La carrière de dessinateur professionnel est intrigante et alléchante, mais c'est un long parcours semé d'embûches, et qui demande chance, talent, et les bonnes opportunités. Lors du derniers ComiCon de Naples, nous avons pu faire la connaissance de Marco Russo, jeune artiste indiscutablement très doué, en attente d'une véritable reconnaissance dans le métier. Sur la rampe de lancement, Marco participe aux festivals comics, signe de splendides commissions, réalise des essais pour Marvel, et répond à nos questions avec une sympathie et une disponibilité totale. C'est parti pour l'interview d'un futur dessinateur qui comptera, soyez-en sur.
Marco, la présentation de base, qui es-tu? ....
Je suis né à Maddaloni, en province de Caserte (pas très loin de Naples) en 1991. J'ai toujours eu une passion pour la bd, et j'ai commencé à gagner des prix dès mes années collège. La toute première fois où j'ai été publié était à l'occasion d'un concours organisé par le journal de Mickey (Topolino, la version italienne).
Justement cette passion, d'où vient-elle? Et quand as-tu pris conscience que cela pouvait devenir ton métier?
Quand j'étais très jeune puis adolescent, je lisais surtout le Journal de Mickey, puis les comics américains au collège, ceux de la Marvel, comme Spider-Man. Une fois arrivé au lycée j'ai fait la rencontre de Simone Bianchi, du coté de Lucca. Le tournant décisif a été quand je me suis rendu compte que mes dessins parvenaient à intéresser un artiste comme Simone, qui avait pu voir et apprécier mon portfolio personnel. Il faut dire que mon style est orienté vers l'aspect pictural, avec une attention particulière à l'anatomie et l'expérimentation.
Es-tu du genre perfectionniste? Es-tu sévère avec ton travail ?
Je suis très dur avec moi même, sur cet aspect! J'ai même tendance à être trop défaitiste. Je reprends sans cesse mes anciens travaux, que j'essaie d'améliorer dès que possible. C'est comme un retour continu sur ce que j'ai pu faire, car je suis poussé par ce besoin perpétuel de toujours l'améliorer.
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C'est fort agréable, parfois certaines personnes te voient presque comme une sorte de rock-star, parce que tu dessines des super-héros. Souvent tu éveilles la curiosité, tu ne laisses pas indifférent. Mais d'autres imaginent que ce que tu fais n'est pas un métier. Par exemple, un fléau récurrent, ce sont les personnes qui te demandent des dessins, des illustrations, mais ne veulent pas les payer! Pour eux il est inconcevable que je puisse demander de l'argent pour des dessins, et ils ne comprennent pas que je puisse prétendre à en vivre. Et moi je ne peux pas me permettre de me dévaluer, de travailler pour rien, car c'est un vrai travail, long, fastidieux, qui nécessite de vrais investissements
(durant le ComiCon certains spectateurs ont pu exprimer leur surprise devant le prix des oeuvres originales de Marco, qu'ils pensaient pouvoir acheter au prix d'une lithographie couleur, à dix euros. C'était amusant de voir ces réactions - ndlr)
Tu as commencé à travailler pour une grande maison d'édition?
J'ai eu la chance de rencontrer le talent scout C.B Cebulski, qui m'a confié deux essais pour Marvel. Le premier sur la série Daredevil de Mark Waid et Paolo Rivera, l'autre sur celle de Wolverine. Sur mon site vous pourrez voir ces pages que j'ai réalisé. J'ai aussi travaillé avec Simone Bianchi, j'ai été son assistant pour les fonds de pages sur Fear Itself:Uncanny X-Force #3.
Probablement le fait de pouvoir donner ta vision, exprimer par le dessin ce que toi tu vois à travers tes yeux, pour le transmettre à un public. Le dessin ne te limite pas, seule ton imagination et ta technique peuvent te limiter, et c'est à toi de savoir transcender cela. Parfois ça peut être frustrant, mais c'est surtout passionnant.
Comment vois tu l'avenir du média, les nouvelles technologies utilisées par les artistes?
Moi je suis parmi ceux qui préféreront toujours le papier à tout le reste. Mais j'utilise la tablette dans la vie de tous les jours pour lire, et je maîtrise la création digitale que j'utilise aussi pour mes propres travaux. Je m'adapte, en tentant de trouver le meilleur pour chaque format.
As-tu des projets immédiats ?
En ce moment précis le projet principal est de ...travailler. C'est une période difficile pour les artistes comme moi, qui cherchent à émerger. Je dessine et j'en ai fait un choix professionnel, mais je suis aussi serveur dans un restaurant, en Toscane. J'ai besoin de ces conventions comics pour m'assurer une visibilité, et faire connaître mes travaux.
Merci beaucoup Marco!
Pour avoir vu Marco Russo travailler en temps réel, pour avoir eu la chance de mettre le nez dans la collection de ses originaux, je peux vous garantir qu'il s'agit d'un dessinateur très doué, un de ceux qui n'attendent que la bonne opportunité, le coup de pouce décisif pour entamer une belle carrière. Si UniversComics était un de ces gros sites au pouvoir décisionnel, si j'étais éditeur ou talent scout moi même, je n'hésiterais pas un instant. Vous pouvez aussi et surtout aller sur le site de Marco pour voir son travail, et éventuellement lui demander une commission. UniversComics se fera aussi un plaisir de transmettre messages et requêtes le cas échéant. Cet interview a aussi pour but d'encourager toux ceux qui souhaitent entreprendre ce parcours, tout en leur répétant combien cela peut être frustrant, et difficile par moments.
On suivra de près Marco ces prochains mois, ces prochaines années, et ce sera avec plaisir qu'on le retrouvera pour la suite de l'entretien au festival de Lucca Comics à l'automne. Ciao!
La page Facebook de Marco Russo Art (like, please!)
Le site de Marco Russo : www.marcorussoart.com
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