DAREDEVIL TOME 2 : LE DIABLE AU COUVENT

L'enfance de Matt Murdock n'a pas été des plus aisées. Son père, un boxeur sur le retour, a été assassiné parce qu'il a refusé de se coucher lors du combat décisif, alors que le fiston entrait à peine dans l'adolescence. sa mère a toujours été absente. Tout juste sait-on qu'elle a abandonné le foyer familial lorsque Matt était très jeune, jusqu'à ce que Frank Miller nous révèle qu'elle était entrée au couvent sous le nom de Soeur Maggie, durant le célèbre arc narratif Born Again. Aujourd'hui, les événements de Original Sin ont provoqué un afflux de souvenirs inattendus chez Daredevil, qui décide de partir à la rencontre de la religieuse pour en savoir plus sur son départ, ses motivations, les raisons qui peuvent convaincre une femme à laisser derrière elle un mari et un enfant. Vous vous en doutez, il faut que le motif soit grave, on ne prend pas ce genre de décision sur un coup de tête, pour échapper aux corvées de cuisine. Le problème, c'est que Matt a mal choisi son moment pour mener l'enquête, puisque sa mère et deux autres soeurs ont été mises en détention pour avoir manifesté leur hostilité à des expériences se déroulant dans une ambassade du Wakanda, et qu'elles font l'objet d'un mandat d'extradition vers cet état africain, ce qui est une mesure outrancière et disproportionnée par rapport aux actes commis, finalement assez véniels. La suite des aventures du Daredevil format All-New Marvel Now nous envoie donc en Afrique pour deux épisodes qui sont des conséquences directes de la saga déjà mentionnée, Original Sin. Mais ce n'est pas tout, car le reste de ce second tome voit lui le diable à cornes face à l'Homme Pourpre et sa progéniture. Des gamins encore plus effrayants que leur père!

Mark Waid poursuit son run sur Daredevil, et nous n'allons pas nous en plaindre. Si ce n'est l'impression que les deux premiers épisodes sont un peu forcés (il fallait bien que DD se mette au diapason de Original Sin...), pour le reste on retrouve l'identité et le ton du scénariste, qui aura vraiment marqué de son empreinte le personnage, tout comme Samnee au dessin, dont le style faussement naïf, et très ingénieux et inspiré dans la construction des planches, aura fait date. et j'en viens à ce que j'entends parfois. A savoir : pourquoi défendre et porter aux nues ce Daredevil là, alors que la prestation de Bendis ou Brubaker, juste avant, atteignait des sommets qui nous échappent depuis? Ma réponse est claire : Car ces deux Daredevils là n'ont rien à voir. Dans le premier cas, la série était (re)devenue un polar urbain froid et désespéré, où chaque action, chaque décision, plongeait le héros phare dans une spirale insidieuse qui finissait par le piéger dans un étau, et faire voler en éclat sa double vie, ses certitudes, et sa santé mentale. Matt Murdock renouait avec ses démons dépressifs, et se perdait parfois dans un infini océan de noirceur, échappant à la noyade au prix de mille efforts héroïques. Ici le ton est plus léger, badin, uniquement en apparence. En réalité on ne peut pas dire que le Daredevil de Waid soit léger ou récréatif, entre le cancer de Foggy Nelson, Matt qui doit révéler à tous qu'il est Daredevil, des épisodes où on le voit privé de tous ses sens et emprisonné chez Fatalis ou face à un ennemi implacable qu'il ne peut combattre... mais jamais le héros aveugle ne succombe à son coté sombre. Comme le dessin le laisse à comprendre, c'est l'aspect positif, enjoué, bondissant du personnage qui est mis en valeur, un Daredevil qui peut chanceler mais jamais tomber, qui saute de tuiles en tuiles (métaphoriques) comme il le fait de toit en toit. Un Daredevil qui se rapproprie les bons mots, l'envie de vivre, de croquer la pomme à pleines dents, et qui aime à nouveau la vie et ce qu'il fait. Mark Waid a admirablement pris le contrepied de Bendis et Brubaker, et nous a emmené sur d'autres chemins, avec un Diable cornu différend, mais si attachant. 



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