Oliver Queen a au moins deux points
communs évidents avec Tony Stark. C'est un miliardaire mondain, et il touche un
peu trop à la bouteille, à ses heures de libre. Ceci explique pourquoi il
participe à des ventes aux enchères en état d'ébriété avancée, qu'il se couvre
de ridicule en public, au point de devoir disparaître quelque temps pour se
refaire une virginité, en compagnie de Hackett, son fidèle bras droit, qui lui
propose parfois des montages financiers pas toujours très nets. Mais les
apparences sont trompeuses, et ce dernier tente finalement de se débarasser de
son patron, à bord d'un yacht, sans pour autant avoir le courage de le finir à
bout portant, l'abandonnant dans les eaux hostiles de l'océan, en perdition.
Queen ne meurt pas, et il s'échoue sur une île paumée où les habitants, quand
ils ne sont pas morts, assassinés, leurs villages rasés, sont réduis en
esclavage dans des plantations modernes, qui servent de base à un vaste trafic
d'héroïne. Contraint de survivre à tout prix, le futur archer doit s'endurcir,
corps et âme, pour avoir une chance, et comble de malheur, lorsqu'il appelle au
secours en fabriquant une flèche indendiaire pour lancer un signal, il manque
de peu de se faire tuer par ses geoliers. Le parcours initiatique, sur l'île,
se prolonge avec une nouvelle rencontre, la dernière, entre Oliver et Hacket,
et la révélation de l'individu qui tire les ficelles de ce trafic, une chinoise
toute vêtue de blanc, sans morale, China White (Chein Na Wein). Pour revenir à
la civilisation, tout en défaisant le réseau de trafiquants et d'esclavagistes
qui terrorise l'île, le miliardaire va devoir se faire justicier implacable,
serrer les dents et ignorer la douleur et les blessures (soigné à l'opium il
manque même d'en devenir accroc), et émuler Robin Hood, son héros d'enfance, au
point de poser les premiers jalons de ce qui sera sa future identité dans
l'univers Dc : Green Arrow.
Où nous nous rendons compte (je me
place dans la peau d'un lecteur néophyte) que la série télévisée, Arrow, a
puisé librement ses sources dans cet album écrit par Andy Diggle, en récupérant
le cadre de départ, mais en modifiant lourdement la période formative du héros.
Où nous comprenons aussi à quel point la série, depuis l'avénement des New
52, est devenue ennuyeuse, vidée de sa substance, creuse, tout du moins
jusqu'à l'arrivée de Jeff Lemire, qui va inverser la tendance en s'appuyant sur
le passé d'Oliver, pour en extraire de nouvelles révélations, et de nouveaux
mystères. Ce "Year One" contribue d'avantage encore à réduire
le personnage, chez les novices, à un type avec un arc, qui a passé du temps
seul sur une île, et en est revenu transformé, ce qui est réducteur et assez
éloigné du vieux briscard grogneur et politisé (il est devenu maire de sa
ville, a une conscience sociale très forte) que nous avons appris à aimer
durant les deux dernières décennies. Il n'empêche que c'est un récit prenant,
facile d'accès, bien mis en image par Jock, dont le trait sec et le découpage
accompagnent merveilleusement bien la lutte pour la survie d'Oliver. L'album
n'est pas très cher (15 euros), en grand format, avec quelques bonus (script de
l'épisode 1 et recherches de couvertures, mais de taille réduite), et ce peut
être une bonne idée pour un cadeau de noël si votre ami(e) a pris l'habitude de
suivre la série tv. Si il (elle) a bon goût, il (elle) verra probablement la
différence.
Ps : A quand
une pétition en ligne : Pour rendre à Green Arrow sa barbichette, et qu'on
l'encarte une bonne fois pour toutes au Parti Communiste?
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