WOLVERINE NOIR (100% Marvel)


Que vaut vraiment la collection "Noir" de Marvel? Les avis sont partagés, et souvent le grief est le même : la sensation d'être floué, avec une énième présentation/revisitation d'un théme récurrent, à savoir rien de plus qu'un bon vieux et gros "What if" étalé sur 4 numéros. L'étiquette "noir" étant là juste pour ajouter une touche de crédibilité artistique. Le troisième volume publié en Vf par Panini concerne Wolverine, et le moins que l'on puisse dire, c'est que pour ce qui est du dessin, il y a peu à critiquer. C.P.Smith propose des planches remarquables où les ombres et l'obscurité sont pratiquement des personnages à part entière, où la noirceur et le coté glauque de la ville prennent le lecteur aux tripes dès les premières cases. Pour le récit en lui même, nous avons droit à un Logan detective privé, et apparemment sans pouvoirs particuliers. Il n'a pas de griffes en adamantium qui jaillissent de ses poignets, mais il aime faire joujou avec tout ce qui possède une lame, et il sait s'en servir. Pour sauver son associé en affaire, qui disparait mystérieusement alors qu'il enquête sur le cas d'un certain Creed (Sabretooth dans l'univers Marvel classique, bien entendu), notre Wolverine "noir" va devoir se mettre en danger. Il faut dire qu'il a été recruté par une japonaise très distinguée, l'éthérée et l'élégante Mariko Yoshida, ce qui permet d'emblée de comprendre que le cast habituel du canadien tout terrain a été recyclée à la sauce "noir", ce qui se vérifie par la suite avec Yurikyo. Une combattante ninja free-lance qui n'a jamais froid aux yeux, qui débarque dans la vie de Logan pour lui prodiguer quelques conseils et lui rouler un patin, avant de disparaitre quelques secondes plus tard.



L'aspect bestial, animalesque de Logan est au centre du récit. Sans vous dévoiler toute l'intrigue et vous gâcher le plaisir de la lecture, il a eu un coup de foudre très jeune pour la jolie Rose, qui malheureusement n'aboutit sur rien de concret. Pire encore, c'est son domestique en quelque sorte, "Dog", tout en muscles et rien en finesse, qui recueillera les faveurs de la donzelle. Une déception amoureuse, une frustration de ce type, peut elle définitivement faire basculer un individu prédisposé à la violence? Oui, répond Stuart Moore, et c'est d'ailleurs ce qui expliquera, au chapître trois, les liens qui unissent Logan et son associé en affaire, qu'il protége et deteste en même temps. La façon dont le récit progresse, les indices laconiques et insaisissables que laissent les présences féminines de l'album, tout cela donne une sensation de claustrophobie rehaussée par les dessins de Smith, mais qui n'aboutit sur rien de sensationnel ou d'éclatant. Wolverine Noir est au fond un "noir" classique et appliqué, qui ouvre une très brève fenêtre sur ce qu'est Logan dans l'univers Marvel classique, le temps d'une reflexion sur ce qu'il pourrait être s'il était dominé totalement par des instinct bestiaux. Et qui se referme dans le nihilisme le plus complet, où la rédemption n'a guère de place, où les erreurs du passé marquent votre existence à jamais, où la patine de respectabilité n'attend que cet écho lointain des pêchés pour voler en eclat et laisser libre cours à la rage de la bête. Noir c'est noir, et sans espoir, pour Wolverine.

Rating : OOOOO

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