Il arrive parfois que l'actualité réelle entre de plein pied dans nos comic-books. Parfois c'est une simple apparition (le président Obama chez les Thunderbolts, récemment), d'autre fois c'est dramatiquement fort, même si souvent romancé à souhait (la seconde guerre mondiale avec Captain America au front, par exemple). Les attentats du 11 septembre 2001 ne pouvaient certainement pas laisser le petit monde de la Bd américaine sans réaction. C'est ainsi que chez Marvel, la conséquence immédiate et plus célèbre à ce jour fut un épisode très particulier de la série Amazing Spider-man, le numéro 36, réalisé par l'inévitable Straczynski et Romita Jr, à l'époque où il s'appliquait encore dans son travail. La couverture de cet épisode est d'une noirceur glaciale et évocatrice. L'ensemble donne à voir une sorte d'hommage vibrant à l'héroïsme des communs mortels, des secouristes, des pompiers, des simples new-yorkais qui doivent désormais accepter de vivre avec cette sourde menace sur leurs têtes, alors que les superhéros, qui donnent un coup de main pour les opération de nettoyage des débris et de recherche des corps, semblent impuissants et soudainement rendus à une dimension moins iconique, plus fragile. Mais la polémique s'installe vite, avec la présence également de plusieurs "vilains" et pas des moindres. en particulier, l'ignoble Doom (Fatalis), dictateur de Latvérie et peu connu pour ses accès de sensiblerie. Au sujet du terrorisme, il en connait un rayon, c'est une pointure dans le genre. Et pourtant, on le voit ici pleurer sur "la mort d'innocents, au hasard". Et bien voyons, il faut s'en remettre, Victor, ça n'est jamais que ce que tu passes le clair de ton temps à faire de ton coté, depuis les années 60! Straczynski a admis que l'idée n'était pas de lui, qu'il avait juste donné quelques consignes à Romita Jr sur les personnages à présenter dans l'épisode (il voulait d'ailleurs absolument Fatalis) et que c'est le dessinateur qui a forcé la dose avec ces larmes de crocodile assez surprenantes. Celui ci a confirmé cette version, en ajoutant qu'il ne fallait pas voir le dictateur pleurer, mais plutôt une métaphore de l'humanité en pleurs, puisque même le pire des coeurs endurcis ne pouvait rester insensible devant la catastrophe. Il n'empêche, en relisant ce "tribute" au 11 septembre, je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire amer. Si le discours sur la tolérance et le courage de vivre tous ensemble, tenu par l'auteur, est assez réussi et touchant, j'ai encore du mal, bien des années après, avec cette version "cry baby" d'un des personnages les plus sanguinaires de Marvel...
En Vf, retrouvez cet épisode dans Spider-man 32 de septembre 2002.
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