JUSTICE LEAGUE : CRY FOR JUSTICE / LA JUSTICE A TOUT PRIX

Revenons ce dimanche sur la très belle mini série de James Robinson, Cry For Justice. Pour rappel, voici un petit résumé rapide de ce dont il s'agit, pour ceux qui sont passés à coté en son temps : Hal Jordan (Green Lantern) est en désaccord avec les méthodes jugées trop tendres de ses confrères de la Ligue de Justice. La mort de Martian Manhunter, celle de Batman (largement exagérée), ont fini par bouleverser le héros et le décider à appliquer des méthodes plus musclées et incisives, pour dissuader les criminels de mettre leurs plans à exécution. Pendant ce temps, d'autres personnages de l'univers Dc ressentent en eux un fort désir de "justice", expéditive si possible. Le peuple de Congo Bill a été massacré, le petit ami de Mikaal Tomas (Starman) a été supprimé, la colère de héros comme Ray Palmer (Atom, spécialiste en drames personnels) ou Supergirl, tout ceci vient s'ajouter au duo Green Lantern/Green Arrow (profitez en bien, le personnage est ici présenté dans sa version pré New 52 chère aux nostalgiques) dans une chasse au vilain de haute volée. C'est qu'un ennemi commun semble tirer les ficelles de ce qui ressemble de plus en plus à un complot de vaste envergure, mais qui? En définitive, c'est Prometheus qui a l'ambition de faire plier la Ligue, et qui est doté d'un intellect hors pair et d'une logistique à toutes épreuves. Ses connaissances quasi parfaites de tous ses antagonistes lui permettent de mettre en échec tous les grands héros Dc, et même d'en mutiler certains (le fils de Green Arrow étant la victime la plus illustre et moins chanceuse). Son plan est particulièrement bien huilé et risque de faire des millions de morts, la Ligue de Justice est dans une impasse : où elle libère son prisonnier ou elle aura une véritable catastrophe planétaire sur les bras. Un dilemme rageur.

Saluons au passage la talent et la trame mise au point par James Robinson, qui réussit parfaitement à tenir en haleine le lecteur, tout au long des sept parties de cette mini série. Une histoire qui se nourrit de la frustration des héros : c'est justement lorsqu'ils réclament plus que jamais la justice, au risque de la confondre avec la vengeance, qu'ils se retrouvent pris en otage d'un criminel sans remords, et doivent le libérer pour sauver des millions de vies. Le plan de Prometheus met du temps à se dessiner, mais une fois la couleur annoncée, ça en est jubilatoire et effrayant. La scène de combat "un contre tous" est probablement un peu too much dans sa dynamique, mais voir un seul homme se débarrasser avec un tel sang-froid de la JLA est un spectacle des plus pyrotechniques. Coté illustrations, Mauro Cascioli est pratiquement... parfait! Sa technique se base sur la photographie, puis sur la peinture en surimpression. Du très grand art, des planches stupéfiantes. Dommage qu'il ait besoin d'un petit coup de main au passage pour finir l'ensemble (Scott Clark à la rescousse). Son rendu des costumes, sa précision anatomique, tout ceci contribue à transformer Cry For Justice en une fresque super héroïque poignante et réussie. Un des derniers grands moments incontournables de l'univers Dc avant son reboot quasi complet, à savoir cette opération nommée New 52, et qui vient d'être désavouée avec Rebirth qui pointe le bout de son nez, dans quelques semaines. Panini a de son coté choisi de scinder le tout en deux albums, sous le titre La Justice à tout prix, et Urban Comics n'a pas encore décidé de republier cette aventure, mais cela ne tardera guère. A mon humble avis, un récit intelligent qui surjoue la violence et la testostérone, mais qui pose de véritables questions aux justiciers propres sur eux, et les amènent vraiment à revoir les fondamentaux de leur mission super-héroïque. Presque dérangeant, assurément jouissif à de nombreux moments. 



A lire aussi : 




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!

COSMIC DETECTIVE : POLAR ET SCIENCE-FICTION AVEC LEMIRE, KINDT ET RUBIN

Jeff Lemire et Matt Kindt, les démiurges derrière Cosmic Detective (chez Delcourt), avaient initialement décrit l'œuvre comme "un m...