MARVEL : LE COUP DE MOU ...



On ne va pas se voiler la face : nous ne vivons pas la période la plus excitante de l'histoire Marvel. Chez beaucoup, on ressent même les prémices d'une certaine lassitude. Manque d'inspiration criant sur pas mal de titres mensuels, choix éditoriaux flous ou peu engageants, absence de vision à long terme, et probablement, une trop forte soumission au marché cinématographique... tout cela a fini par éloigner pas mal de lecteurs au long cours, qui pointent du doigt la gestion hasardeuse d'Axel Alonso et des pontes de la Maison des (anciennes bonnes) idées. Alors inutile de vous dire qu'on l'attendait, cette Comic Con de San Diego, cette année, pour se remettre un peu de baume à l'âme. Grosse déception, les effets d'annonce espérés n'ont pas eu lieu. La plupart auraient même préféré prendre acte d'un reboot complet, plutôt que de devoir affronter une timide tentative de relauncher une partie des séries les plus porteuses, en jouant aux jeu des chaises musicales avec leurs auteurs, qui s'échangent donc leurs travaux du moment sans véritable visée ou cohérence artistique. On agite un peu la surface de l'étang pour créer une vaguelette, mais ça n'est certainement pas suffisant pour lutter contre l'eau stagnante. En face Dc a réussi son pari en osant le premier donner un coup de pied dans la fourmilière, et Marvel est aujourd'hui désemparé, enfermé dans une logique commerciale toujours plus dépendante de son univers cinématographique, depuis la fusion avec Disney. L'audace et l'innovation, ça se limite à des covers saupoudrées de réalité augmentée, et à de nouveaux numéros 1 qui n'en sont pas, avant un nouveau palier anniversaire qui provoquera un retour à l'ancienne numération, comme toujours. Alors, quoi, San Diego? C'est là que chaque année les plus grosses effets d'annonce saisissent le comicverse. Cette année, un peu moins de bruit et de fureur, surtout chez Marvel, où les pétards mouillés étaient de sortie. A chaque déflagration redoutée, on a eu droit à une bombinette désamorcée. En gros, quelles sont les grandes nouveautés, pour l'après AvX ? 


En gros... rien! Déjà, les personnages principaux ne mourront pas. On les a déjà vu sur les teasers et autres affiches promos pour Marvel Now!, la prochaine phase de la Maison des idées. Du coup on finit par comprendre que AvX, au delà des promesses initiales, ne bouleversera pas tant que cela le microcosme local. AvX promet d'ailleurs beaucoup, fait monter les enchères, mais ceux qui suivent la VO le savent, le résultat est fort mitigé, pas très bien dessiné (Olivier Coipel redresse bien la barre tout de même) et loin d'être passionnant, surtout si on considère que ce devait être le climax de longues années de préparation. A la fin, on nous tease une mini en 5 parties, pour explorer les conséquences, et un énième projet bancal signé Jeph Loeb, du nom de A+X, qui est annoncé comme le contraire de Versus. Ce n'est pas une blague, malheureusement. Pire encore, Bendis est transféré sur les titres mutants, et va s'occuper d'un nouveau mensuel qui verra le retour à notre ère... des anciens X-Men. Du coup, une jeune Jean Grey va se pointer, nez à nez avec Scott Summers et Wolverine, ses deux amants potentiels, qui du haut de leur expérience respective, vont devoir se rabibocher pour ne pas froisser la demoiselle. J'ai toujours pensé, et redouté, que Marvel préparait le come-back de Jean, mais l'effectuer de la sorte, petits bras, avec une telle idée saugrenue, ça relève de la balle qu'on se tire dans le pied, du crime de lèse majesté. vont nous rejouer AvX à leur façon. Sublime, non? On nous annonce un nouveau look pour Hulk et un Iron Man teinté d'orange. Un rôle plus important pour Rocket Raccoon (tiens, juste pile poil quand le film Guardians of the Galaxy est officialisé...) qui intègre le nouveau team des Uncanny Avengers, une fusion à peine subtile des membres des Avengers et des X-Men. Comme je l'avais prévu au printemps, ça sent les retrouvailles autour d'une bière, dans un pub enfumé, avec une partie de poker pour finir... Pour faire passer tout cela, pour feindre le début d'une hypothèse d'engouement, Marvel prévoit de relauncher une grosse vingtaine de titres, qui vont repartir du numéro 1, au rythme de une revue par semaine, histoire de bien occuper l'espace médiatique et les ventes. Sauf que ce genre de subterfuge est destiné à se dissiper au premier numéro anniversaire important venu, et que les équipes créatrices aux manettes sont les mêmes qu'avant AvX. Bendis passe des Vengeurs aux mutants, Gillen des X-Men aux Fantastic Four, Romita Jr ira griffonner son coup de mou chez Captain America, et les lecteurs tomberont peut être de Charybde en Scylla... C'est un peu le jeu des trois cartes, avec lequel on vous dépouille dans les ruelles de Naples : cherchez bien, où est passé le roi de coeur, il est ici, il n'est plus là...






Tout n'est pas négatif, non... Il reste de bonnes séries chez Marvel. Comme par hasard, la plupart échappe aux décisions concernant le projet Marvel Now! ou tout du moins, en subira des conséquences mineures. Par exemple, qui peut nier la qualité du Daredevil de Mark Waid, ne pas lire le Punisher de Rucka et Checchetto, ne pas s'amuser avec Wolverine & The X-Men de Aaron et Bachalo? Même Spider-Man semblait avoir retrouvé la forme des bons jours, si ce n'est que Ends of the Earths et l'idée de lui confier un side-kick m'ont finalement refroidi. Même les tie-in des Vengeurs, embarqués dans l'aventure Avx, et imaginés par Bendis, reste d'assez bonne facture. Mais globalement, on s'ennuie tout de même, en lisant du Marvel mainstream, ou en tous les cas, on ne trouve plus cette audace et cette volonté d'inventer, d'anticiper demain. On vivote sur hier, voir même sur les restes d'avant-hier.


Du coup à San Diego ce sont les annonces liés aux prochains films Marvel qui ont retenu l'attention. Les seconds Thor et Captain America se sont vu affublés de sous-titres alléchants (The Winter Soldier!) et d'autres projets ont été confirmés. Nous aurons ainsi droit à un film sur Guardians of the Galaxy, et un autre sur Ant-Man, ce héros un peu looser et de seconde zone des Vengeurs. Hank Pym est un scientifique de génie mais à la psyché un peu fragile. Il a déjà connu plusieurs dépressions sévères, battu sa femme sans ménagement, fini au lit avec un robot et une femme-chatte. Faudra t'il donc aller forcément dans les salles obscures, pour dévorer les comics du futur?

 

1 commentaire:

  1. ca me rassure pas de voir qu'un autre pense exacteme,t la même chose que moi. Si on m'avait dit que je lirais plus de DC que de Marvel... la faute à Jim Lee tout ça.

    Depuis HoM et Civil War, on a surtout été décu. Aujourd'hui je suis vraiment dépité de ce que je lis, et seul mon fanboyisme me tient en vie pour marvel. Mais aujourd'hui je n'achète que Wolverine et ses x-men, spider island (je n irais pas plus loin) et c'est tout.

    adieu l'univers ultimate (je pense lire jusqu'à divide) et je ne lis pas l'ange noir car les series X sont très faibles.

    et dire que j ai pris mon pied à lire du comics avec batman, jla et catwoman du relaunch. pffff...

    heureusement spawn est à nouveau excellent, mais hellboy sombre dans l'insipide. ha misère...

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