Sans vouloir faire de jeux de mot foireux, Authority fait autorité. Un peu comme d'autres séries de légende comme Preacher, Ultimates (la première saison) ou encore Watchmen. En dire du mal c'est s'attirer les foudres de hordes de lecteurs transis qui vont vous vouer aux gémonies, pour avoir nier la grandeur du chef d'oeuvre de Warren Ellis. Mais c'est quoi, Authority? Tout d'abord, la série nait des cendres de Stormwatch, le bras armé de l'O.N.U, qui a été définitivement démembré. La Terre est-elle donc définitiement sans protection face aux menaces redoutables qui planent sur un monde où le terrorisme, les invasions aliens, risquent bien de mettre un terme à l'existence telle que nous la connaissions? Et d'ailleurs, qui pourra bien mettre fin à la spirale de violence et de mort, qui embrase la moitié de la ville de Moscou, détruite en un clin d'oeil par une horde de kamikazes volants, qui laissent derrière eux le mystérieux symbole de leur secte nihiliste, le Troisième Cercle? C'est ensuite au tour de Londres de subir les assauts de ces cinglés tout puissants... sauf que là, la capitale anglaise n'est pas totalement sans ressources. En effet, le groupe d'Authority est dans la place, et compte bien faire payer chèrement, et avec les intérêts, les fauteurs de trouble sanguinaires. Avant de repousser par la suite les assauts d'Albion, c'est à dire l'Angleterre d'une Terre parallèle, qui débarque sur notre plan de réalité avec des ambitions belliqueuses.
Ces héros paladins de la justice expéditive sont drivés par une femme centenaire mais qui porte bien son âge, et qui maitrise l'electricité : Jenny Sparks. On y trouve aussi une sorte de superman surpuissant, Apollo le roi du soleil, un ersatz de Batman (le Midnighter), un Shaman psychologiquement friable, une chasseuse ailée, un humain génétiquement modifié par des aliens et depuis en empathie avec toutes les villes de la planète, et une créature dont le sang a été remplacé par 5 litres de nanobotes intelligents. Leur modus operandi est du genre à laisser derrière soi un cratère fumant et des ruines radio-actives : pas de quartier pour les terroristes et tous ceux qui pensent que la planète n'a plus de défenseurs. A bord du Porteur, un vaisseau vivant qui surfe sur toutes les couches de la réalité en même temps, et leur permet de se téléporter instantanément d'un point à l'autre du globe, les membres de l'Authority découvrent progressivement que de héros tout puissants à Dieu, le chemin est plus court qu'il ne semble. Le pouvoir corrompt celui qui s'en sert, alors que dire de ceux qui s'en servent... sans modération. Cette série ne s'embarrasse pas du bien pensant, et d'un récit cousu de fil blanc qui mène forcément là où on l'attend. Deux des principaux membres sont homos, ils ne rechignent pas à mutiler, à tuer, n'ont rien de chevaliers blancs sans peurs et surtout sans reproches. Pouvoir, c'est déjà justifier qu'on va agir, peut importe comment. Cela évoque par exemple un Thor, dans un Marvel Monster d'il y a quelques années, qui décide, du haut d'une cité d'Asgard flottant au dessus de la Terre, de résoudre tous les maux de l'humanité et de la régenter, parce qu'il le peut, tout simplement (car je le vaux bien, aurait-il ajouté s'il lavait ses longs cheveux blonds avec L'Oréal). Le run De Warren Ellis est incontournable pour saisir et jouir de l'esprit de la série (qui ne le conservera pas très longtemps à bord) et les dessins de Bryan Hitch sont tout simplement brillants, tanlentueux, lumineux. Toujours aussi fouillés, clairs, limpides. Comme on les a aimés également sur les Ultimates de Millar. Si une rude polémique fair rage sur Internet, concernant l'absence de bonus de ce nom dans la version Wildstorm Deluxe que propose Panini ces jours ci, cela reste quand même une excellente opportunité, pour les plus jeunes ou distraits d'entre vous, qui ont raté le phénomène, de faire ammende honorable. Malheureusement, et là je "plussoie" aux lamentations du web, Panini aurait quand même pu prendre le temps de resituer cet album dans son contexte, et de l'orner d'una analyse des événements qui précédèrent la création du team, par exemple, ne serait-ce que pour éviter une certaine perplexité chez le lecteur le plus frileux. Tout vient à point à qui sait lire, bien sur, mais il fait toujours bon vivre, quand on prépare un bel écrin pour un superbe joyau, de s'assurer que ça en faudra la peine. 30 euros à débourser, ça n'est pas le prix d'un café ou d'un ticket de bus, tout de même!
Rating : OOOOO
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