Comme vous le savez tous, Bruce Wayne n'est pas du genre à avoir besoin du chèque énergie pour atteindre la fins du mois; sa fortune est colossale, et c'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles Batman, son alter ego costumé, dispose d'un tel arsenal, à la pointe du progrès. Seulement voilà, depuis les événements de Joker War, Bruce Wayne a perdu sa fortune et il doit désormais mener une existence beaucoup plus humble, au point d'avoir installé sa bat-cave dans le réseau des égouts désaffectés de la ville de Gotham. Pendant ce temps-là, un nouveau maire s'est installé à la mairie, un certain Nakano, qui ne se montre pas très disposé à collaborer avec le justicier le plus célèbre de sa cité; pire encore, une vague de meurtres survient à Gotham, sans qu'il soit possible de comprendre les motivations du ou des assassins. Le problème est qu'une des victimes est la fille d'un des plus célèbres gros entrepreneurs locaux, Roland Worth, celui que l'on nomme le roi du bâtiment. Une sorte de colosse qui voue une haine féroce à pas mal de monde, y compris envers Bruce Wayne. Nous sommes bel et bien dans une aventure du "détective" plus que du "super-héros"; d'ailleurs on voit assez peu Batman et presque plus le quotidien de Bruce Wayne, qui est même à un moment donné accusé de meurtre, et qui va devoir déjouer une machination à son encontre. Il n'est pas tout seul puisqu'un une autre justicier dans la ville pourrait bien lui prêter main-forte. Vous connaissez probablement Huntress, alias Helena Bertinelli, qui nous est ici présentée comme une héroïne solitaire, dont quasiment tous les affects finissent par trouver un destin tragique. Elle était parvenue à se lier d'amitié avec une femme victime de violences conjugales, mais elle aussi a été retrouvée assassinée... Mariko Tamaki enserre peu à peu tous ces personnages dans une suite de rebondissements concentriques, avant que fatalement il soit possible de déduire quelque chose de plus clair, de comprendre que la piste principale amène jusqu'à l'Hôtel de Ville de Gotham, et l'équipe qui gouverne la ville.
Il est question de virus, ou plus exactement d'un agent pathogène transmissible d'une personne à une autre, et hébergé par un individu au dessus des soupçons. D'une vague de folie furieuse qui assaille les victimes, et deviennent ainsi des monstres. Bref, la résolution de l'histoire est en soi assez classique, et l'enquête est (pardonnez le jeu de mot) parasitée par un choix narratif qui n'est pas des meilleurs. Ce qui est positif, c'est ce Bruce Wayne qui ne possède plus grand chose (même offrir une bouteille de scotch lui cause quelques regrets) et perd encore plus au fil des épisodes. C'est un sale moment pour le play-boy aux moyens autrefois illimités, qui va même croupir quelques nuits en garde à vue, au milieu de la faune avinée de Gotham. Il est intéressant aussi de voir Huntress bien mise en avant, en tant que co-protagoniste de cet album, même si encore une fois la manière d'amener jusqu'à elle ce virus/pararasite est maladroit et discutable. Le dessin de tous ces numéros est globalement à répartir entre Dan Mora et Victor Bogdanovic. Le premier est une excellente synthèse entre le manga et le comics américain à la Romita Jr. Indéniablement un excellent artiste, quelqu'un sur qui compter pour un story-telling de qualité et même des splash page très suggestives. Le second a un trait un peu plus caricatural. Dans les visages, les expressions (la bouche surtout) on trouve un peu de Greg Capullo, mais moins précis et soigné. Comme s'il y avait un potentiel encore à affiner, à préciser. Tout cela donne un premier tome assez agréable pour la série Batman Detective, encore que je ne sois pas un fan inconditionnel du travail de Mariko Tamaki lorsqu'elle fait joujou avec des super-héros "classiques". Mention assez bien, mais ce n'est pas la série la meilleure de la nouvelle ère Infinite.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!