Allez, on ne me la fait pas. Je sais bien que vous faites partie de ceux qui attendaient avec impatience la sortie de la série de Mark Millar et Greg Capullo, chez Panini, intitulée Reborn. Nous y voici donc. Millar continue le tour de force de ne travailler qu'avec des artistes d'exception, et son tableau de chasse est impressionnant. Cette fois, place à une aventure qui affronte le thème de la mortalité, de ce qu'il y a après le trépas, et en donne une version pour le moins surprenante. Foin de paradis ou d'enfer, on débarque directement dans un univers de fantasy, avec Reborn!
Bonnie Black, l'héroïne de l'histoire, est arrivée au terme de son existence. Elle a eu une vie heureuse, s'est mariée, est devenue mère, bref rien d'exceptionnel, si ce n'est l'obtention d'un petit bonheur familial que beaucoup rêveraient d'atteindre. Mais son époux est décédé, et désormais c'est la solitude qui est devenue sa compagne, alors que son corps manifeste des signes d'épuisement terminal, et qu'elle s'endort la nuit avec la boule au ventre, en pensant que cette fois, elle pourrait bien ne plus se réveiller. Sans trop de fioritures, toute cette partie est écrite avec justesse, et c'est crédible et poignant, sans tomber dans le pathos exagéré. Y compris quand arrive l'instant fatal, qui est abordé frontalement et avec la froideur et l'honnêteté athée du scénariste. Si Bonnie ferme les yeux une ultime fois, c'est pour les rouvrir dans un corps jeune et habillée avec une sorte de tenue spatiale super-héroïque, sur le champ de bataille fantasmagorique d'un monde peuplé d'étranges créatures en guerre. Elle y retrouve son père, qui est une sorte de chef guerrier local, et de nombreuses connaissances de son existence précédente. En fait chacun parait avoir reçu ou avoir été subtilement modifié, en fonction de son caractère sur Terre. Ici aussi le mal rode, et l'arrivée de Bonnie, considérée comme la reine/messie tant attendue, tombe à pic pour sauver un royaume qui a grand besoin d'elle face à de sombres adversaires...
Millar fait donc du Millar. Dès le premier épisode l'évidence est claire. On a entre les mains le pitch parfait pour un film à venir, un succès annoncé. Rien de très nouveau, mais c'est la manière de le raconter, la facilité avec laquelle le lecteur est emporté dans le récit, qui fait la différence par rapport aux concurrents. Les révélations et les personnages s'enchaînent selon une perverse logique d'efficacité narrative éprouvée. Alors que Bonnie souhaite retrouver son mari, et que la menace des Terres Noires incombe, le lecteur habitué aux tics narratifs de Millar aura rapidement compris dans quelle direction va évoluer Reborn. Pour autant, on se laisse toujours prendre au jeu. Et on trouve de l'humour intelligent, comme le chat de Bonnie, qui furieux d'avoir été castré durant son existence sur Terre, désire se venger en devenant une créature maléfique qui maîtrise le froid.
Coté dessin, Capullo, donc. Une référence, une garantie, d'autant plus qu'ici il peut donner sa pleine mesure, avec ce coté rétro années 90 assumé qui plaira à un peu tout le monde, car là l'artiste s'applique, et a droit à une histoire qui ressemble à un coffre à jouets, avec des créatures grotesques, de belle batailles, et du merveilleux à pleines pages. Reborn ressemble donc déjà à un classique moderne, et semble promis à une belle réussite. La Mark Millar touch est un label qui ne trompe pas, le meilleur spécialiste de la livraison d'un univers narratif prêt à l'emploi multimédia, clés en main. Déconseillé pour une thèse universitaire, mais recommandé pour une lecture fluide et agréable pour bien finir la semaine.
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