WONDER WOMAN : LA REVIEW DU FILM DE PATTY JENKINS

Pour une grande première au cinéma, il était logique d'opter pour une longue origin story  avant tout. C'est exactement ce qui se passe avec le Wonder Woman de Patty Jenkins. Qui débute ainsi sur l'île de Themyscira, autrement dit ce coin de paradis peuplé d'amazones, où a grandi la petite Diana, fille de la Reine Hippolyte. La seule gamine au milieu d'adultes guerrières et surentraînées. Il vaut mieux fermer un œil sur toutes les références mythologiques qui sont ici très librement proposées; ce long-métrage n'a pas pour but de devenir un exposé sur la matière ou une thèse universitaire sur l'Olympe et ses habitants, et on lui pardonnera facilement les libertés prises avec le panthéon grec tel qu'il a toujours été utilisé dans les comics (ou existe, simplement). Aucun homme n'a jamais posé le pied sur Themyscira, ce qui fait que lorsqu'un aviateur anglais est abattu par les Allemands et qu'il est sauvé de la noyade par une jeune Diana (qui a quasiment terminé son parcours initiatique sous les ordres d'Antiope), c'est un événement retentissant pour les Amazones. Elles vivent reclusent et isolées, ignorant tout de ce qui se passe dans le monde extérieur; autrement dit la Première Guerre mondiale fait irruption de manière brutale et sanglante sur les plages de l'île paradis, sans que personne ne comprenne ce qui se trame. On notera au passage que les allemands sont toujours des méchants bien pratiques dès lors que le scénario a besoin de types désagréables, pour glorifier le héros local et la justice éplorée. Nous sommes ici en 14-18 car le conflit de 39-45 avait déjà été utilisé par le premier Captain America, et une redite aurait sûrement été interprété comme une copie carbone maladroite de ce que fait Marvel. Steve Trevor (oui c'est de lui que nous parlons, vous l'aviez compris) est donc sauvé par Diana, qui va quitter son havre de paix, pour aller se mêler au commun des mortels et trucider Arès, le Dieu de la guerre, qu'elle estime responsable du bain de sang qui embrase le monde. Il y a une qualité indéniable à ce film (et ce n'était pas gagné car nous parlons de Warner DC Comics) c'est sa linéarité, son montage, qui reste exemplaire. Dès le départ un cap est fixé et la réalisatrice s'y tient d'un bout à l'autre. Il n'y a pas de parenthèses malvenues (remember la scène tirée d'Injustice dans Batman V Superman?) mais il subsiste un défaut majeur, qui plombe le film. L'histoire de base est tout de même bien faible et les personnages principaux également. Soyons honnêtes,  ils ne débordent pas de charisme et les clichés vont s'accumuler comme une sorte de catalogue des images éculées au cinéma, s'alternant avec des trouvailles plus sympathiques, des moments d'humour salutaire, et bien sûr de l'action!


En règle générale il est de coutume de dire que pour qu'un héros atteigne le zénith, il faut lui opposer un adversaire tout aussi formidable. Bref un bon film super héroïque se doit d'avoir le meilleur vilain possible. Ici pendant très longtemps, on se demande vraiment qui est l'ennemi. Certes il y a les allemands, certes Diana pense que Ares se cache sous les traits du commandant en chef des armées, Ludendorff. Une idée d'ailleurs assez étrange que d'utiliser un personnage historique, pour en faire un criminel combattant une amazone. A côté de Wonder Woman (qui est finalement assez crédible, Gal Gadot n'est pas un mauvais choix, au contraire, même si parfois la réalisation abuse de ralentis qui deviennent un peu lourds) on trouve un Steve Trevor qui a certes une belle gueule, mais possède aussi la présence et le charisme d'une huître, et qui rassemble autour de son leadership (la bonne blague) une petite armée cocasse et dysfonctionnelle, pour l'aider dans sa grande mission. On n'y croit pas un instant bien entendu, tout comme on frémit (pas de plaisir) devant un baiser échangé alors que commence à tomber la neige, sur le champ de bataille. Wonder Woman princesse guerrière, symbole féministe, ainsi ravalée au rang d'héroïne tire-larmes dans un mauvais mélo, en cape et collants, on a peine à regarder. Mais par moments les effets spéciaux eux tiennent la route, et les scènes de combat sont spectaculaires, même si l'essentiel est tenu en réserve pour le grand final. Le plus intéressant dans ce film, le plus drôle, c'est lorsque la princesse amazone est contrainte de s'adapter à de nouvelles mœurs, un nouveau monde, dont elle ignore absolument tous les codes, que ce soit vestimentaires, comportementaux ou sentimentaux. Il y avait là un potentiel incroyable à explorer, mais nous ne sommes pas dans une comédie, aussi il a fallu faire des choix et se concentrer sur le meilleur. 
Voilà ce qui fait la différence entre Wonder Woman et les autres films de l'univers DC Comics. Si l'image est souvent très sombre (La Londres du début du 20e siècle est polluée, grisâtre et mal fréquentée) le propos est régulièrement allégé par des séquences plus légères qui assez régulièrement font mouche. En tant que film, Wonder Woman est donc très loin d'être le ratage redouté. C'est même un long-métrage qui se tient, et qui suit probablement une direction qui était celle envisagée dès le départ. Pour autant, en terme d'attention du public à capter 2 heures durant, en terme de représentation pure et simple du caractère super héroïque et merveilleux du personnage principal, il reste encore d'énormes progrès à faire. Si le dicton préféré de Wonder Woman est que l'amour sauvera le monde, il y a fort à parier qu'il faudra bien plus que Wonder Woman seule pour sauver l'univers DC au cinéma. Avec pas mal de bienveillance, il est probable que celui-ci ait obtenu un sursis, mais plus que jamais, le film Justice League à venir sera la pierre d'achoppement définitive, d'où se décidera l'avenir. Mention" pouvait mieux faire" et largement encore, surtout quand on décide de relire le run de Perez ou de Rucka chez Urban Comics. Entre le film et les comics, la balance penche très largement en faveur de ces derniers, vous êtes prévenus.

Un grand merci à l'équipe du Pathé Masséna pour l'avant-première de mardi soir, et leur invitation appréciée. 



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