PAUL RENAUD : INTERVIEW A LA PARIS COMICS EXPO 2016

La France aussi a de formidables talents. J'en veux encore la preuve ce samedi avec l'interview de Paul Renaud, que les lecteurs de comics connaissent désormais particulièrement bien, pour avoir suivi ses oeuvres, des Uncanny Avengers à Sam Wilson : Captain America, en passant par une myriade de fort jolies couvertures ou d'autres bonnes choses comme The Shield, Fear Agent, ou Cavewoman. Paul se donne aussi fort à faire à Toulouse avec l'organisation du TGS (Toulouse Game Show) auquel nous n'avons pu nous rendre au printemps, mais dont nous ne manquerons pour rien au monde la prochaine édition.
A l'occasion de la toute récente PCE à Paris, nous sommes allés rendre visite à Paul Renaud pour quelques questions/réponses avec un artiste aussi talentueux que disponible et sympathique. Debriefing de ces vingt minutes ensemble, où on apprend que bosser pour Marvel, finalement, c'est bien plus cool que ce que les haters voudraient trop souvent faire croire.

Bonjour Paul. Si je ne m'abuse, tout comme moi tu appartiens à la génération qui a découvert les comics avec Strange, Spécial Strange etc...comment t-es venue cette passion?


J'ai commencé à lire des bandes dessinées comme Tintin et puis mes cousins de Nice m'ont fait découvrir les premiers albums des Quatre Fantastiques... ça a été un choc! Ensuite il y a eu les X-Men, là j'ai vraiment été mordu. En fait j'ai eu surtout envie de raconter des histoires, avant le réel plaisir de dessiner en soi. 



Quand est arrivé le jour où tu as vraiment compris que ça pouvait le faire?



En fait je me suis vite rendu compte que je n'avais pas envie de faire autre chose. On se ment souvent en pensant qu'on va faire autre chose, que ce n'est pas très grave... Ce qui s'est passé c'est que vers 18 ans j'ai rencontré d'autres amis dessinateurs avec qui nous avons fait un fanzine à Toulouse. J'ai rejoint l'équipe et j'ai fait des bandes dessinées en amateur, c'est comme ça que tout a vraiment commencé. J'ai vu ce que ça voulait dire que d'être professionnel et je me suis dit : pourquoi pas! 



Mais il y a quelqu'un en particulier qui t'a aidé à mettre le pied à l'étrier?



Oui il y en aurait plusieurs... il y aurait un américain puisque mes dessins ont été montré en ligne, c'est Frank Cho, un auteur très connu, qui les a montrés à un éditeur pour une série qui s'appelle Cavewoman, et de fil en aiguille...



Quel est le travail dans tu es le plus fier aujourd'hui, qui est le plus représentatif de ce que tu sais le mieux faire, et il y en a-t-il d'autres dont tu n'es pas très fier et que tu as fait juste comme de simples commandes?



Il y en a beaucoup plus dans la seconde catégorie! Tout ce que j'ai pu faire pour l'éditeur Dynamite a été fait dans la douleur, par exemple. J'ai fait énormément de couvertures pour eux. Ce que j'ai fait pour eux je me suis vraiment forcé de le faire, inversement tout pour Marvel s'est très bien passé, ils sont très respectueux et soucieux de me proposer des choses qui pouvait m'intéresser, des Uncanny Avengers au Shield, tout ce qu'on m'a proposé c'était un peu un rêve. Et aujourd'hui c'est Captain America qui me comble le plus, c'est la première fois que j'aime vraiment autant l'histoire. Sam Wilson en tant que Capitain America, au départ j'étais réticent car pas convaincu, puis Nick Spencer est arrivé sur la série, et j'ai adoré l'esprit, car il a intégré le rejet des fans, fait des choses très drôles... on a parlé directement, il m'a demandé ce que j'aimerais faire... c'est un scénariste avec qui j'aime vraiment travailler.



Tu n'es pas un fils des années 90... quand on regarde tes personnages on pense à des artistes des années 80 comme John Byrne ou Alan Davis par exemple... comment définirais-tu ton style?



C'est bien vu! Byrne évidemment, Alan Davis  énormément... ça ne se voit peut-être pas autant mais celui qui m'a le plus influencé c'est Paul Smith, qui a dessiné les X-Men dans les années 80.



Ce n'est pourtant pas celui qui a dessiné le plus les X-Men...



Non il n'est pas pas resté très longtemps, mais moi l'élégance dans ses positions, la narration, c'est vraiment le dessinateur que j'adorais! Et comme je fais de nombreuses couvertures, Frank Frazetta en tant qu'illustrateur, dans ce domaine. Le coté héroïque, très classique, me vient de Frazetta. 


On  a déjà du te le demander souvent, quels sont les rapports qui te lient avec Rick Remender? 

Avec Rick on s'est connu avant qu'il soit connu, il débutait avec la série Fear Agent, et il a contacté toute une nouvelle génération, comme Jerome Opena, Rafael Albuquerque, Matteo Scalera, plein d'autres, ça nous a tous soudé autour de cette personnalité très forte. Avoir fait une histoire pour Fear Agent m'a fait remarqué chez Marvel, et je suis quelqu'un de très fidèle. Du coup même si je n'ai pas toujours pu dire oui tout le temps (j'ai du refusé Low, dessiné par Tocchini) on a pu faire quand même Uncanny Avengers, Captain America, un autre projet avorté...

Tu as du faire plus d'une cinquantaine de couvertures pour Vampirella, celles que tu disais avoir fait dans la douleur... On pourrait penser à tort que c'est simple, de dessiner une couverture. Pourquoi est-ce si particulier?

Dans une série comme Vampirella, on n'a pas de scénario du tout, pas d'histoire, que ce qu'est le personnage. Et donc au bout d'un moment, quand on a fait du gothique, la Lune, des crânes, des chauve-souris, on tourne en rond...on a une belle plante, mais c'est à devenir fou. J'ai livré un nombre incalculable de couvertures, j'ai honte... je faisais jusqu'à sept covers par mois (pour Tarzan, Vampirella, Dejha Thoris...) pour essayer de sortir d'un contrat avec Dynamite. Du coup c'était très difficile de pouvoir apporter qualité et fraîcheur, alors quand je les vois passer en signatures...

Aujourd'hui lire des comics, en écrire ou dessiner, c'est être "cool". Idem avec les films, au cinéma. Que penses-tu de ce phénomène, et notamment des critiques au dernier Batman V Superman, si tu l'as vu?

C'est une bonne chose que les films sortant. en tant que dessinateur, quand tu dis que tu bosses sur Captain America, tout le monde sait ce que c'est! C'est plus facile d'expliquer ce qu'on fait dans la vie, tout le monde sait que ce ne sont pas des personnages idiots, alors qu'avant on passait pour des attardés... c'est plutôt marrant. Quand aux réactions des gens, tout ça est très extrême, j'ai l'impression que c'est prendre position pour prendre position. Je n'ai pas encore vu Batman V Superman, mais je n'ai pas très apprécié Man of Steel. Mais je suis content que ces films soient faits, prendre position, c'est quand même un peu immature.

Avec tout cela, les artistes comme toi, vous n'êtes pas un peu les rockstars de demain?

Ce seraient plus les acteurs. Je pense que même les personnes qui apportent des sandwichs aux acteurs sont plus des rockstars que les dessinateurs. 

Marvel cette année nous promet du All-New All-Different. Est-il possible, après plus de 50 ans d'histoires, de respecter cette promesse?

Euh non, je pense que non! Mais bon, ça a toujours été l'illusion du changement, Marvel. Aujourd'hui à l'ère d'Internet il faut communiquer plus, c'est pour cela qu'ils créent ce genre de choses. Il faut impacter l'esprit des gens, qu'ils comprennent que tout peut arriver, comme un nouveau Captain America, Thor devient une femme... et aussi qu'ils comprennent que Marvel n'est pas soumis aux films, et peut dire "on fait encore ce qu'on veut". 

Et si tu devais te confier une série, un personnage, pour obtenir du "Paul Renaud au top", que te confierais-tu? Pas du Vampirella ...

Non! J'ai toujours été fier d'être éclectique. C'est pour ça que souvent on fait appel à moi, je peux aussi bien dessiner sur Star Wars, que Tarzan, ou Captain America... ou Vampirella. C'est un business, c'est très important de toujours travailler. Maintenant si j'étais editor chez Marvel ... l'avantage c'est que je connais très bien leur histoire, j'étais un gros lecteur avant, et je suis très respectueux des personnages...c'est pour ça que j'aime bien travailler avec Tom Brevoort, une sorte de gardien de la mémoire chez Marvel...il me fait confiance, il sait que même sur les designs plus modernes, j'aime garder la tradition. 
Mais bon, je pense que le space-opera me convient plus. J'ai un dessin un peu plus distant -ça vient de Paul Smith je pense - il y a une forme d'élégance qui crée une petite distance, l'accessibilité en est autants réduite, mais ça me rend plus adapté à des sagas spatiales, du X-Men, des choses comme ça, plutôt que le Punisher ou Daredevil.

Si tu pouvais récupérer des pouvoirs, un costume, ce serait quel genre de pouvoirs? Du cosmique? Une arme à feu?

Pas d'arme à feu, ça c'est sur. Ah oui peut-être du cosmique, dans l'idée Superman c'est tentant, il a tellement de pouvoirs...c'est de la triche! Pouvoir voler, aller dans l'espace, des choses comme ça...ça m'irait bien.

Une dernière question. Imaginons que le Paul Renaud d'aujourd'hui parvienne à communiquer avec le Paul Renaud adolescent, de quinze ans. Que pourrais-tu te dire, à toi-même, sur la vie en général?

C'est compliqué... A la base ça c'est plutôt bien passé alors je je voudrais rien changer. Peut-être me dire : tu vas voir, tu vas être copain avec Arthur Adams! J'ai eu l'occasion de lui faire visiter Toulouse, je l'ai invité au TGS, et me retrouver dans les endroits, le lycée où j'étais, caché en train de lire ses comics... lui faire visiter ces endroits là, ça m'a fait un flashback incroyable, c'était très fort. Une grande fierté, que d'être ami avec des gens comme Alan Davis, Arthur Adams, des géants qui m'ont tellement fait rêver étant gamin. Apprendre à Alan Davis à faire des choses sur Photoshop, c'est un cadeau que je fais à l'enfant que j'étais. 

Un très très grand merci à Paul Renaud. Un vrai plaisir et un privilège pour moi d'avoir eu l'occasion de réaliser cet entretien à Paris, durant la dernière PCE. 




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Pour ceux qui le souhaitent (et cela malgré un son de mauvaise facture) je vous laisse aussi la vidéo de l'interview.






HIGHWAY TO HELL : ITALIAN JOB ON THE ROAD (interview Francesco Mattina/Riccardo Burchielli)

Prenons la route avec deux agents du FBI pour une virée à mi-chemin entre l'horreur et l'humour au vitriol. Nous sommes dans le comté de Caledonia, où les agents Mirchandani et Brew sont sur la piste d'un serial killer un peu particulier. Peut-être s'agit-il d'une secte ou d'un individu isolé, en tous les cas les cadavres mutilés s'accumulent sans explication le long de la route 5. Le mystère s'épaissit lorsqu'ils ont affaire à un randonneur qui a découvert au beau milieu de la forêt une série de têtes décapitées. C'est dans un petit restaurant local que les deux agents trouve un premier indice, une pièce de métal qui leur permet de remonter jusqu'au propriétaire d'un véhicule autrefois revendu. A partir de là l'histoire s'emballe d'un coup, au point qu'une sorte de loup-garou fait éruption et mord Mirchandani. Dans les pages suivantes les révélations s'accumulent et le lecteur se voit emporté dans un récit qui plonge de plus en plus vers le sanguinolent. Des êtres qui ressemblent à des vampires démoniaques, un pourfendeur de ces forces occultes, dans une armure rapiécée au garage... L'autoroute pour l'enfer, quoi! Une des particularités de cet album est qu'il est écrit par Davide Dileo, qui joue des claviers dans le groupe italien Subsonica (que je vous recommande chaudement). Le scénario est lui supervisé par Victor Gishler, bien connu des amateurs de comics. Ensemble ils se sont associés au studio de Diego Malara  (Italian Job) qui compte dans ses rangs des artistes particulièrement intéressants comme Francesco Mattina et Riccardo Burchielli. Le premier cité (vous avez vu ses covers spectaculaires pour Spider-Man 2099?) s'occupe des séances en flash-back, dans un style photoréaliste saisissant et bénéficiant d'une mise en couleur glaciale. Le second dessinateur (qui officie sur le titre DMZ, autre vrai succès) nous régale avec un trait faussement sali, et une composition ingénieuse des planches, un sens du storytelling évident qui facilite grandement l'immersion dans la trame chargée en hémoglobine. Bien entendu il faut aimer ce genre d'histoire, adhérer à l'humour particulièrement barré et à cette ambiance de série B-movie américaine, mais au final nous tenons là une sortie passée un peu trop en dessous des radars, et qui mérite véritablement que vous y prêtiez attention. Le genre de lecture qui secoue et qui nécessite d'accrocher sérieusement sa ceinture. Du coup, après avoir rencontré les auteurs durant le dernier Comicon napolitain, nous avons choisi de les mettre en lumière, ce vendredi :




L'interview des deux dessinateurs, Riccardo Burchielli (photo ci-contre) et Francesco Mattina, a été réalisé le wek-end dernier au Comicon de Naples. Encore merci aux deux artistes pour leur disponibilité exceptionnelle. 

Riccardo, Francesco, comment avez-vous découvert les comics, étiez-vous de grands lecteurs étant jeunes?

RB Oui, je lisais beaucoup de comics et de Bd quand j'étais jeune. J'ai notamment découvert la bd française et sud américaine, grâce à mon père et mon oncle, qui achetaient les revues où elles étaient publiées. C'est ainsi que j'ai commencé à lire des choses comme L'Eternaute (célèbre revue Bd en Italie), où on trouvait Moebius, Font, Bernet...

FM Oui, j'ai toujours lu des comics! Des trucs américains principalement, Spider-Man avant tout. J'ai dépensé mes premiers deniers pour Spider-Man.

Vous êtes autodidactes ou bien vous avez suivi des cours de dessin?

RB Je suis autodidacte. J'ai commencé tout seul, et à la fin du lycée j'ai décidé de m'y mettre vraiment, de m' y plonger sérieusement. 

FM Je suis autodidacte. J'aimais peindre. Je suis aussi un architecte.

Quand est arrivé le moment où vous avez compris que vous étiez parvenu à réaliser vos ambitions?

RB A 20 ans j'ai essayé sérieusement mais je n'ai pas trouvé de travail. Mais la vie a changé, j'ai bossé dans une agence de pub, et vers 26 27 ans j'ai été approché par les éditions Sergio Bonelli, pour une Bd italienne appelée John Doe. Je m'y suis plongé sérieusement et juste après la Vertigo m'a contacté pour DMZ. 

FM De temps en temps j' y pense... Je vois plus grand, c'est encore à venir! La chose que j'ai faite dont je suis le plus fier? Peut-etre Highway to hell. 

Comment pourriez-vous définir vos styles respectifs?

RB J'aime penser que mon style est personnel. Comme une synthèse de tout ce que j'ai pu lire quand j'étais jeune. Avec les influences d'auteurs sud américains et français, en dehors du monde des super-héros. 

FM Mon style, c'est un peu le fouillis... Le sien est très organisé. Moi je ne sais jamais par quoi je commence, quand je finis, je ne sais pas ce que je dois faire, mais je finis par y arriver. 

Qu'est-ce que vous vous "emprunteriez" volontiers à votre collègue, en tant qu'artiste?

RB Francesco a une technique incroyable. La lumière, les couleurs, la composition... C'est un très bon peintre.

FM Je lui volerais ... ses crayons. En fait oui, Riccardo a un vrai esprit de synthèse, une chose rare. 

Quel est le comic-book, ou le personnage, que vous rêvez de dessiner?

RB Mon rêve serait de faire une grande saga, qui puisse rester dans l'imaginaire collectif. Mais je n'en suis pas encore capable...

FM Je dois dessiner une histoire de Batman. Absolument! Et s'ils décident de faire The Dark Knight returns again and again (humour...) Non non, ça c'est pour Frank Miller ...

DMZ est une histoire forte, un vrai succès ...

RB Merci! C'est mon premier travail, mon trait y est encore acerbe... DMZ a eu du succès en France, j' y suis allé plusieurs fois, j'y ai rencontré beaucoup de fans.

Le dernier comics que vous avez lu en pensant "voilà, ça c'est un vrai super comic-book"!

RB En ce moment je n'ai pas trop le temps de lire autant que je voudrais. C'est dur de se lancer... voyons... il y a tellement de choses différentes, des choses belles, tu en trouves partout en ce moment!

FM Hmmm... Dark Knigt Returns! 

L'aspect le plus positif de votre travail?

RB La liberté! Dessiner, c'est gratifiant.

FM Quand tu dois rendre un travail qui te plait vraiment. Ce n'est pas pour le public, l'éditeur, quand ça te plaît, à toi. C'est une gratification forte. 

La Bd en Italie, vous pouvez nous faire un petit état des lieux ? C'est difficile d'y être dessinateur? 

FM En Italie je ne sais pas, mais en général, c'est un métier difficile, celui de dessinateur, qui demande beaucoup de discipline. Et d'études! 

Riccardo est quelqu'un de facile à vivre, Francesco ?

Oh il n'est pas facile à vivre, comme tout les personnes en ce monde. Il n'y a pas de personnes faciles. Sa qualité, c'est que c'est quelqu'un avec du coeur, et son défaut c'est que quand il s'énerve, alors là c'est pour de bon! 

Puisque nous faisons cet interview à l'occasion de notre review de Highway to Hell, que pouvez-vous nous dire sur ce travail en commun? Comment ça s'est déroulé?

RB C'est un travail que nous avons géré tous ensemble, à notre studio Italian Job, avec Diego Malara, Stefano Caselli, Giuseppe Camuncoli et Francesco. L'histoire est d'une rock-star italienne, membre du groupe Subsonica. On s'est rencontré à un festival, on a décidé de faire quelque chose ensemble, ainsi est née cette Bd. On l'a proposé aux éditeurs, et Panini nous a soutenu complètement. C'est un joli succès, Panini l'a publié et distribué en Europe, aux States il a été réédité, Highway to Hell a remporté des prix de la critique... Quand on a décidé de faire un comic-book d'horreur, on a voulu en faire un bon. Sans se fixer de limites, puisque nous le gérions totalement. On a cherché un scénariste américain, on a trouvé Gishler, qui est déjà connu, et Panini nous a compris, on a eu carte blanche. 

FM L'idée de faire quelque chose de rapide à lire, de très divertissant, nous plaisait. On voulait montrer que les comics ne sont pas si sérieux, qu'on peut raconter des conneries de manière un peu pittoresques. Plus que de le dessiner, j'ai apprécié le créer, ce récit. Et derrière ce grand cirque, bien caché, nous avons des thèmes qui me plaisent comme l'héritage, ou à un moment les rapports entre père et fils, qui sera très important par la suite... de belles choses, que nous voulions placer. 




Mon opinion personnelle? Une bonne Bd au vitriol, grand guignolesque et décomplexée, qui se laisse fort agréablement lire, avec un sens de plaisir coupable que l'on ressent à tourner les pages et à rire devant ce théâtre horrifique qui joue dans la surenchère, mais ne lasse jamais.
Un grand merci donc aux deux auteurs. Riccardo et Francesco ont été absolument parfaits, disponibles, sympathiques, et se sera un grand plaisir de les revoir un jour prochain. Même chose pour Diego Malara, journaliste et éditor chez Panini Italia, qui a eu la grande gentillesse de nous fournir en supplément quelques petits cadeaux (dont des lithographies "Highway to Hell" qui seront à gagner à Nice, durant le FCBD du 7 mai, chez Alfa Bd. Je vous laisse avec les deux splendides dessins de Francesco Mattina et Riccardo Burchielli, réalisés durant cette comicon. Grazie mille, siete stati perfetti!



SIEGE (HACHETTE - MARVEL LA COLLECTION REFERENCE Tome 58)

La collection dite "de référence" chez Hachette nous emporte cette fois du coté de Siege. Ne me dites pas que vous avez déjà oublié ce dont il s'agit!
De tous les grands "events" Marvel de ces dernières années, Siege a été le plus bref (quatre numéros seulement) mais pas forcément le plus mauvais, loin de là. Il a permis principalement de mettre un terme au Dark Reign de Norman Osborn, de se débarrasser du personnage de Sentry, trop puissant et mal exploité par les différents scénaristes qui se sont penchés sur son cas, et de préparer le terrain pour un nouvel "Age des Héros". Bref, ce n'est pas mal du tout, et certainement pas sans intérêt.
Le siège en question est celui d’Asgard, la mythique cité des Dieux nordiques, à l'époque située en suspension dans les airs, au dessus du sol américain, en plein Midwest sauvage. Norman Osborn, à la tête du H.A.M.M.E.R et des Dark Avengers, n’a jamais vraiment eu toute sa tête (c’est quand même un des pires psychopathes du pays…) mais quand Loki, Dieu de la duperie et prince des fourbes, se pique de lui confondre les idées, cela donne au final un plan complètement délirant : Tout d’abord, provoquer sciemment un incident diplomatique avec Asgard, un prétexte qui sera l’étincelle qui mettra le feu aux poudres, une sorte de casus belli
Il suffit, pour ce faire, de s’en prendre à Volstagg, qui erre en Amérique comme un poisson hors de son bocal, et qui une fois attaqué par les sbires tout puissants de Hood, roi de la pègre, réagit de manière disproportionnée et maladroite, entraînant une véritable catastrophe en plein match de football, à Chicago. Les images du stade qui s’embrase sont retransmis dans le monde entier; c’est un peu un nouveau Stamford (Civil War, remember?) qui revient hanter les consciences américaines, alors que le pays n’est pas encore totalement guéri, et qu’il panse les plaies de la récente invasion Skrull. Osborn se permet d’outrepasser ses droits et ses prérogatives, refuse d’écouter Obama himself, et rassemble ses troupes pour lancer l’assaut à la cité des Dieux. Action / Réaction, une grande tradition américaine que de réagir de suite, sous le coup de l’émotion, et de réfléchir ensuite. A première vue, la tâche est ardue, voire impossible, sauf que dans les rangs de l’envahisseur, nous retrouvons Sentry, toujours aussi puissant et indestructible, que délicat à manier pour les scénaristes de la maison des idées.

Sentry est surpuissant, et quand on le lâche dans la mêlée avec la permission de ne pas retenir ses coups, on peut être certain de lire de grands moments de férocité. Ainsi en va t'il pour le pauvre Ares, qui ose se dresser sur son chemin. Sentry déchire littéralement en deux l'enveloppe charnelle du Dieu de la guerre, qui se retrouve les intestins à l'air! Et ça ne va pas très fort non plus pour Daken, qui avait été chargé de pister Thor. Ce dernier était parvenu à s'enfuir grâce à l'intervention inopinée de Maria Hill. Le géant blond est en colère, et il foudroie sur place la copie au rabais de Wolverine, qui se retrouve donc carbonisé au plus haut degré! Comment trouver le courage de s'opposer à un tel envahisseur? Peut être en réveillant les sentiments patriotiques de ceux qui sont déjà prêts à signer l'armistice et à s'enfuir les jambes autour du cou? Captain America/Steve Rogers est l'homme qu'il faut, dans de telles conditions. C'est lui, et le courage des héros, et des hommes simples et bons qui veulent bien le suivre, qui va lancer la contre-offensive.
Bendis et Coipel sont les artisans de Siege. Le premier poursuivait alors son oeuvre de transformation du monde Marvel, en y plaçant les Avengers toujours plus au centre. Il abat ici parfois la carte de l'ultra gore, et profite d'un scénario concentré sur quatre épisodes seulement, pour dépeindre au final ce qui est une gigantesque bataille homérique, un conflit localisé mais sanguinaire, qui a pour enjeu la liberté et une certaine idée de l'Amérique, dont dépend le destin de Norman Osborn. Olivier Coipel est un excellent choix pour ce type de récit, son trait pur et simple fait des merveilles, sans avoir besoin de céder aux rodomontades et autres artifices de mise en page. J'avais pu émettre des réserves, à l'époque, quand à l'aspect trop juvénile de certains personnages, et l'absence de caractérisation sur certaines expressions faciales, mais à la relecture ces défauts ne masquent pas le très bon travail global d'un artiste qui semble né pour mettre en scène ce type d'orgie super-héroïque et la rendre digeste et lisible. Car oui, si dans un premier temps j'avais porté un jugement plutôt sévère sur Siege et sa conclusion surtout, que je jugeais tronquée, un retour bénéfique sur l'ensemble du travail de Bendis, sur la cohérence de son oeuvre depuis Avengers:Disassembled, me pousse à réévaluer cette aventure brève mais intense, qui n'est pas sans faire écho aux prétextes géopolitiques que les américains savent si bien inventer quand ils flairent une opportunité à saisir à l'autre bout du monde. Et pourtant il n'y a pas de pétrole sur Asgard! (Et je le répète, une fierté de voir un français aussi en forme et lumineux sur ce genre d'événement Marvel).


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RENCONTRE AVEC ADAM KUBERT AU COMICON DE NAPLES

Mon père m'a enseigné avant tout à être professionnel, à répondre au téléphone et aux mails, à respecter les deadlines. C'est une question de respect. Ainsi commence la conférence de Adam Kubert au Comicon de Naples, organisée par Panini Comics en présence de Nicola Peruzzi, Marco Rizzo, Diego Melara et Marco Lupoi. Une discussion à bâton rompu avec le public une heure durant, avec l'opportunité de pouvoir poser quelques questions à l'artiste américain qui se fait rare en Europe. Kubert revient bien sûr sur ses débuts dans le milieu des comics : j'ai commencé à travailler à l'âge de 11 ans, je suis passé du métier de lettreur à celui de dessinateur, donc d'un art avant tout technique pour m'orienter vers un art plutôt artistique. Aujourd'hui encore la police d'écriture que j'utilisais alors est toujours en cours et adoptée par DC Comics. J'ai suivi également les cours dans l'école de mon père pendant trois ans (aujourd'hui Adam enseigne dans cette prestigieuse Kubert School), je voulais raconter des histoires plus que tout. J'ai également suivi l'école de dessin anatomique, c'est une excellente formation mais j'ai un petit problème avec cela, je n'aime pas trop la fréquentation des médecins. Adam Kubert a bien sur un personnage fétiche dans l'univers Marvel, Le petit griffu canadien nommé Wolverine. C'est un héros intéressant. Physiquement il est petit, il devrait avoir moins de chances que les autres... ce qui est stimulant à dessiner. Wolverine ne fait pas de prisonnier, il écoute ce qu'il a dans le cœur. C'est un impulsif, cela se ressent dans son aspect, son attitude

Fils de Joe Kubert, Adam n'est pas le seul petit génie de la famille puisque son frère Andy est aussi extrêmement célèbre. A ce sujet, interrogé sur ses relations de travail avec Andy, voici ce qu'il déclare : c'est une belle expérience de travailler avec mon frère, il y a pire comme exemple... c'est très bien pour notre école car il est artiste exclusif chez Dc et moi chez Marvel... bref l'idéal ce serait de faire un crossover qui n'est malheureusement pas d'actualité! Imaginez Batman versus Wolverine... Kubert est un artiste moderne même s'il officie depuis déjà de très nombreuses années. Les réseaux sociaux sont très importants mais néanmoins pour percer dans le métier il faut persévérer, fréquenter les salons bd, tourner, se faire connaître, c'est un travail de tous les jours et il ne faut rien lâcher. Mais quelle chance d'avoir aujourd'hui une connection directe avec les plus grands artistes! Sur ses projets à venir, il reste assez vague mais nous confie tout de même que Mark Waid sera plus cool avec moi... après m'avoir fait dessiner une histoire impliquant des dizaines de personnages (Standoff, pour les All-New All-Different Avengers) à l'avenir j'aurais des histoires plus simples centrées sur un seul héros. J'ai toujours voulu travailler avec Mark, quand j'ai su que Marvel cherchait quelqu'un pour faire ce crossover, je l'aurais prié moi-même pour être de la partie. Ce qui est intéresant avec les nouveaux Avengers, c'est la diversité, la faculté qu'à Marvel de savoir humer l'air du temps et de représenter les minorités qui compsent aujourd'hui la société. Les lecteurs peuvent toujours s'identifier. Concernant ses travaux récents  Kubert est très fier de Spiderman Renew your vows. C'était très facile pour moi parce que c'est une histoire qui est basée sur la famille, c'est beaucoup plus simple de travailler sur les choses que tu connais, et moi cela je connais! La famille présente dans cette aventure est en fait calquée sur la mienne, j'ai même pris exemple sur ma fille pour un personnage du comic book. Lorsqu'on l'interroge sur les série où les personnages qu'il affectionne particulièrement, la réponse est évidente. Le dernier grand comics que j'ai lu est à mon avis Dark Knight III (une oeuvre d'Andy Kubert et Frank Miller) et quant à savoir avec qui il voudrait travailler la sélection est très talentueuse... J'aimerais beaucoup travailler avec Neil Gaiman ou Alan Moore... Kubert a-t-il un point faible, finalement? La réponse est positive. Oui, il y a des choses qui peuvent créer problème, par exemple c'est difficile pour moi de dessiner les immeubles les voitures, je préfère les personnages...
Avant de nous quitter, Adam nous a aussi indiqué les oeuvres majeures qu'il préfère, parmi les trésors que nous devons à Joe, son père, et aussi quels sont à ses yeux les prochains grands artistes, à être passés par son académie du dessin. J'adore des choses comme Tarzan, Enemy Ace, Sergeant Rock, ou Tex. Mais j'aime tout ce que mon père a réalisé. Quand aux jeunes artistes, je dirais Mamhud Asrar, vraiment, un très grand talent destiné à progresser encore beaucoup. Moins connu, surveillez aussi Min Kyu (en dernière année de l'école et déjà repéré chez Dc).



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Merci à Panini Comics pour avoir organisé cette conférence, et au Comicon de Naples pour l'invitation et la tenue de ces quatre jours splendides. 

OUTCAST : UNE NOUVELLE SERIE POUR L'UNIVERS DE ROBERT KIRKMAN

Outcast aura le même effet sur le public que The Walking Dead assure Chris Black, le producteur de la série qui démarre en juin sur FOX. Il en est absolument certain, c'est ce qu'il affirme peu avant l'avant-première européenne qui s'est tenue à Rome vendredi. Le démiurge derrière tout cela est bien sûr Robert Kirkman, dont le succès des adaptations pour la télévision n'est plus à démontrer. Point de zombies dans cette nouvelle série, mais place à des hommes, des femmes, des enfants, possédés par le démon. Parmi les protagonistes Kyle Barnes, victime depuis l'enfance de son côté obscur, et qui avec le révérend Anderson tentera de trouver des réponses à ses tourments intérieurs, et à ce qui se produit chez de nombreux habitants de la ville de Rome, petite bourgade fictive de la Virginie. Ce n'est donc pas un hasard si c'est à Rome en Italie que l'avant-première de la série a été diffusée... nous la retrouverons à partir du 3 juin aux États-Unis puis dès la même semaine elle sera diffusée dans 128 autres pays. Patrick Fugit, l'acteur principal, affirme : je suis un fan de The Walking Dead mais Outcast est différent, j'apprécie l'évolution narrative de Kirkman. En regardant l'épisode pilote la pensée va tout de suite au film culte de 1973 l'exorciste, de William Friedkin. Nous lui avons rendu hommage mais la série est bien différente sous de nombreux aspects, Outcast raconte le voyage de Kyle, un homme qui ne pratique pas l' exorcisme en tant que profession, mais qui cherche tout simplement à comprendre quel est le destin qui l'attend. Un personnage qui a tout de suite fasciné son interprète :  il a en lui une grande lumière, il s'isole chez lui pour ne pas faire du mal à ceux qu'il aime et en même temps, il a aussi une grande part d'obscurité. Il y a une phrase dans l'oeuvre de Kirkman (le comic-book dont est tiré la série) qui m'a frappé : l'obscurité l'entoure! Voilà, la dualité de Kyle m'a capturé. Parmi les acteurs de la série on retrouve aussi  Reg E.Cathey, connu pour avoir interprété Freddy dans la série House of Cards, ici dans le rôle du chef de la police. Quand on l'interroge sur la confrontation entre les êtres humains et le démon, l'acteur répond intelligemment : aujourd'hui en Amérique la politique est le diable cohabitent en Donald Trump. Et il ajoute : j'ai d'ailleurs plus peur lorsque j'ai à faire avec les êtres humains que lorsqu'on évoque le démon.  Outcast est sur le point être le nouveau phénomène de l'été, où une simple série parmi tant d'autres? La réponse à venir très bientôt.


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PARIS COMICS EXPO 2016 PREMIER BILAN

Le moment est venu de dresser un premier bilan de la Paris comics expo qui s'est tenu à Vincennes au Parc Floral, qui jouxte le Château. Un weekend riche en événements avec un parterre d'invités assez exceptionnel. Jugez-en par vous-même : les visiteurs ont pu rencontrer des artistes de grande envergure comme Bruce Timm, Paul Dini, Humberto Ramos, Arthur Adams, Scott Campbell, ou encore le français Paul Renaud et Joe Madureira, mais aussi Mark Brooks et plusieurs acteurs dont Ray Parks ou le très bon Giancarlo Esposito, le Gus de la série Breaking Bad. A côté de ces stars incontestable du milieu, il était aussi possible de rencontrer d'autres artistes peut-être moins connus mais pour autant tout aussi talentueux. Valerio Schitti était hôte de Panini Comics, Urban avait invité Lee Bermejo et Matteo Scalera, Bliss Comics pouvait compter sur Paolo Rivera, et le long des allées il y avait moyen d'aller serrer les mains de Bengal, Mast, Marco Rudy, Elsa Charretier, ou encore Mr Garcin et Claire Wendling (qui a des sautes d'humeur toujours aussi étranges). Point commun de tous ces dessinateurs artistes ou éditeurs, une grande disponibilité, une étonnante convivialité, qui font de ce festival un moment fort apprécié et appréciable pour ceux qui aiment la bande dessinée américaine et super héroïque en particulier. En dépit de l'affiche et d'une affluence notable, il est assez simple de circuler dans les allées de la PCE, tout particulièrement le vendredi quand la plupart des visiteurs préfèrent se rendre à Vincennes les samedi et dimanche... du coup il est relativement aisé de se procurer un sketch ou même de placer une commission aux dessinateurs vedettes, sans devoir supporter une file d'attente interminable. Et il était aussi très simple de se rendre et assister à toutes les conférences, et de dialoguer avec la crème des blogueurs éditeurs et vendeurs de comics sans avoir l'impression d'être écrasé par la foule à tout moment. Si vous étiez invités, comme ce fut notre cas, à réaliser plusieurs interviews, vous pouviez aussi compter sur une organisation aux petits oignons pour la presse, qui semblait là pour aider et accueillir le sourire aux lèvres, et pas pour faire obstacle à notre travail, comme tristement constaté à d'autres rendez-vous du genre, principalement au Magic de Monaco cette année. 

Le point fort de la PCE c'est donc la capacité d'associer plateau de haut vol, simplicité dans le déroulement de la manifestation, et dimension humaine de l'ensemble. Les stars de cette édition ne se sont pas faites priées pour les dédicaces, même après que les temps impartis soient écoulés; vous pouviez toujours leur demander un petit quelque chose sans être éconduits. Les trois premières signatures étaient gratuites, le reste payant, afin d'éviter la valise de comics du spéculateur toujours aux aguets dans ces moments là. Un gros bon point aussi pour Urban Comics qui avait sorti le grand jeu, avec une boutique impressionnante, une sorte de carré ouvert qui dominait de la tête et des épaules les autres éditeurs, à commencer par Delcourt, au rayon des absents injustifiés. Le cosplay aussi était à la fête le long du week-end, avec des participants costumés et sympathiques, qui ne se refusent jamais pour une photo. Une exposition Star Wars était disponible sur le site, ainsi que différents points de restauration, à l'extérieur ou en intérieur, mais dont les tarifs comme trop souvent durant ce type de convention, ressemblaient plus à du vol caractérisé qu'à autre chose. Huit euros pour un petit burger, douze avec un coca et quelques frites en plus, il valait mieux apporter son sandwich au Parc Floral. Certains visiteurs semblent avoir déploré le manque de stands consacrés à la culture comics au sens le plus large, c'est à dire des produits dérivés importés des States, une offre plus large et exclusive, mais pour ma part je pense que le parti pris de se concentrer sur les artistes et leurs productions est pertinent, et permet d'éviter le coté centre commercial qui devient inéluctable quand les exposants se démultiplient. La PCE signifiait en outre le plaisir de rencontrer en chair et en os certains d'entre vous, des lecteurs qui sont devenus des présences régulières sur Internet et avec qui j'ai eu grand plaisir à dialoguer. J'admets être rester discret et ne pas avoir eu le temps ou le réflexe de saluer tout le monde, mais ce qui n'a pas été fait cette fois le sera la prochaine, à commencer par Lyon Comics Gone, par exemple. Un bilan fort positif donc, pour une PCE qui existe depuis 2012, et que nous avions bien failli perdre récemment, avec une édition 2015 annulée. Par chance, revoici ce festival dans la course, et c'est une agréable et salutaire nouvelle.


With Art Adams :)



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THE ART OF PASQUALE QUALANO (FREE COMIC BOOK DAY CHEZ ALFA BD LE 7MAI)

Le 7 mai prochain dans le cadre du free comic book day nous vous invitons à venir nous rendre visite chez Alfa BD, la librairie spécialisée la plus active et sympathique du Sud-Est. Au menu de cette journée particulière, des comics gratuits à emporter chez vous, et un samedi d'animation avec concours cosplay et bonne humeur garantie. Ce n'est pas tout, quatre artistes seront présents à partir de 14h pour des séances de dédicaces, free sketch, ou carrément une commission. Si cela vous intéresse contactez-nous pour les prix. Les artistes sont Luca Maresca, Mario Alberti, Benjamin Carret et Pasquale Qualano.

Pasquale Qualano est né à Torre del Greco (pas loin de Naples) en 1974, c'est un artiste qui a de nombreuses cordes à son arc : la bande-dessinée bien sûr, mais aussi la sculpture et une formation qui lorgne vers l'art sacré et religieux. Pasquale a grandi dans une famille d'artistes et il a eu l'occasion de puiser son talent dans les sources de l'art sacré et profane, des dessins et des bandes dessinées publiés à l'époque en Italie chez l'éditeur Corno (équivalent de Lug pour les italiens), c'est ainsi qu'est née sa passion pour le dessin. Comme vous le constaterez dans la série de blank covers de son artbook, réalisées lors du dernier festival de Naples il y a quelques jours, Qualano a un talent exceptionnel quand il s'agit de mettre en scène des formes dynamiques, puissantes, évocatrices; il domine les anatomies et les positions avec une aisance remarquable. Vous le trouvez ce mois-ci en tant que dessinateur de pages intérieures dans la série DC Bombshell. Il est d'ailleurs le premier homme à être invité sur cette parution, habituellement terrain de chasse des dessinatrices. Pasquale est aussi un artiste très disponible et vraiment sympathique, et nous vous invitons cordialement à venir lui rendre visite le 7 mai chez Alfa BD. Au passage j'y serai aussi et ce sera un plaisir de rencontrer certains d'entre vous!





















THE VALIANT : BLISS COMICS ORCHESTRE LE RENOUVEAU DE L'UNIVERS VALIANT

Cela fait plusieurs siècles maintenant que Gilad Anni-Padda défend en vain les forces de la vie, face à un adversaire tout-puissant qui représente la mort et la fin de tout ce qui est. Point commun au fil des siècles, il a toujours échoué dans sa mission, et il n'est jamais parvenu à sauver les différents Géomanciens qu'il était de son devoir de protéger, à savoir ces avatars censés représenter les forces terrestres, qu'il a vu mourir génération après génération, recevant au passage une balafre en plein visage pour chaque échec. La nouvelle Géomanciene à notre époque est une jeune fille blonde, Kay, qui a bien du mal à accepter le rôle donc elle s'est vue investie. Ancien porte-parole d'un groupe industriel pollueur, il s'agit pour elle de composer avec ce virage à 360 degrés et de sauver sa peau au passage, en acceptant l'aide  . Si ce dernier n'est jamais parvenu à sauver ceux qu'il devait protéger, c'est aussi parce qu'il était souvent trop seul.  A l'ère moderne les choses ont bien changé car tous les super-héros et les êtres dotés de pouvoirs de l'univers Valiant sont là pour prêter main-forte dans cette lutte séculaire, qui pourrait bien connaître ainsi son épilogue. Jeff Lemire et Matt Kindt sont les architectes du renouveau de l'univers Valiant; tout commence avec cette mini série en 4 épisode où nous retrouvons avec plaisir Bloodshot, Ninjak, X-O Manowar et tous les autres dans une aventure qui ressemble fort au départ à un suicide collectif, face à un adversaire tout puissant qui incarne une force élémentaire de la nature, la personnification de la destruction, et qui se débarrasse des uns et des autres avec une facilité déconcertante. En tous les cas ça se laisse lire très facilement et il n'est absolument pas nécessaire de connaître au préalable les personnages de cet album pour pouvoir en profiter un maximum. Un premier effort très accessible et particulièrement réussi.


L'aventure de Bliss comics commence donc en France avec ce premier volume intitulé The Valiant. Jeff Lemire parvient sans aucun problème à rendre crédible les personnages et à les présenter sous un jour attachant. Nous avons juste la surprise de constater que le plus puissant d'entre eux (X-O Manowar) est peut-être celui qui occupe le moins d'espace; inversement c'est Bloodshot qui attire la couverture à lui, en dévoilant peu à peu au lecteur son côté humain, derrière les nanites. Certains reprochent à Paolo Rivera un dessin sommaire, pas assez fouillé dans les fonds de cases, mais ce serait une grossière erreur de considérer ceci comme des défauts... l'artiste à d'autres qualités comme une incroyable capacité à dépeindre les émotions sur les visages des personnages, et une fluidité remarquable pour ce qui est du storytelling. Il a été épaulé en certains endroits par son propre père, lui aussi dessinateur de grand talent. Revenons-en à l'objet en soi, à savoir le premier tome édité par Bliss : il est fort bien présenté, contient un nombre très appréciable de bonus, qui reviennent sur la fabrication de ces quatre épisodes. Bref du tout bon, et un très bon point pour la nouvelle maison d'édition qui vient de débarquer! Par contre il faudra penser à corriger et vite les nombreuses coquilles qui émaillent la partie rédactionnelle, et ce jusqu'à la dernière de couverture  où une erreur s'est glissée. A titre personnel nous aurions souhaité pouvoir vous proposer un entretien avec Paolo Rivera, présent lors de la dernière Paris comics expo, et poser quelques questions aux initiateurs du projet Bliss comics. Malheureusement cela n'a pas pu être possible, malgré notre insistance aussi bien sur Internet que lors du weekend parisien, en personne et sur place. Nous avons bien eu de vagues promesses, mais rien de concret. C'est dommage assurément, Bliss comics n'a de toute évidence pas besoin de notre retour ou  appui pour faire sa place sur vos étagères. Je ne dis pas cela sur un ton polémique, au contraire, je vous encourage à vous procurer ce The Valiant, car c'est un album de qualité qui pourrait bien vous faire aimer enfin les personnages de chez Valiant, justement. Le prix de vente est à l'occasion du lancement de dix euros uniquement. Recommandé, donc, et suivi par Bloodshot tome 1, chez le même éditeur, et que nous vous proposerons dans quelques jours.



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