Ce samedi 18 février, nous nous sommes rendus au Forum Grimaldi de Monaco, pour assister au Magic, 3e édition du nom. Il s'agit d'une journée de conférences/rencontres avec des auteurs à la stature internationale, principalement centrées sur l'univers des animés japonais et du manga. Bien que je n'ai pas véritablement compris dans quelle démarche artistique (ou dans quelle perspective cohérente) le Magic invite aussi des auteurs de comics. Je souligne l'indéniable qualité de ces derniers, qui sont en règle générale de véritables stars du milieu. Cette année par exemple, nous trouvions deux artistes incontournables comme Frank Miller et Mike Mignola, prévus à l'affiche. Le premier a décliné quelques jours avant l'événement, ce qui a provoqué bien des émois chez ceux qui avaient prévu de se rendre à Monaco. Difficile de croire que ce désistement n'était pas envisageable, étant donné la sale habitude de Miller de poser des lapins, et sa santé fort défaillante.
Le Magic, alors? Ce n'est pas un festival, car il y a une trop grande pauvreté de contenu pour pouvoir -même de loin- se targuer de ce titre. En réalité, dans une ambiance feutrée, vous pouvez obtenir 2 ou 3 dédicaces, ou aussi acheter les albums des auteurs invités (et des figurines bien sûr) chez le seul libraire présent (les toujours dynamiques et premiers sur le coup Alfa Bd); et puis cela va de soi, assister à quelques conférences, et à un concours cosplay, qui n'est malheureusement pas ouvert aux quidams de la rue, mais ne fait appel qu'à des intervenants professionnels, renforçant ainsi le côté élitiste de la manifestation monégasque. Au risque de paraître blessant ou méprisant (après tout l'entrée était gratuite, mais ce n'est pas non plus une excuse pour faire taire toute objectivité) force est de constater que l'édition 2017 était d'une platitude désolante, et que le visiteur pouvait faire le tour du Magic en moins de 5 minutes, montre en main, fait exception de la file d'attente pour la ou les dédicaces souhaitées. Quelques cosplayeurs se baladaient parmi la foule peu nombreuse, Alfa Bd vendait les ouvrages des auteurs invités, quelques bornes d'arcade et de retrogaming, un bijoutier (que vient t-il faire là ?) pour rappeler qu'on est sur le Rocher, un petit café pour faire passer le temps (et il y en a du temps à faire passer) et vous aviez fait le tour de ce qui constitue la manifestation la plus déconcertante, de toutes celles à laquelle j'ai pu prendre part depuis bien longtemps. Il y a des bonnes intentions (je pense), il y a des noms ronflants, il y a un cadre idéal et un budget dont nous autres communs des mortels ne pourrions que rêver de posséder pour nos propres activités, mais ça manque cruellement et totalement de cœur, de passion, de compréhension du public, et d'une direction artistique qui sait vers quoi elle décide de tendre.
Oui, le Magic est simplement un show-room. Une démonstration de la puissance commerciale et médiatique (plus médiatique que commerciale, en fin de compte) de Shibuya Productions, une ode élégiaque à son président Cédric Biscay. Pas très grand par la taille, le bonhomme compense amplement par son égo. Nous sommes à Monaco, le coté bling-bling omniprésent étouffe largement celui de la sincérité et de la passion. Pourquoi donc Shibuya investit dans le comic-book américain une fois par an, alors qu'en temps normal ce média leur passe au dessus de la tête ? Certes, je suis le premier heureux de pouvoir serrer la pince de John Romita Jr (en 2016) ou de Mike Mignola (façon de parler, les dédicaces furent très froides et formelles, avec une organisation omniprésente qui fixait des règles strictes et aseptisait plus encore le cadre de l'événement. Dommage) mais entre ces deux interludes magiques, qui est chargé de la promotion des comics, de sa défense et de son rayonnement, les onze autres mois de l'année? Shibuya est ailleurs, assurément.
Les points positifs de cette édition 2017 ? Je suis rentré à la base avec deux albums dédicacés par Mignola (deux supports et pas plus. Et circulez il n'y a rien à voir. Ce qui est idiot car en fait les mêmes lecteurs revenaient faire la file à la seconde séance, et juste après être passés, pour le même traitement expéditif. Autant prendre un peu plus de temps, dans la convivialité, une fois pour toutes). Il y avait quelques conférences sympathiques, et l'occasion de voir Mignola dessiner. Du Cosplay pour les amateurs du genre, même si loin de l'aspect festif/ludique qu'on retrouve dans les véritables salons spécialisés. Il y avait Orelsan en dédicace. Non je plaisante, si comme moi vous êtes venus pour la Bd, Orelsan c'est un peu se moquer du monde. Il a fait du doublage pour le cinéma ? Très bien, mais à choisir, je préférais un artiste doué avec les crayons, vous savez. Il y avait un café globalement correct, j'ai bu bien pire en convention. Et surtout il y avait pas mal de monde avec qui j'ai pu échanger un mot, amis ou connaissances, et j'ai pris beaucoup de plaisir à tous les voir ou revoir. En plus ce n'est pas le temps et l'espace qui manquaient.
Le Magic de Monaco, c'est pensé, fait, et réalisé, pour satisfaire au mieux la "profession" et les intérêts médiatiques et commerciaux de Shibuya Productions. Accessoirement, on fait rentrer des gens sur invitation, ça crée un effet de foule. Ma foi, un drôle de concept.
Bon...ben sans regrets alors. ...
RépondreSupprimerC'était effectivement une belle supercherie.
RépondreSupprimerDisons que le sens même de la manifestation m'échappe encore...
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