THE WICKED + THE DIVINE TOME 1 : FAUST DEPART (CHEZ GLENAT COMICS)

Montez le son, sortez le maquillage et la mini jupe, Laura va en concert, et ça va être l'éclate. Oui, ce The Wicked + The Divine convoque à la fois les comic-books et la pop musique. Sur scène, mais dans les coulisses également. Pour la jeune fille, c'est une soirée mémorable, et l'émotion est telle qu'elle finit par défaillir et reprendre ses esprits juste à temps pour être invitée backstage par Luci/Lucifer, qui prétend être une déesse, tout comme les membres du groupe qui vient de livrer une performance dantesque. Si de jeunes fans crédules peuvent se laisser tromper par les effets de manche et les attitudes granguignolesques et dignes de divas capricieuses de Amaterasu et les autres, les journalistes eux sont là pour mettre les pieds dans le plat, et recadrer sévèrement ces artistes au melon disproportionné. Sauf que l'interview dérape totalement lorsqu'un tireur embusqué fait feu dans les coulisses, et que Lucifer, qui s'est précipitée vers la fenêtre, explose littéralement l'assaillant en claquant des doigts. Le pire est que tout ceci donne lieu à un procès durant lequel l'accusée abuse de sa morgue et d'un raisonnement logique terre à terre pour tenter de se disculper, jusqu'à ce qu'un autre claquement de doigts ne signifie cette fois l'explosion du juge chargé de l'affaire. Sauf qu'elle n'y est absolument pour rien, et que ce dérapage sanglant la conduit directement en prison. Dès lors Laura devient une sorte de point d'ancrage avec l'extérieur, et le lien possible vers Ananke, une autre de ces divinités qui planent à travers ce récit, comme de véritables rock-stars contemplant notre minable existence d'auditeurs lambdas. 

Les dieux de Gillen sont un peu particuliers : ils ne vivent que durant deux années, et doivent attendre 90 ans avant de revenir sous la forme d'adolescents, pour une nouvelle incarnation. Forcément, ils n'ont pas de temps à perdre, et ça donne envie de profiter de chaque seconde. La rock'n roll attitude, c'est aussi un moyen d'aller au bout d'expériences interdites au commun des mortels. Laura, la "fan humaine" du récit, est ici l'élément faussement ingénu qui permet de jeter un regard inédit sur ces êtres qui se veulent surnaturels, et qu'elle apprend à connaître en même temps que le lecteur, jusqu'à devenir une des pièces maîtresses pour aller au secours de Luci elle-même, lorsque tout dérape complètement. Le discours est simple : est si les rock-stars d'aujourd'hui n'étaient que les icônes mythologiques d'hier? Pas faux sur le fond, et le mélange entre sacré et profane permet de donner à l'ensemble un ton résolument destroy, qui convoque excès en tous genre et récit passif/agressif faussement révolutionnaire. WicDiv fonctionne et se vend bien car c'est un crossover bien balancé entre la mythologie, la pop culture de ces 50 dernières années, et bien sur, un comic-book américain bien troussé. 
Jamie McKelvie et Matthew Wilson se mettent au diapason du récit. On est en compagnie de guitares paillettes et concerts rock, alors ça doit exploser au niveau des couleurs, ça doit vibrer et sembler jeune, effervescent. Finalement le desin est simple, immédiat, clair, pas trop porté sur les détails de fond de case ou les rides expressives et les visages burinés. Pour ma part, j'ajouterais même trop lisse, selon mes critères, mes propres standards, tout en reconnaissant que cette patine brillante et immédiatement accessible est aussi une des clés du succès de la série. Outre le tome 1 dans sa version classique, est disponible aussi depuis la semaine dernière une édition collector avec moult bonus en plus, et une couverture noire presque ésotérique, qui sent bon le grimoire. Il y a fort à parier que Glénat Comics tient là sa locomotive en terme de ventes, pour cette fin d'années 2016. Noël et ses sapins arrivent bientôt...  

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