout droit sorti de l’imagination psychédélique de Steve Ditko. Waid, qui ne fait jamais rien par hasard, y glisse un clin d’œil appuyé à Shade, The Changing Man. Mora, de son côté, s’en donne à cœur joie : son trait limpide et sa mise en scène nerveuse confèrent à cette dimension une étrangeté qui fonctionne. Supergirl en profite pour mener le jeu. C’est elle qui prend les commandes, qui traînent l’ensemble des délégués hors du gouffre à la force des bras, lasso de Diana en remorque. Waid lui offre un de ses plus beaux moments héroïques depuis longtemps. Mais Justice League Unlimited n’est pas qu’un enchaînement de bastons grandioses, comme on va vite le voir.

Waid tisse sa toile avec intelligence, tout en surfant sur les conséquences du crossover Absolute Power, où les pouvoirs des héros avaient été brouillés, échangés, volés. Ainsi, le Martian Manhunter se retrouve dépouillé de ses facultés télépathiques… qui, ironie tragique, se sont installés dans l’esprit du redoutable Gorilla Grodd. Le singe savant, déjà maître de la manipulation mentale, devient une menace d’envergure cosmique, au point de créer la société secrète Inferno pour renverser la Ligue. C’est dans ce contexte que se joue le drame d’Air Wave, jeune héros naïf égaré dans le temps. Trompé par Grodd, convaincu que la Justice League est corrompue, il devient malgré lui l’agent du gorille malfaisant, avant de découvrir trop tard la vérité. Sa mort apparente vient ajouter une note poignante, même s'il faudrait être vraiment naïf pour croire que l'événement va s'avérer définitif (lisez donc, vous verrez). Si la série ne bouleverse pas encore les canons du genre, elle est effervescente, rythmée, très plaisante, avec donc un crossover qui implique aussi World's Finest, du nom de We are Yesterday (Nous sommes le passé, en VF). On a rarement vu un Grodd aussi dément et puissant, et on découvre également une Justice League étoffée pour jouer sur tous les tableaux, mais qui n'en est pas moins pris de court. Et surtout, le lecteur va se rendre compte qu'on ne peut pas s'amuser impunément avec le temps. C'est tout le tissu temporel qui est ici en grand péril, et ça va s'étendre dans d'autres albums, comme Superman Dark Prophecy, dont nous reparlerons dans quelques jours. En fait, c'est déjà le prochain grand pas en avant pour tout l'univers DC qui pointe le bout du nez dans ces pages; raison de plus pour ne pas rester en retrait et embarquer dans l'aventure !

Tome 1 chroniqué
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