En kiosque : BATMAN UNIVERSE 4 Des ombres envahissantes



BATMAN UNIVERSE 4 ( Panini )

(Batman 689/690/691 - Batman and Robin 4)

La dernière née des revues consacrées à Batman en est à peine à son quatrième numéro, mais dès le mois de février elle passera à 120 pages, soit cinq récits au lieu de quatre. Pour le moment, jetons un oeil sur la dernière parution en date, avec la suite du cycle de Judd Winick, consacré aux premiers pas de Dick Grayson, sous le manteau de Batman.

Car oui, tout le monde croit Bruce Wayne trépassé, tombé au combat sous les assauts de Darkseid. S'il est en réalité perdu dans le temps (Steve Rogers n'est donc pas le seul ces mois derniers...), il n'en reste pas moins que le premier Robin de la dynastie, devenu par la suite Nightwing, a pris la relève du miliardaire play-boy et est devenu le nouveau Batman. Ce mois ci nous découvrons donc les trois dernières parties d'une quadrilogie nommée "Long shadows", qui aux Etats-Unis permet de donner le "la" à une ère sobrement intitulée "Batman Reborn". Encore que "Reconstructed" serait plus approprié, puisque Dick va devoir se reconstruire une identité, qui plus est lourde à porter. Ce qui ne l'enpêche pas de sourire au combat, et d'effectuer son devoir avec une insouciance (voire une suffisance) que Bruce ignorait totalement. Pourtant, il a du pain sur la planche. Tout d'abord, Pile ou Face s'est rendu compte que le Batman actuel n'est en rien le Batman originel, et il décide d'en profiter pour investir la Bat-cave à l'aide d'une téléportatrice (on dit comme cela?) capable de remonter à la source de fabrication des objets qu'on lui présente. Ensuite, le Pingouin refait des siennes, depuis son évasion de l'asile d'Arkham, mais il est en fait le sous-fifre d'un autre criminel masqué, bien plus dangereux encore, le terrible Black Mask. Bref, Dick ne chômera pas pour ses premiers jours sous son nouveau costume, et il va même faire une découverte qui s'annonce bouleversante, et qui constitue un bien malin cliffhanger, qui va nous tenir en haleine jusque février (je n'en dis pas plus pour ne pas vous gâcher la surprise). Bagley illustre à sa manière : s'il n'a pas son pareil pour dessiner un comic-book basique (dynamisme, suspens, poses aérodynamiques) il tend quand même à se répéter à la longue, et ses personnages se ressemblent tous, hommes et femmes, souffrent d'un manque de caractérisation profonde. Cela dit, sa performance n'est pas non plus mauvaise, loin de là.


Pour conclure (en beauté) ne négligeons pas le quatrième épisode de la série de Grant Morrison, "Batman and Robin". Comme à son habitude, la trame est complexe, tordue, mais jamais banale. L'histoire se focalise sur les agissements de Red Hood, une sorte de criminel psychotique contrepoids au Batman respectueux du serment de ne pas tuer. Avec lui, le châtiment est à la hauteur du crime. Derrière le masque se cache Jason Todd, ancien side-kick du Dark Knight (second Robin du nom) tué autrefois par le Joker, et revenu à la vie à l'issue de Infinite Crisis qui a eu comme conséquence de redistribuer les cartes du réel, de l'histoire Dc, et de sa continuity. Nous sommes franchement gâtés au niveau dessins : le premier story-arc avait été confié à Cassaday (Morrison oblige), le second est l'oeuvre de Philip Tan, qui donne une noirceur et une une précision chirurgicale à la violence qui menace de se déchaîner sur Gotham. Sa représentation de Red Hood est majestueuse et puissante, et confère au personnage un statut dramatique qu'il mérite vraiment. Notre conseil sera le suivant : ne tardez pas trop à vous rendre en kiosque pour vous procurer ce numéro de Batman Universe. Le tirage n'est pas extraordinaire et les deux premiers de la série se vendent déjà comme des petits pains à des prix exagérés sur Ebay. La qualité des séries publiées n'est pas étrangère à ce phénomène. Les amateurs du justicier chauve souris ont de bonnes raisons d'être aux anges.

Rating : OOOOO


UNCANNY X-MEN 522 : Le retour de Kitty Pride





UNCANNY X-MEN 522 (en VF dans X-MEN 167 de décembre)

(Matt Fraction/Whilce Portacio)

Nous fêtons un retour tres attendu ce mois ci, sur les pages d'uncanny x-men. Kitty Pride, que nous avions quitté à bord d'un projectile géant expulsé droit vers l'espace infini, revient enfin sur cette bonne vieille Terre, pour la plus grande joie des lecteurs émotifs.

Ce retour ne s'est pas fait seul. Il a fallu l'intervention de Magneto, qui a poussé au maximum son contrôle du magnétisme, pour dévier le projectile, et ramener Kitty. Qui est restée, si j' ai tout bien compris, des semaines sans boire ni manger, maintenant la gigantesque balle intangible et sans même perdre conscience.Si j'ai toujours bien saisi Magneto est capable d'exercer ses dons à travers le cosmos...Je ne voudrais pas être médisant mais avouez que c' est quand même assez incohérent et tiré par les cheveux. Les x-men font tout pour cacher à la population le retour de leur amie, et pour cause. L'arrivée d'un tel projectile, à la vitesse de la lumière, pourrait bien provoquer quelques dégats si le seigneur du magnétisme se loupait dans ses calculs... Pour le coup les mutants sont devenus ce pour quoi on les craignait, des êtres tout puissants capables de tout et se permettant tout quand leurs intérêts sont en jeu, sans en référer à personne. Bricoler l'ensemble des satellites mondiaux et mettre la population en grand danger en pariant sur la bonne foi d'un ancien (?) criminel ne pose plus de problèmes de conscience à Scott Summers, qui a dépassé son maître Xavier depuis longtemps. Bonne nouvelle cotés dessins car Whilce Portacio également est de retour. Un peu moins niponisant qu'à la grande époque et un poil plus académique, il offre des planches moins paroxystiques et plus humaines, qui sont victimes de la bonne qualité du papier de nos revues Panini. Curieusement le coté granuleux et cheap des Special Strange d'alors lui conférait un surplus d'âme que les techniques modernes d'encrage et de colorisation étouffent. Le scénario de Matt Fraction reste égal à lui même, c'est à dire qu'il procède à une lenteur coupable. On sent qu'il écrit pour les Tpb de la première à la dernière case. Après cela que Marvel ne vienne pas s'étonner de la chute du nombre de copies vendues mensuellement. A un rythme aussi pantouflard, certains lecteurs finissent par douter de l'utilité d'investir quatre dollars par mois, et optent pour une injection massive d'un trait, sous forme d'albums complets. Matt Fraction, le parangon d'un nouveau genre de comic-book?

Rating : OOOOO

FEAR ITSELF : Le nouvel event Marvel

FEAR ITSELF

L'année 2010 n'est pas encore achevée que déjà nous nous projetons avec impatience sur ce qui nous attend dans ces prochains mois. Le buzz, pour ce qui concerne Marvel, est incontestablement le prochain crossover de la maison des idées, FEAR ITSELF, qui va mettre aux prises une partie des plus grands héros au dieu de la peur lui même. Quelques teasers ont fait saliver les lecteurs, ces jours derniers :




Mettre les héros face à leurs peurs intimes, explorer le subconscient et ce qui s'y cache et les torture. Voilà pour le menu de ce Fear itself, qui s'annonce déjà riche en tie-in. En souhaitant que le scénario tienne la route et que nos attentes ne soient pas déçues par ce nouvel "event" made in Marvel.






En kiosque : MARVEL ICONS HS 19 Kings of suicide


MARVEL ICONS HS 19 : Suicide Kings

(Mike Benson & Adam Glass / Carlo Barberi - Panini comics)

Une des caractéristiques des séries mettant en scène Deadpool, c'est leur coté déjanté, tout sauf sérieux, où l'humour le plus décalé fricote facilement avec la grosse blague potache qui devient vite très lourde. Tout est une question de dosage, et ça n'est pas si simple, en fait, d'introduire de la légereté dans le petit monde du comic-book superhéroïque, où les excès de testostérone et les machoires crispées sont au menu à toutes les sauces.


Cette fois, pour cette mini série en cinq parties, Deadpool meets The Punisher, comme on le dit aux Etats-Unis. C'est à dire deux héros aux antipodes, et dont le lectorat n'est pas, à priori, forcément le même. Tout commence quand le mutant en collants rouges décide de participer à un concours pour élire le mercenaire de l'année. Derrière cette initiative se cache en fait un piège dans lequel il tombe tête la première. Deadpool a la désagréable surprise de constater qu'il est devenu aux yeux de l'opinion publique un terroriste, ayant abattu de sang froid un groupe de personnes, puis ayant fait exploser plusieurs étages d'un immeuble new yorkais. Alors qu'il a été victime d'une tentative d'assassinat et d'une explosion à la bombe assez impromptue. Tout ceci explique pourquoi le Punisher décide de coller à ses basques, et il n'aura de cesse de le poursuivre pour avoir sa peau. Une tâche pas si simple : même une flêche d'arbalette en pleine tête et l'amputation sauvage d'un bras à coups de sabre ne peuvent suffire : avoir un pouvoir auto guérisseur (auto repoussant) est finalement bien utile. Le Punisher qui bénéficie dans cette mini série de toute une galerie un peu forcée d'armes diverses et variés, récupérées à la pègre du sous-bois Marvel, du fouet electrique de Whiplash (vu au cinéma dans Iron Man 2 en la personne de Mickey Rourke) au planeur du bouffon vert, rien que ça. Pourquoi pas, même si le vrai Castle que nous aimons se passe aisément de ces artifices grossiers. Rentrent dans la danse d'autres personnages importants, comme Spider-man ou Daredevil, deux boy-scouts sans peur et sans reproche dont les méthodes contrastent forcèment avec celles du Punisher, et qui vont prendre la défense d'un Deadpool innocent. Nous retrouvons aussi Tombstone, le mafieux albinos, qui semble tirer les ficelles dans l'ombre, et qui va se mettre un peu tout le monde à dos.


Un album rocambolesque aux multiples rebondissements mais qui tournent tous autour du même postulat : Deadpool n'est pas responsable de ce qu'on lui reproche, mais ceux qui l'ignore, Castle en tête, n'ont d'autre idée fixe que de le buter. L'humour n'est pas toujours très raffiné, et tourne fréquemment en dessous de la ceinture, voire au dessus, quand il s'agit pour Wade Wilson de perdre ses moyens devant les généreuses poitrines des femmes qui croisent son chemin. Carlo Barberi ne s'en sort pas trop mal aux dessins, pour peu qu'on apprécie ses traits un peu trop anguleux, et sa tendance à ne pas s'embarasser avec le fond des vignettes, qui restent pour la plupart vierges de décors. Du comic-book pour sourire à prendre au troisème degré, avec un avantage indéniable : la collection des Hors série de Marvel Icons nous permet d'avoir ce genre de mini série complète pour un peu plus de cinq euros, là où les américains ont du débourser cinq fois 3,99 $ pour ce qui n'en valait franchement pas autant. Lisible et frais, mais vite oublié également.

Rating : OOOOO




Spoiler Zone : SHADOWLAND After the fall


SHADOWLAND : After the Fall

(Anthony Johnston/Roberto De La Torre; Marco Checchetto - Marvel comics)

J'ai évoqué sur ce site, voici quelques jours, la déception provoquée par le final de Shadowland, durant lequel la montagne a finalement acouché d'une (petite) souris. Aujourd'hui place à une sorte d'épilogue à la saga de l'automne, avec un one-shot scénarisé par Anthony Johnston, "After the fall".

Matt Murdock a donc disparu. Certains le croient mort, d'autres s'attendent à le voir réapparaître, tôt ou tard, mais personne ne sait véritablement ce qu'il est devenu. Pour tenter d'y voir plus clair, nous suivons en parallèle le quotidien de deux individus qui sont liés, de près ou de loin, à la vie de notre avocat aveugle. Tout d'abord le célèbre journaliste de Front Line, Ben Urich, dans un énième numéro de "Je pourrais gagner le prix Pulitzer en dévoilant à la presse tout ce que je sais de Daredevil, mais je suis l'ami de Matt et je vais me taire". Une solidarité indéfectible mal récompensée, puisque comme souvent en période de crise personnelle, Murdock met les voiles sans autres précisions, et le journaliste doit se contenter d'une simple cassette enregistrée avec diverses banalités sur l'assurance que "c'est mieux ainsi, ne me cherchez pas, vous ne me trouverez pas si je ne le souhaite pas". Ensuite, c'est au tour du detective Kurtz de mener l'enquête, qui en arpentant les bas fonds de la ville, va faire la connaissance (et nous avec par la même occasion) de ce qui semble être une Panthère Noire relookée, qui a repris le rôle de Daredevil là où il l'avait laissé, avant de s'acquoquiner avec La Main. Elektra y va galement de son apparition, car elle se sent concernée par le devenir de Matt, son ancien amant : elle aussi a connu les affres et la douleur d'une chute intime occasionnée par la secte ninja, et respecte la fuite du diable rouge. After The Fall se conclut tout de même sur une note d'optimisme évidente : malgrè ses dires et ses peurs, le travail de Daredevil n'aura pas été vain : son quartier historique n'est plus aussi délabré et dangereux qu'autrefois, la vie se l'est à nouveau approprié, grâce principalement à sa protection en collant rouge. Checchetto et De La Torre s'en sortent bien aux dessins, et font perdurer ce climat de pénombre et d'angoisse qui étouffe Hell's Kitchen depuis la chute de son plus ardent défenseur. Une lecture douce amère qui vient conclure une saga globalement décevante, et qui sonne comme un triste "au revoir" à Matt Murdock. De quoi patienter jusqu'au prochain Daredevil Reborn qui ne saurait tarder (en janvier).

Rating : OOOOO (généreux)

WORLD WAR HULK (Marvel Deluxe) Une grosse boucherie sous le sapin


 
WORLD WAR HULK (Marvel Deluxe - Panini)

A l'occasion de la sortie (avant les fêtes, bien entendu) du Marvel Deluxe consacré à World War Hulk, je vous repropose un petit billet sur le géant vert initialement publié en 2009 sur ce site. Billet par ailleurs retiré pour éviter les doublons. La version 2.0 est donc ci dessous, en souhaitant qu'elle puisse éclairer les choix et les achats des retardataires. De Greg Pack (scénario) et John Romita Jr (dessins).

Hulk est vert. De rage. Il faut dire que le géant de jade s’est fait exilé dans l’espace par ses anciens compagnons d’arme. Figurez vous que les Illuminati, une sorte de secte élitiste comprenant la crème du monde superhéroïque, ont décidé de se débarasser du colosse en le plaçant dans une fusée, destination une gentille planète verdoyante et inhabitée où il n’embêtera plus personne et trouvera le calme tant désiré. Seulement voilà, la navette n’arrive pas à destination, mais plutôt sur un monde guerrier où Hulk est vite réduit en esclavage, transformé en gladiateur, puis où il devient le héros d’un peuple, une icône; dulcis in fondo il trouve l’amour et semble enfin comblé. Catastrophe donc le jour où son vaisseau terrien explose mystérieusement, entraînant de la sorte la mort de Caiera son épouse locale, et du petit qu’elle portait en son sein. La vengeance va être terrible ! Epaulé par ses compagnons d’armes les plus fidèles, Hulk revient sur Terre pour réduire les Illuminati en poussière. Qui ne peuvent plus se cacher : Le voilà !


Que de subtilité dans ce retour du géant vert. Hulk commence par un petit détour sur la Lune où il retrouve Flèche Noire, leader des Inhumains, et membre de la secte Illuminati. Ce dernier ne fait bien entendu pas le poids, et se fait très sévèrement exploser la tête. Hulk débarque ensuite sur Terre, où il réclame qu’on lui livre les « traîtres » responsables de sa condition. Tony Stark, alias Iron Man, a beau se construire une armure étudiée pour l’occasion, Hulk n’en a cure et le traite comme une vulgaire boîte de conserve qu’on aurait juste un peu de mal à ouvrir. Voilà pour le plot de la première partie de ce qui fut le grand "marvel-event" de 2007, et que nous pouvons aujourd'hui relire avec le recul qui s'impose, mais aussi avec le plaisir évident que procurent les Marvel Deluxe, ces albums de prestige publiés par Panini. Bien sur, pour ce qui est de la psychologie et de la subtilité, WWH lorgne plutôt du coté des bons ( ? ) films de Van Damme que vers une probable palme d'or cannoise. Romita Junior nous offre de bien belles planches, et d’autres plus contrastés, mais pour ceux qui aiment son style, ça reste une bonne prestation graphique. Le sang et les blessures s'y trouvent à foison, parfois caricaturés comme pour atténuer l'effet d'une boucherie fort improbable. Le plus ennuyeux dans cette histoire, c’est son coté « peu crédible ». Hulk a beau être vraiment fort, et il a beau être épaulé par quelques extraterrestres remontés, je me rappelle que par le passé Wolverine ou Spiderman réussirent à lui tenir tête dans de vieux épisodes des 80's et 90’s. Et voilà que cette fois, avec le monde Marvel contre lui, Hulk est si enragé qu’il résiste à tout et à tous ? En tous les cas, ce comics est avant tout un vaste exutoire : Hulk va tout casser, Hulk détruire et détruire encore, Hulk pas content et tu vas chier du sang (copyright Nukstrike). Réjouissant sur le moment, mais aussi banalement assez frustrant, quand on constate que tout cet excès de rage n'a finalement pas apporté grand chose à la cosmogonie Marvélienne : de la baston jusqu'à plus soif, des héros humiliés et des dégats en pagaille, et puis on oublie tout et on recommence : voici qu'arrivent les Skrulls et leur "invasion secrète", enchainons, enchainons, sans transition... Ah si, une conséquence logique, il y en a une : l'arrivée de Rulk, le hulk rouge de Jeph Loeb, qui a été encensé par certains (bien peu) et répudiés par les autres (la grande majorité, en gros tous les lecteurs possédant un minimum de sens critique). Un gros pavé de presque trois cent pages et trente auros qui réjouira votre petit cousin de quatorze ans, à ne pas placer sous le sapin de votre grand oncle de quarante qui a découvert les comics dans les seventies, et qui pourrait bien vous en vouloir jusqu'au prochain réveillon. WWH, ça le fait vraiment, à condition de le prendre pour ce qu'il est : un divertissement simple et immédiat, sans grande portée artistique. 
 
Rating : OOOOO 


Spoiler Zone : LADY MECHANIKA 0 (Joe Benitez)



LADY MECHANIKA 0

(Joe Benitez/Joe Benitez/Peter Steigerwald - Aspen comics)

Nous sommes en 1878. Une traque s'organise contre une créature en partie mécanique, qui sème la terreur autour d'elle. Parmi ceux qui l'ont pris en chasse, une femme, splendide, elle aussi dotée d'attributs mécaniques, la dernière réalisation en date de Joe Benitez. Mais aussi une compagnie d'armements que l'on devine motivée par de sombres intentions, la Blackpool Armaments Co, et son dandy de patron, Nathaniel Blackpool. Fort heureusement, c'est la belle Lady Mechanika qui trouve le fugitif en premier, et découvre par là même qu'il n'y a en fait rien à craindre de cette créature finalement fragile et apeurée, qui lutte pour sa survie et pour ne pas tomber entre les griffes de ses prédateurs. Fait encore plus surpenant, celle ci semble reconnaître notre héroïne, et savoir qui elle est. Ce qui n'est pas une mince affaire, car Lady Mechanika, aussi puissante et résolue semble t'elle, s'interroge sur sa propre identité et est à la recherche de ses propres souvenirs. Une sorte de Wolverine en jupon et en boulons, avant que ce dernier ne se souvienne tout à coup de son passé chargé en rebondissements.

Pour ce qui est du cahier des charges d'un véritable numéro zéro, Benitez nous comble ; il nous donne envie de lire la suite sans pour autant trop nous en dévoiler et garder au futur numéro un toute sa saveur et son intérêt. La personnalité de Lady Mechanika, et sa némésis (Blackpool) sont introduits en quelques pages, entre cruauté, mystère, et formes généreuses et sexys (pour un être mi chair mi machine la créature de Benitez est vraiment bien dotée. L'a t'il remplie de silicone?). Les faiblesses du personnage principal en font un nouvel avatar du héros/héroïne hors norme et capable de sanglantes parenthèses, mais qui sait conserver son humanité en dépit d'interrogations récurrentes sur un passé qu'on devine tourmenté mais qui lui échappe en continuation. Benitez donne dans le Steampunk basique, et nous ne pourrions le lui reprocher, puisque c'est en lisant un ouvrage sur le sujet que lui est venue l'idée de cette nouvelle série, qui a déjà su s'attirer les faveurs du lectorat américain, en atteignant rapidement la troisième impression. En attendant qu'un jour prochain le titre débarque aussi en France, pour un succès qu'on devine déjà évident.

Rating OOOOO

En kiosque : DC HEROES 1 Flash Renaissance


 

DC HEROES 1 : Flash Renaissance


(Flash Rebirth 1-6)

Bonne pioche pour le lancement du nouveau trimestriel DC signé Panini : rien de moins que la mini série complète Flash:Reborn, signée Johns et Van Sciver. Que du lourd. Flash est plus une franchise qu'un héros singulier. Il faut savoir que différents individus se sont succédés sous le costume écarlate. Mais le plus célèbre et aimé d'entre eux est assurément Barry Allen.

Barry s'était immolé pour sauver l'univers, voici bien longtemps, au terme de la saga mythique "Crisis on infinite Earths". Mais il n'est pas mort pour autant. il était retenu à l'intérieur de la "Force véloce", la source du pouvoir de tous les bolides, dont on apprend qu'il est à l'origine, par ailleurs. Son retour coincide aussi avec celui du Prof.Zoom, son ennemi intime, sa némésis, qui a concoté un plan diabolique pour le faire souffrir, lui et les siens. Nous apprenons d'ailleurs, coup de théâtre, qu'il est à l'origine de la mort de la mère de Barry, qu'il a assassiné en remontant dans le temps. Il est intéressant de voir que ces opérations de "ret-con", à savoir revenir sur des événements immuables du passé, pour en donner un sens nouveau, ou même complétement les reprendre, sont aujourd'hui le sel prisé du comic-book moderne. Comme si les scénaristes de ce début de siècle ne savaient plus aborder leurs récits que sous l'angle du révisionisme, incapables de création originale ex-nihilo sur laquelle construire ensuite un nouveau pan de la légende.

Bien sur, pour apprécier et savourer toute cette saga, un minimum de connaissances de l'univers des Flash est indispensable, et vu les traductions aléatoires en Vf ces dernières decennies, et la complexité de la chose (la saga des Flash ce n'est pas ce qui se fait de plus simple), les lecteurs les moins aguerris pourraient être décontenancés par ce récit qui puise à pleines mains dans la vaste tapisserie de la continuity Dc. Dommage : armez vous de patience, Wikipedia, et de vieux comics, car ce Flash:Reborn, qui a vu le jour avec bien du retard (le très bon Van Sciver est aussi très lent et la dernière partie de cet album s'est longtemps faite désirer), servi sur un plateau, en intégralité, pour moins de six euros, c'est tout de même une bien belle affaire avant les fêtes.



Rating : 00000


N'en déplaise aux intentions premières de Panini, comme le démontre la couverture ici reproduite, la nouvelle revue, d'abord baptisée DC Legacy, est en kiosque sous le nom de DC Heroes.







 








Spoiler Zone : SHADOWLAND 5 La fin pour Matt Murdock?



SHADOWLAND 5 (of 5)

(Andy Diggle/Billy Tan - Marvel comics)

Comme vous le savez, Marvel  a choisi d'abandonner sa politique d'événements dilués et tentaculaires, pour se recentrer sur des crossovers ou des "events" plus ciblés et brefs. C'est ainsi que s'achève ce mois ci SHADOWLAND, dernier grand moment made in Marvel, qui donne le rôle principal à Daredevil, un de nos héros urbains les plus aimés et ce depuis des décennies. Une bien belle idée qui en a fait saliver tant, depuis les premiers teasers, mais qui a fini par s'essouffler rapidement, et qui a finalement acouché d'une souris. Tout d'abord, ceux qui ont assisté à la lente chute de Matt Murdock, puis à son redressement (avant qu'il fricote avec la Main et ses ninjas...) sur les derniers 100% Marvel en son honneur, vont devoir accepter l'idée qu'ici, c'est le concept même du personnage qui est trahi : point de crise nerveuse ou de décision guidée par le ressentiment ou la colère, Matt est possédé par un démon, donc irresponsable et fou furieux. Et également, ce qui ne gâte rien, doté de nouveaux pouvoirs et quasi invincible (il éteint le feu mystique de Ghost Rider en l'aspirant, par exemple). Dans sa folle tentative de faire régner son ordre, et de soumettre New-York à sa loi martiale, le démon/Matt Murdock se heurte à toute une panoplie de héros qui interviennent à tour de rôle pour se prendre la fessée de l'année. Là où Spidey ou encore Luke Cage échouent, c'est Iron Fist qui purifie Daredevil de son esence sombre avec la force de son "Chi", de son poing d'acier, et ce alors que quelques secondes auparavant il semblait pourtant avoir eu son compte. Finesses scénaristiques, dénouement un peu facile. Billy Tan n'est pas mauvais aux crayons, loin de là, même si ses personnages sont si souples qu'on les dirait faits de pâte à modeler et leurs membres s'étirent parfois à la limite du raisonnable (n'y voyez aucun sous entendu sexuel...). Les personnages secondaires de la vie de Matt, comme Foggy par exemple, semblaient pouvoir apporter cette étincelle d'humanité propre à sauver leur ami, mais au final, ils ne servent que de faire valoir, au point que le bon Nelson est abandonné sur un toit, en pleine tentative d'ascension, par un Ghost Rider un peu pressé. Le final est un feu d'artifices de banalités : Matt semble mort, puis ne l'est pas. Son corps a disparu, et on le retrouve à la planche suivante, dans une église (depuis longtemps le lieu idéal pour se ressourcer chez Daredevil). Le Kingpin est de retour, et bien entendu, il avait depuis le début son agent double dans la place (Typhoïd Mary). Tout semble orchestré pour nous ramener vingt ans en arrière dans la vie du personnage, comme pour faire table rase de l'ère Bendis/Brubaker, pourtant artistiquement si riche. Marvel a donc la mémoire si courte, et ne se souvient plus des conditions dans lesquelles avait sombré le héros avant que Quesada ne le relance avec brio?

Rating : OOOOO

EN KIOSQUE : SPIDER-MAN 131 Le château de sable





EN KIOSQUE : SPIDER-MAN 131

(Amazing Spider-man 615 - 616 - 617 - Web of Spider-man 3)


On croyait avoir tout connu tout vu avec l'Homme Sable. D'abord simple vilain particulièrement remonté contre Spidey et les 4 fantastiques, nous l'avions par la suite retrouvé repenti, aux cotés de la belle Silver Sable, comme mercenaire au grand coeur. Suivi quelques années plus tard par un nouveau revirement, le retour de la force obscure, en quelque sorte. Mais ce mois ci, sur les pages de la revue Spider-man (qui au passage a retrouvé bien des couleurs et mérite à nouveau de faire partie de votre liste d'achats mensuels), nous découvrons l'intimité du personnage. Qui a enlevé la petite Keemia, dont il décide de faire sa "princesse", sa fille élective, et pour laquelle il a construit un véritable château sur Governor's Island, en plein New York. Construit avec son corps, son sang, sa sève, c'est à dire son sable. L'intimité du vilain est exposée en plein jour : désormais capable de se démultiplier, de s'étendre presque à l'infini, nous plongeons, avec Spider-man en guide bien malgré lui, dans les entrailles du criminel au pull over vert rayé, pour une aventure en deux volets pleine d'action mais aussi de tendresse, où les meilleures intentions ne sont pas forcément celles qui seront les mieux perçues, quand regardées à travers les yeux d'une enfant innocente qui ne demande qu'à être aimée. Du bon travail de Fred Van Lente, qui n'est pourtant pas mon scénariste du moment, secondé agréablement par les crayons simplistes mais expressifs de Javier Pulido.    

Et le niveau de la revue va crescendo : après Sandman, c'est au tour de Rhino de revenir sur le devant de la scène (tout cela dans le cadre d'une vaste opération de dépoussièrage des vilains traditionnels de la série, qui porte un nom : The Gauntlet). RhinoS avec un S puisque l'ancien du nom, Aleksei Systevich, a remisé le costume au placard pour mener une vie paisible avec sa douce moitié, qu'il a rencontré à sa sortie de prison et pour laquelle il a désormais décidé de changer de vie. Hélas pour lui un nouvel individu a récupéré la cuirasse de rhinocéros, qui plus est version améliorée 2.0, et n'a de cesse de défier son prédecesseur pour imposer sa suprématie. Le tisseur de toile va t'il parvenir à convaincre Aleksei a renoncer une bonne fois pour toutes à la violence? On le souhaite tant la nouvelle existence de ce dernier fleure bon la seconde chance, et qu'on voudrait enfin le savoir heureux. Excellent récit de Joe Kelly, avec les dessins tourmentés de Max Fiumara pour le seconder efficacement.

Rating : 00000






ULTIMATES 1 : SUPER-SOLDAT (Marvel Deluxe) Les Vengeurs 2.0


A tous ceux qui ne connaissent qu'imparfaitement l'univers Marvel, ou que la rhétorique irritante du super héros propre sur lui et bien gentil reboute, voici venir la panacée : ULTIMATES, volume 1. La naissance du plus grand groupe de super héros, les Vengeurs ( ici rebaptisés Ultimates) est revisité de manière époustouflante et irrésistible. Entre un Thor mi hippie mi illuminé, un Hank Pym qui tabasse sa femme et la laisse pour morte, dans ce qui est probablement la scène de ménage la plus spectaculaire jamais pensée dans un comic-book, ou encore un Tony stark milliardaire cynique et calculateur, il y a de quoi faire, dans cet album. L'humour coule à flots et les dialogues oscillent continuellement entre le sarcasme génial et le réalisme le plus jouissif. Oubliez Hulk qui du plus profond de sa colère ancestrale, ne parviens qu'à articuler "Hulk méchant, hulk tuer". Avez vous déjà entendu auparavant le géant vert se pourfendre d'un "Hulk va t'arracher ta tête et après il pissera dans ton crâne"? Ou vu Captain America achever un adversaire battu et qui se rend, d'un coup de botte militaire dans le menton? Au départ, la ligne Ultimate avait pour but de permettre à tous ces nouveaux lecteurs, rebutés par des décennies de continuity et qui n'y comprenaient plus grand chose aux élucubrations marvéliennes, de prendre le train en marche et de découvrir un Marvelverse 2.0 un peu plus à la page. En respectant les canons de la modernité, c'est à dire moins de tabous pour ce qui est de la violence, du sexe, de l'irrévérence. Un monde plus jeune, moins guindé, où le super héroïsme et l'angélisme ne font pas bon ménage.


 
On présentait déjà que Mark Millar avait l'étoffe d'un chef de file des grands scénaristes de l'ère moderne des comics mainstream. On obtient ici une frappante confirmation, avec un récit électrisant qui alterne action pure et humour corrosif. Quand aux dessins de Brian Hitch, ils sont tout simplement le meilleur écrin possible pour ce bijou immanquable : expressifs, puissants, lumineux. Certains reprocheront à l'ensemble un petit coté figé, glacé, mais l'inventivité des cadrages et la profusion de détails rendent tout pinaillage assez vain. La collection Marvel Deluxe correspond parfaitement à ce type d'œuvre : grand format, 13 épisodes d'un coup (par contre, Panini saucissonnera le second opus, vendu à la découpe pour de piètres raisons mercantiles). Ici, nous avons droit aux deux arcs narratifs qui composent l'intégrale de la première saison. Dans le premier, la formation des Ultimates repose sur le retour de Captain America à notre ère, et l'interaction entre des personnages qu'il semble bien impensable de voir travailler ensemble avec profit. Dans le second, des extraterrestres à l'apparence humaine menacent sérieusement notre planète. L'occasion pour nos héros de prouver que leur force de frappe ne connait pas de limites. L'ensemble forme ce qui ressemble de près à un chef d'œuvre indispensable, qui devrait trôner sur vos étagères, que vous soyez lecteurs réguliers de comics ou pas.

Rating 00000

DAREDEVIL : JAUNE Naissance torturée d'un grand superhéros


Jaune. Comme la peur, la nostalgie, la malchance, au choix, faites le votre. Matt Murdock n'a pas pu faire le sien, c'est le destin, cruel et implacable, qui régit l'enfance et l'adolescence de ceux que le sort a élu pour devenir des super héros. A commencer par l'assonance de ce nom devenu si célèbre, MM, deux initiales pour un parcours hors pair. Le jeune Matt a déjà un cœur héroïque, il n'hésite pas un seul instant à se sacrifier pour éviter à un aveugle imprudent de finir sous les roues d'un camion. Qui transportait, fatalité quand tu nous tiens, des déchets toxiques qui vont priver le jeune courageux de l'usage de la vue, mais amplifier de manière formidable tous ses autres sens. Vous connaissez cette genèse, inutile d'en rajouter. Alors pourquoi y revenir, pourquoi s'attarder ensuite sur Matt jeune avocat tombant raide dingue de sa secrétaire, la belle Karen Page, quand tout cela a déjà été dit et redit, illustré et thésaurisé? Parce que la nostalgie, c'est le pouvoir de se retourner sur les faits du passé, et d'en tirer à chaque fois de nouvelles leçons, de nouvelles anecdotes, une nouvelle lumière. Jaune, cette fois. Et ce sera un petit bijou, comme savait en écrire Jeph Loeb, avant les récentes inepties à base de Red Hulk, par exemple.


Le drame chez le superhéros moyen se joue aussi au niveau familial. Matt perd son père, boxeur sur le retour et grugé par son imprésario mafieux, lorsqu'il refuse de se coucher et remporte un ultime combat qu'il aurait perdre. Prendre en chasse les responsables de cet acte odieux sera la première mission du nouveau justicier. Si dans la version de Miller et Romita Jr (Daredevil – Man without fear) le jeune Matt se lance tête baissée dans la mêlée et sans une identité secrète distincte, chez Loeb et Sale il prend le temps de se confectionner un costume, de se créer une nouvelle identité qui va définitivement chasser les doutes et la peur, pour les instiller chez l'ennemi, qui n'a plus qu'à trembler. Costume jaune et rouge, le premier, l'originel. Mais la peur et le doute ne sont pas si lointaines... ces sentiments se sont juste modifiés, investissent d'autre champs de la vie quotidienne : Matt pourra t'il séduire la douce et tendre Karen Page, ici en parfaite caricature de la jeune ingénue hollywoodienne, donzelle innocente en attente de sauvetage héroïque. Et ça tombe bien, c'est une spécialité, pour Daredevil. Au risque de devenir un rival inabordable pour Matt, muré derrière un secret qu'il ne peut révéler à personne. Classique et tragique, Loeb n'invente rien mais repropose avec justesse et délicatesse. Tim Sale donne du volume au récit avec un trait propre, clair, délicieusement old-school. Et les fans nostalgiques de Daredevil ont trouvé là une base sur laquelle édifier leur passion pour ce diable de casse-cou et de séducteur impénitent qu'est Matt Murdock. (en VF vous trouverez Yellow/Jaune dans la collection 100% Marvel Daredevil, Tome 3)

Rating OOOOO

Avengers en kiosque : Le point sur les séries régulières


Puisque le Dark Reign est désormais pratiquement conclu, et que SIEGE débarque enfin dans nos kiosques, jetons donc un regard rapide sur les différentes séries liées aux Vengeurs, qui n'auront jamais autant été lu et recherché que ces derniers mois. Et commençons le tour d'horizon avec un saut chez les Dark Avengers (dans la revue Dark Reign – DA 13) qui vivent leurs dernières heures. Sentry, leur membre plus éminent, n'a jamais été aussi inquiétant, de par sa toute puissance. Pourtant, son épouse pensait bien être enfin libéré de lui; hélas, peine perdue, comment tuer celui qui semble bien immortel? Le bon coté de l'histoire, c'est que nous apprenons la véritable version des origines du héros, qui entre en contradiction avec ce que nous avait appris Jenkins en son temps. Bendis nous révèle, par la bouche de Lyndi, que Sentry est le produit de l'absorption d'une drogue, que Bob Reynolds n'est en fait qu'un junkie de plus, qui aura eu la bonne fortune de faire le trip ultime, dont il n'est toujours pas revenu. Depuis, ne pouvant gérer des pouvoirs qui dépassent l'entendement (Superman à coté semble un boy-scout impuissant), il s'est infligé une punition schizophrène en construisant un alter égo sombre et destructeur, Void, qui annule proportionnellement tout le bien qu'il peut faire en tant que Sentry. Nous parlions de ses pouvoirs infinis : même un plongeon au cœur du soleil, comme c'est le cas ce mois ci, ne saurait l'arrêter. On souhaite bien du plaisir à ceux qui vont devoir se dresser sur sa route, notamment aux forces asgardiennes attaquées par Norman Osborn, sur « Siege » justement.


Les Mighty Avengers, eux, m'ont profondément ennuyé, depuis leur création. Mais Dan Slott réussit cette fois à faire prendre la sauce, juste à temps pour que nous comprenions que l'équipe est vouée à disparaître. Le génie scientifique de Hank Pym fait des miracles : il est même parvenu à emprisonner Loki, le Dieu des menteurs, pour lui soutirer certaines informations capitales. L'épisode oscille entre petites anecdotes sympathiques (Jarvis préparant le petit déjeuner en allant puiser ses ingrédients sur les marchés du monde entier, grâce à la téléportation) et la tension occasionnée par Quicksilver, qui n'en peut plus d'attendre et souhaite savoir quel a été le destin de sa soeur, Wanda Maximoff. Loki est à la merci des héros, mais il a toujours un bon plan dans son sac pour sauver les meubles : en l'occurence faire appel à son demi frère Thor, et jouer sur la corde sensible de la famille pour obtenir sa libération. Cerise sur le gâteau, la surprenante décision de Pym, qui fait une proposition pour le moins déroute à l'asgardien, une fois délivré de ses chaînes. Comme je vous le disais, ça sent la fin de parcours pour ce groupe de vengeurs, et c'est peut être là que ça devient le plus intéressant (avec le retour prévisible d'Ultron, pour boucler la boucle, puisqu'il fut sous la plume de Bendis le premier opposant de cette formation)
Et finissons en avec les « New Avengers » qui depuis le temps sont un peu moins «nouveaux » que le titre de leur série voudrait le faire croire. 61 épisodes sont passés sous les ponts, tout de même. Je dois dire que ce titre est le plus ambivalent : parti sur de très bonnes bases, avec un fort potentiel indéniable, il a bénéficié du style « Bendis », ce mix d'humour décalé, de soap-opéra et d'action brute qui frappe fort dans le fourmilier de la sacro-sainte continuity. Mais aussi des défauts inhérents au bonhomme, à savoir la dilution infinie de la trame : Brian écrit pour les trade paperbacks, et utilise parfois dix planches là où dans les années 80 n'importe quel auteur aurait employé deux cases. C'est fort intéressant pour Marvel qui est gagnant dans l'affaire, mais frustrant pour nous. Par exemple, toutes les aventures vécues en parallèle des « main events » comme Secret Invasion, ou encore Civil War, ont régulièrement été, chez les New Avengers, entachées de redites, d'un ralentissement flagrant du propos, d'une façon certes agréable d'aller voir dans les marges du récit, mais sans que cette excursion narrative ait au final le moindre poids conséquent sur la saga en elle même. Cela semble encore le cas ce mois ci : les Vengeurs sont attaqués par un groupe de vilains aux pouvoirs boostés par les pierres des Nornes, petit cadeau offert par Loki à Hood et ses sbires. Castagne et humour décalé, mais rien d'indispensable ou de renversant ne se produira sur les pages du titre, qui endosse encore une fois le rôle de simple supplément d'informations, d'appendice dispensable, à l'action véritable, à l'enjeu principal, qui peut se lire sur les pages de « Siege ».
Les Vengeurs ont eu tendance à trop se diluer, au point de perdre partie de la saveur originelle, du piment qui les distinguait depuis quelques années. Tout le pari, à l'aube de la nouvelle ère Marvel post Dark Reign, sera de recentrer les enjeux et de rendre incontournable à nouveau le rendez-vous avec les plus grands héros de la Terre, afin qu'il ne soit plus le simple appendice de régulières sagas annuelles, au final usantes et redondantes. L'avenir serait-il de faire un pas en arrière?

AGE OF X : Le renouveau mutant

La bonne nouvelle de la semaine, c'est peut être AGE OF X. Un nouveau départ pour toutes les séries mutantes? Il faut dire que l'univers X s'est bel et bien embourbé ces temps derniers, entre une désaffection du lectorat et des scénarii pas forcément exceptionnels. Personnellement, depuis Messiah Complex, je n'ai pris quasiment aucun plaisir à lire une histoire, je dis bien une seule, liée aux personnages classiques des X-men. Seule la partie graphique de la dernière mouture d'X-Force, et bien sur X-Factor, ont évité le naufrage total. Alors un grand redémarrage imminent aux States, c'est peut être aussi l'espoir qui renait. Tel le Phoenix?

En kiosque : SPIDERMAN 129 Souvenirs de Ben Reilly...


Mais qui était donc Ben Reilly? Pour la grande majorité des lecteurs de Spider-man, ce personnage n'a rien d'un grand inconnu. Nous savons (presque) tous qu'il s'agissait du clone de Peter Parker, crée par le fortement perturbé professeur Miles Warren. Qui d'ailleurs n'a pas seulement oeuvré à la création de Ben, mais a produit d'autres "petits frères" dont le premier d'entre eux, un certain Kaine, s'avéra vite déféctueux, au point d'entamer un lent processus de dégénérescence cellulaire. Aujourd'hui, dans une réalité arachnéennne post "Brand New Day", plus personne ne se souvient de l'identité de l'homme derrière le masque, sauf Kaine, apparemment. Le voici qui déboule à nouveau dans la vie de Peter, juste au moment où celui ci a déjà fort à faire avec un autre agité du bocal, Damon Ryder, le chef de travaux du défunt Ben Reilly (mort entre temps, vous ne le saviez donc pas?), qui depuis qu'il a tenté de combiner son Adn avec celui d'un dinosaure, a certes hérité de pouvoirs remarquables (super force ,entre autres) mais est devenu instable, voire déséquilibré. Il accuse d'ailleurs Ben d'être à l'origine du meurtre de toute sa petite famille (qui a péri dans un incendie). Vous pouvez comprendre sa réaction en face de Peter, le clone, la réplique parfaite. N'ayant pas, comme nous à l'époque, suivi avec intérêt la saga du clone justement, il n'est pas en mesure de faire la différence entre les deux, et est bien convaincu qu'il s'apprête enfin à se venger de Ben. Vous avez tous compris? Parfait, action!


Trois épisodes forment cette « saga complète » qui souffre d'un gros défaut : une sous exploitation évidente, une tension narrative potentiellement explosive mais résolue de la plus banale et expéditive des manières. Bref, un départ raté pour Guggenheim qui quitte par la même le titre Amazing Spider-man. Lorsque Ryder fait irruption dans la vie de Peter, qu'il accuse ce dernier d'être Ben Reilly, d'avoir commis les crimes cités plus haut, et tout cela devant la rédaction au complet de Front Line (Ben Urich en tête) ou devant Harry Osborn et les cousines de Parker, on se dit que notre héros va devoir se démasquer, bien malgré lui (Allo Méphisto? Ce ne serait pas possible de tout effacer à nouveau et de repartir sur de nouvelles bases?). Mais voilà, Deux ex Machina, Kaine sauve les meubles en ruant dans les brancards, transformant une douloureuse attente (Parker sur le point de se résoudre à l'impensable) en un bon gros pugilat stérile. Au bout du compte, tout le monde se porte bien. Les méchants prennent la fuite avant l'arrivée tardive de la Police, le secret de Spidey en est toujours un, et les lecteurs seront-ils assez bête pour croire qu'un fin limier comme Urich ne devrait pas avoir la puce à l'oreille, et enquêter?
Le mensuel se termine avec une quatrième ration d'AMS. Cette fois, Spidey et Deadpool doivent en découdre. Humour potache, lourd, blagues de collégiens attardés (un concours d'insultes sur la mère de l'antagoniste...), bref, on se demande si tout cela est bien sérieux. Aux dessins, un Eric Canete qui laisse planer le doute : petit génie ou grosse imposture? Son style cartoon/caricature se prête bien aux délires de Deadpool, mais peut dérouter, voire déranger, l'habituel lecteur d'aventures superhéroïque. A chacun son jugement. En tous les cas, ce numéro d'octobre ne restera pas dans les annales comme le meilleur de l'année...
 
Rating OOOOO

Sondage X-men : Les résultats

Retour donc à la normale, sur ce site. J'ai du effectuer un long et fastidieux déménagement, avec une connexion Internet qui n'a pas été rétablie tout de suite, ce qui est même un euphémisme. Au total, près de 25 jours sans pouvoir me connecter, sans oublier le temps necessaire à l'installation et aux prises de marque dans mon nouveau chez-moi.
Bref, le sondage sur les X-men est terminé.
Quelle surprise de voir que comme prévu, la saga du Black Phoenix s'est imposé assez facilement. Claremont remporte une palme d'or méritée. Derrière, vous avez choisi House of M/Decimation. Sans avoir été un chef d'oeuvre, cette saga a tout de même bien révolutionné la mautanité, et ouvert de nombreuses nouvelles perspectives qui se sentent encore sur les pages de nos comics d'aujourd'hui. Enfin l'Ere d'Apocalypse et X-Cutionner Song sont à égalité sur le podium. De bons moments quand on y repense, tout de même! Absolument rien pour Messiah Complex, la dernière publication en date. Faut-il en conclure que le sort des mutants n'interesse plus les lecteurs?

WOLVERINE NOIR (100% Marvel)


Que vaut vraiment la collection "Noir" de Marvel? Les avis sont partagés, et souvent le grief est le même : la sensation d'être floué, avec une énième présentation/revisitation d'un théme récurrent, à savoir rien de plus qu'un bon vieux et gros "What if" étalé sur 4 numéros. L'étiquette "noir" étant là juste pour ajouter une touche de crédibilité artistique. Le troisième volume publié en Vf par Panini concerne Wolverine, et le moins que l'on puisse dire, c'est que pour ce qui est du dessin, il y a peu à critiquer. C.P.Smith propose des planches remarquables où les ombres et l'obscurité sont pratiquement des personnages à part entière, où la noirceur et le coté glauque de la ville prennent le lecteur aux tripes dès les premières cases. Pour le récit en lui même, nous avons droit à un Logan detective privé, et apparemment sans pouvoirs particuliers. Il n'a pas de griffes en adamantium qui jaillissent de ses poignets, mais il aime faire joujou avec tout ce qui possède une lame, et il sait s'en servir. Pour sauver son associé en affaire, qui disparait mystérieusement alors qu'il enquête sur le cas d'un certain Creed (Sabretooth dans l'univers Marvel classique, bien entendu), notre Wolverine "noir" va devoir se mettre en danger. Il faut dire qu'il a été recruté par une japonaise très distinguée, l'éthérée et l'élégante Mariko Yoshida, ce qui permet d'emblée de comprendre que le cast habituel du canadien tout terrain a été recyclée à la sauce "noir", ce qui se vérifie par la suite avec Yurikyo. Une combattante ninja free-lance qui n'a jamais froid aux yeux, qui débarque dans la vie de Logan pour lui prodiguer quelques conseils et lui rouler un patin, avant de disparaitre quelques secondes plus tard.



L'aspect bestial, animalesque de Logan est au centre du récit. Sans vous dévoiler toute l'intrigue et vous gâcher le plaisir de la lecture, il a eu un coup de foudre très jeune pour la jolie Rose, qui malheureusement n'aboutit sur rien de concret. Pire encore, c'est son domestique en quelque sorte, "Dog", tout en muscles et rien en finesse, qui recueillera les faveurs de la donzelle. Une déception amoureuse, une frustration de ce type, peut elle définitivement faire basculer un individu prédisposé à la violence? Oui, répond Stuart Moore, et c'est d'ailleurs ce qui expliquera, au chapître trois, les liens qui unissent Logan et son associé en affaire, qu'il protége et deteste en même temps. La façon dont le récit progresse, les indices laconiques et insaisissables que laissent les présences féminines de l'album, tout cela donne une sensation de claustrophobie rehaussée par les dessins de Smith, mais qui n'aboutit sur rien de sensationnel ou d'éclatant. Wolverine Noir est au fond un "noir" classique et appliqué, qui ouvre une très brève fenêtre sur ce qu'est Logan dans l'univers Marvel classique, le temps d'une reflexion sur ce qu'il pourrait être s'il était dominé totalement par des instinct bestiaux. Et qui se referme dans le nihilisme le plus complet, où la rédemption n'a guère de place, où les erreurs du passé marquent votre existence à jamais, où la patine de respectabilité n'attend que cet écho lointain des pêchés pour voler en eclat et laisser libre cours à la rage de la bête. Noir c'est noir, et sans espoir, pour Wolverine.

Rating : OOOOO

Spoiler Zone : AVENGERS 1 Le coup d'envoi de l'Heroic Age


Que l'âge des hèros commence. Le Dark Reign est achevé, Norman Osborn est tombé, et c'est Steve Rogers qui vient d'être nommé en charge de la coordinnation entre super héros, gouvernement, et services de contre espionnage. Tout un symbole, lourd de sens. C'est d'ailleurs lui qui va pouvoir recruter parmi ses alliés de toujours, pour constituer un nouveau team de vengeurs, qui n'aura pas vraiment le temps de chômer, cela dit au passage. La nouvelle équipe ne présente pas de surprises renversantes, du genre "ancien vilain reconverti dans la défense de la veuve et de l'orphelin" Tout juste est-on soulagé de revoir Clint Barton réendosser son traditionnel costume d'Oeil de Faucon, et Tony Stark enfin se rabibocher avec Steve. Certes, on devine que ce ne sera pas si simple, et Tony semble éprouver de légitimes scrupules, mais l'essentiel de la brouille est derrière eux : les héros sont de retour, que diable! La vraie nouveauté, c'est la présence de Maria Hill, qui va désormais être aux vengeurs ce que pouvait être aux Dark Avengers, une sorte de responsable des opérations, avec pouvoir décisionnel. A peine réunis, nos paladins de la justice se retrouvent nez à nez avec Kang, le voyageur du futur, qui pour une fois, affirme ne pas venir en ennemi (Thor lui a déjà balancé son marteau dans la figure, notons au passage, avant même ses explications). Il vient même quêmander l'aide de ses anciens ennemis pour préserver la Terre d'un danger inattendu... Ce seraient les fils, les rejetons de nos héros, qui la mettrait en grave péril! Depuis quand ont-ils une descendance? Pourquoi, comme par hasard, leurs fistons respectifs seraient-ils ensemble, pour un but commun? Il va falloir que Bendis nous explique tout cela très bientôt, car pour le moment, ça semble assez tiré par les cheveux, et pas si formidable, pour une grande première. On se croirait dans un numéro de "Mighty Avengers", le titre bancal et de trop, à mon humble avis, qui persévère encore à ce jour en Vf, pour ses dernières sorties, sur les pages de Marvel Heroes. Et ça n'est pas un compliment. Romita Jr assure la partie graphique avec plus d'attention, de précision, d'incisivité, qu'il ne l'a fait récemment sur "Punisher:The list", par exemple. Il faut dire que l'encrage de Klaus Janson y est pour quelque chose, au point qu'on a l'impression claire d'assister à une synergie totale entre les deux grands artistes. Qui malheureusement n'ont pas à produire une grande histoire, juste de banales retrouvailles entre super héros, qui laissent un arrière goût d'inachevé. Souhaitons que ces prochains mois parviennent à démentir cette impression.

Rating : OOOOO

BLACK ADAM : THE DARK AGE Sanglantes représailles chez DC


Vous aimez les personnages controversés, torturés, déchirés entre le mal et le bien, un pied dans chaque camp? BLACK ADAM est donc un de vos pupilles, si je ne m'abuse. Qui d'autre, en effet, pour assumer cette définition chez Dc comics, depuis son grand retour sur le devant de la scène à l'occasion d'Infinite Crisis. Suite à la longue maxi série 52, dont nous avons déjà parlé, Black Adam (autrefois Teth Adam, à l'ère egyptienne, avant une longue traversée du désert imposée par le mage Shazam qui avait emprisonné son âme des siècles durant) était (re)devenu maître absolu du pays nord africain de Kahndaq, au point d'en interdire l'accès fermement à tout intrus non expressément invité, sous peine de représailles sanglantes. Il avait d'ailleurs écartelé un terroriste en public pour illustrer son propos, ce qui avait choqué la communauté des héros bien pensants. Mais Black Adam est au fond un grand sentimental, au point qu'il est tombé sous le charme d'Adrianna Tomaz, une jeune vierge que le sinistre Intergang comptait lui offrir pour pouvoir commercer en ses contrées. S'il a refusé le cadeau, le grand puissant local a trouvé l'amour, et a bien vite épousé la demoiselle, lui conférant même des pouvoirs semblables au siens, la transformant ainsi en Isis, une demie déesse. Les deux époux sont partis ensuite à la recherche du frère d'Adrianna, entre temps vendu comme esclave, et sauvé in extremis par nos héros, avant d'être lui aussi magnifié et transfiguré en Osiris, investit de pouvoirs similaires à celui du beau frère. Mais le calme et la volupté ne durent jamais bien longtemps pour les super héros. Isis et Osiris furent sauvagement assassinés par les machinations d'Intergang, provoquant chez Adam une noire colère que rien ni personne ne put tarir. Il declara la guerre à l'humanité entière, et chercha la veangeance, plus que la justice, au point de trucider des millions de personnes, la plupart innocentes, durant une brève semaine de conflit, la 3° Guerre Mondiale (dénommée telle quelle par Dc comics), relatée dans 4 numéros spéciaux et aussi la maxi 52. C'est finalement Captain Marvel qui parvint à stopper l'horreur, privant Black Adam de son pouvoir et réussisssant à modifier le "mot de passe" qui permet la transformation de Teth Adam en son avatar surpuissant (les pouvoirs de Captain Marvel ont une source commune, issue de la magie de Shazam). Désormais, Black Adam n'est plus, et seul substiste son alter égo humain, Teth, motivé par une farouche détermination : ressusciter son épouse défunte, et recouvrer ses pouvoirs pour exercer de sanglantes représailles. Rien de moins que ça.


 
Peter Tomasi nous narre donc cette folle quête, où Teth/Black Adam doit composer avec sa propre mortalité. Pour être certain de ne pas être reconnu, et pouvoir rentrer à nouveau au Kanhdaq, il demande à un de ses fidèle de lui ravager le visage à coups de poings jusqu'à ce qu'il soit tellement tuméfié qu'il en devienne méconnaissable : un masque pouvait suffire, mais Adam ne fait pas les choses à moitié, et on le soupçonne d'avoir un petit coté masochiste. Une fois retrouvé les restes de la dépouille de sa bien aimée, il tente de l'immerger dans le puits de Lazare, mais le sortilège ne fontionnera pas complétement tant qu'il n'aura pas mis la main sur les différentes parties de l'amulète qu'il lui avait confiée, et qui ont été volontairement égarées aux quatre coins du globe. En cours de route, Black Adam retrouve un moyen de recouvrer momentanément ses pouvoirs, même sans "mot de passe", et ce grâce au Docteur Light, expert en fourberies . Le hic, c'est qu'à chaque fois qu'il fait usage de cette possibilité alternative, l'essence vitale d'Isis perd encore un peu de sa substance, et qu'il va donc devoir en user avec parsimonie, s'il veut un jour retrouver sa belle épouse. Inutile de préciser que cet histoire poignante n'est pas franchement de tout repos, ni même une happy end convenue. On reste en haleine une grande partie du temps, et Doug Mahnke a suffisament de talent pour rendre des planches en grande partie très soignées, où la detresse et la résolution de Black Adam transfigure celui qui passe constamment du statut de grand vilain de l'univers Dc à celui de héros incompris et tourmenté. Nous aurions peut être pu avoir droit à ce petit bijou du mainstream Dc si Panini avait rencontré le succès escompté avec la maxi série 52, mais déjà que les derniers numéros de la revue ont été publié une fois tous les deux mois, au lieu du rythme mensuel de départ, il ne fallait pas non plus rêver. Du coup, les fans de la Distinguée Concurrence peuvent se mordre les doigts : le Tpb atteint déjà la cinquantaine d'euros sur Amazon...
Rating : OOOOO

En kiosque : MARVEL SAGA 6 Le Punisher contre une armée de vilains de série B


Revoici le Punisher, dans une aventure complète qu'il aurait fallu lire avant le "one-shot" The List sorti en début de mois. Mais en bons lecteurs impatients que nous sommes, nous ne l'avons pas fait, et nous nous sommes donc gâchés une partie du plaisir. Qu'à cela ne tienne, voici venir un numéro de Marvel Saga avec une "Dead End" en 5 parties, suivi d'un épilogue sous forme du premier Annual de la série de Remender. Le Punisher, toujours armé d'un sac à malices contenant toutes sortes d'objets chipés utilisés d'habitude par d'autres héros marvelliens (ici même un gant répulseur d'Iron Man!) et agrandis à coup de particules Pym, est encore épaulé dans sa lutte contre la criminalité par celui qui s'avérera être le fils de Jigsaw lui même. Puisque Norman Osborn a chargé The Hood de mettre un terme aux agissements de Frank Castle, le nouveau roi de la pègre, qui bénéficie de la magie noire de Dormammu, dont il tire ses pouvoirs, réssuscite toute une kiryelle de super vilains de bas étages, que le Punisher ou Scourge avait trucidé au fil de leurs carrières respectives. La Mouche, Firebrand, Basilic, que du lourd, voire du lourdeau. Revenir d'entre les morts ne rend pas plus intelligents, c'est pourquoi cet aréopage de ratés n'a guère de chance de parvenir à ses fins. Mais là n'est pas l'essentiel : The Hood a aussi ramené de l'au delà Microchip, le partner historique du Punisher, informaticien de génie, que les nostalgiques de l'ère Mike Baron regrettent encore (moi le premier...). Et celui ci est définitivement passé du coté obscur, à cause de la promesse qui lui a été faite, de ranimer également son propre fils. Pire encore... et là attention spoiler énorme pour ceux qui n'ont pas encore lu... The Hood ramène à la vie la famille de Frank Castle, femme et enfants, pour s'assurer la capitulation du justicier. Qui ne va pas prendre bien la chose, mais alors pas du tout. Au point que sa réaction est assez choquante et inattendue, comme s'il avait fini par comprendre que son parcours si violent lui excluait, à priori, tout espoir de rédemption, même lorsque celle ci se présente de manière aussi impromptue. Tan Heng Huat illustre le tout, avec de grosses lacunes évidentes dès qu'il s'agit de présenter correctement les traits des personnages, qui ne dégagent aucune expressivité particulière, hormi une stupeur béate ou une agressivité vite expédiée. Beurk.


Remender, je ne t'aime pas. Mais alors pas du tout. Sans remettre en cause ses choix scénaristiques (il y a quand même de bonnes choses et l'envie de faire évoluer le statut-quo) j'ai le sentiment que c'est sa vision du Punisher, de la place qu'il occupe au sein du cosmos Marvel, de sa charge allégorique, qu'il n' a pas su appréhender. Sans recourir à l'humour décapant à la Ennis, sans plonger dans la noirceur et la gravité de certains runs typiquement urbains qui ont fait la gloire du personnage, Remender hésite et fourre un peu de tout : une pincée caustique, des super héros en pagaille, un Punisher dramatique et dans le même temps hautement improbable (les particules Pym...), et bien sur, une bonne dose de décisions chocs, comme pour dire "Vous avez vu, moi j'ose, et encore ce n'est pas fini!". Une surrenchère qui va aboutir au FrankenCastle dont vous avez déjà surement entendu parler sur le net, et qui franchement, ne m'a pas convaincu du tout. Et je ne parle pas, vous aurez noté, de l'annual qui clot ce numéro de Marvel Saga. Complétement idiot, dessiné avec ses pieds par un Jason Pearson brouillon, on y voit juste un Spidey de passage, dans le rôle du bouffon de service, pour une histoire sans queue ni tête, simplement ratée. Et c'est vraiment dommage, car le postulat de départ (Castle sait désormais que même sa famille le condamnerait pour ce qu'il est devenu, l'excluant de toute rédemption possible) méritait mieux que cette série brouillonne, qui ne brille pas par son intelligence. Nous sommes loin, très loin, du Punisher à son sommet.

Rating : OOOOO

LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE

 Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterma...