La collection Eaglemoss, disponible aussi en kiosque (quand les problèmes avec le distributeur le permettent) propose un nouveau volume consacré au Flash de Francis Manapul. Où on retrouve un ennemi de toujours, la version "en négatif" du personnage. Sauf que c'est différent, dans l'esprit et la forme.
Barry Allen a décidé d'avancer dans la vie et cela signifie se mettre définitivement en ménage avec Patty Spivot; ils ont trouvé un appartement et cette fois-ci ils vont enfin pouvoir entamer une véritable vie de couple. Hélas le côté super-héroïque de Barry continue de poser des problèmes : tous ses proches et connaissances qui ont été plongés momentanément dans la force véloce ont hérités de pouvoirs similaires aux siens, et sont la cible d'un tueur qui les assassine les uns après les autres; autrement dit dans la liste figure Iris West, qui pourrait bien passer l'arme à gauche à son tour. L'assassin qui sévit en toute impunité porte un costume ressemblant étrangement à celui de Flash, mais en plus sombre et agressif : voici venir le Nega-Flash. Vous l'aurez compris tout de suite, il s'agit de l'héritier spirituel des ancien Professeur Zoom ou autre Reverse Flash, qui ont fait la légende du titre. Seulement si ces derniers avatars étaient des antagonistes extrêmement dangereux et sources de sagas inoubliables, la version plus moderne est assez décevante. Ses origines sont plutôt rapidement bâclées et dévoilées, et nous avons du mal à éprouver un enthousiasme réel pour ce personnage. Au passage Flash à aussi une explication musclée avec le jeune Bart, alias Kid Flash, qui a emprunté son patronyme sans lui demander la permission. Là encore il s'agit d'une nouvelle mouture, bien moins charismatique que l'ancien Impulse. Au risque de se répéter, nous éprouvons une nostalgie certaines pour ce qui existait avant. Francis Manapul (aidé de Brian Buccellato) fait de son mieux pour livrer un récit construit et haletant, et mis à part la fin et le début, le manque de profondeur et d'attachement sincère aux événements fait que les lecteurs les plus anciens peinent à adhérer véritablement à cette dynamique. Ce n'est pas mauvais, loin de là, c'est juste qu'il manque un supplément d'âme.
Si je reste volontairement évasif sur l'identité du Nega-Flash, c'est tout simplement parce que je pense à ceux qui n'ont pas encore lu ces épisodes publiés par Urban Comics en 2016. Je ne souhaite pas vous gâcher la surprise, bien que pour être honnête il ne s'agit pas de quelque chose de bouleversant. La résolution de l'histoire est un problème de famille, avec le thème récurrent des abus et de la violence domestique, et des traces durables que cela peut laisser chez les victimes.
Ce tome comprends 6 épisodes de la série régulière "classiques" plus deux numéros un peu particuliers; tout d'abord le #23.2 est consacré au négatif de Flash. C'est là qu'on découvre son background familial, ses motivations, les raisons pour lesquelles il a vécu un traumatisme et pourquoi il décide à sa manière d'y remédier, de la façon la plus extrême. Il faut attendre ces pages pour que le vilain ait enfin une personnalité crédible; dommage car ça vient un peu tard. Néanmoins on comprend qu'il fallait garder le suspense le plus longtemps possible. Au dessin Scott Hepburn s'en sort assez bien, et son style n'est pas très éloigné de celui de Manapul. Ce dernier est brillant, vraiment, et offre une autre prestation splendide, qui compense en partie l'écriture d'un Barry Allen assez terne, et qui va de pair avec le docteur Elias, enfermé dans une obsession stérile, et dont on ne saisit pas toujours l'obstination.
Je vous le répète, la lecture est globalement agréable, et cela se tient. Le problème c'est lorsqu'on met ces épisodes en comparaison avec la longue légende de Flash, et que l'on se rend amèrement compte qu'il était préférable de garder l'ancienne version, et toute sa continuity. Tout est ici plus facilement abordable, mais aussi tout a beaucoup moins de saveur. Il est vrai que petit à petit on sent des fils se nouer et se tendre, vers la version télévisée, afin de ne pas trop être distant de ce que peut offrir CW aux néophytes. Flash n'aura pas été le héros le plus gâté par les New 52, malgré des débuts assez prometteurs.
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