OLDIES : THE TERMINUS FACTOR (ANNUALS 1990)

Lorsque Captain America vient en aide à Iron Man, pour tester un nouveau véhicule d'exploration en milieu volcanique, les choses ne se passent pas aussi bien que prévues. Du magma en fusion s'échappe une étrange substance lumineuse, qui s'en va finir sa course dans un ruisseau voisin. A partir de là, le lecteur découvre ce que signifie la chaîne alimentaire. Tu es ce que tu manges, à tes risques et périls. Les germes contenus dans l'émission sont absorbées par des poissons, qui sont ensuite digérés par les scientifiques accompagnant Cap et Tête de fer. Ce dernier en particulier est victime de son appétit, et comme les autres travailleurs, il se retrouve sous l'emprise de ce qu'il a absorbé, et entre dans une rage folle, comme zombifié. Même si Captain America parvient à rétablir l'ordre et le calme en inversant les effets des bactéries grâce à un froid intense (la scène se passe en montagne), d'autres poissons ont été dévorés par un ours, qui va du même coup se transformer, peu à peu, en une grosse bête métallique que rien n'arrête. Y compris Machine Man, qui passait par là et se retrouve bien malgré lui embarqué dans cette aventure. La chaîne alimentaire, vous disais-je, est des plus complexes : très vite ce sont des insectes, des rongeurs, qui subissent le même sort, et toutes ces bestioles convergent vers un centre de recherche truffé de titanium liquide, où elles vont s'unir pour former une seule et redoutable créature de près de cinquante mètres de haut. Il s'agit en fait du "rejeton" de Terminus, création extra terrestre déjà vaincue par les Fantastiques et Hercule, avant ce récit, qui s'est constitué à partir des premières bactéries échappées de la lave en fusion. Une présence encombrante et dévastatrice, d'autant plus qu'elle appelle sur Terre le véritable Terminus, qui jusque là errait dans l'espace depuis que Thor l'avait privé de sa lance, indispensable pour se diriger. Après un bref combat aux accents de revanche (Thor est défait et expulsé comme un malpropre de l'organisme alien), Terminus est de retour sur Terre, et cette fois, il va falloir les efforts combinés de tous les Vengeurs, pour espérer avoir une chance de s'en débarrasser!


On parlera de série B pour décrire l'ensemble, c'est à dire de B-Movie, en terme de cinéma. C'est exactement ça. Rien dans tout cela n'est très crédible, ou destiné à l'être totalement. Cet alien géant qui débarque sur Terre, pour combattre son rejeton qui grossit d'un moment à l'autre, en absorbant le métal, entre autres choses, c'est du même acabit que Godzilla contre King Kong. Bien sur, quand on est un vrai Marvel Fan-boy, et versé sur les comics d'il y a vingt ans, on relit ce récit avec toutefois un certain plaisir. C'est Roy et Dan Thomas qui sont au scénario de ce crossover entre annuals, qui implique cinq d'entre eux, tous d'une même famille : dans l'ordre, Captain America, Iron Man, Thor, Avengers West Coast, et Avengers pour finir. La qualité du dessin n'est pas toujours exceptionnelle, la finition n'est pas le point fort de ces aventures faites pour animer le marché, avant les grandes vacances. J'ai une préférence pour le dynamisme de Jim Valentino (sur Captain America) ou le trait anguleux et expressif de Tom Morgan (Iron Man). Inversement le travail de Herb Trimpe (Avengers) est bâclé et les visages sont bien peu soignés. Il était fréquent, à l'époque, de croiser les annuals pour y développer un récit choral, chaque partie pouvant se lire indépendamment, mais se raccordant parfaitement à une trame globale. Ici de nombreux personnages aujourd'hui tombés dans l'oubli nous arrachent un sourire : Machine Man (qui revient dans Iron Man 2020), la mécanique si humaine dans ses sentiments, Monica Rambau dans son costume de Photon, US Agent première version, arrogant et finalement si peu sur de lui, ou encore les Vengeurs des Grands Lacs, une équipe aussi improbable qu'éphémère. A propos, Terminus est une création du grand John Byrne, et de l'écrivain de Sf Larry Niven. Il avait tout, à condition d'être habilement traité, pour devenir une vraie menace d'ordre cosmique, un Galactus mineur. Au lieu de cela, il est vaincu par le marteau de Thor, qu'il a imprudemment ingurgité. The Terminus Factor est bien sur inédit en France, et risque fort de le rester un bon bout de temps. La Vo se trouve assez facilement sur les sites de vente aux enchères, au cas où cela vous tenterait. 


Si vous aimez les comics d'autrefois, la 
collection Marvel Epic est faite pour vous.
Ici, les Avengers, la guerre kree/skrull!

DAREDEVIL MAN WITHOUT FEAR (MARVEL MUST HAVE)

Que vous soyez un novice, ou un lecteur expérimenté, la collection Must Have est faite pour vous. Partons ce mercredi à la découverte de Matt Murdock, gamin en liberté dans les ruelles de Hell's Kitchen. La famille est importante, et défaillante, avec la mère décédée et le père, Jack Battlin' Mudock, vieux boxeur sur le retour et à la carrière chaotique. Ce dernier fait de son mieux pour assurer au fiston une éducation digne et un avenir brillant. Pas question qu'il aille en découdre avec les autres trublions du quartier ou qu'il néglige les études. Matt doit travailler dur à l'école, et plus tard il sera avocat, homme de loi talentueux, et respectera les règles de notre société pour établir la justice. Ce n'est pas avec les poings qu'on vient à bout des problèmes, mais avec la loi. Du coup le garçon est un peu la risée des autres, dans la cour de récré, et sa noblesse d'âme ne lui est guère profitable le jour où il se jette devant un camion fou pour sauver la vie d'un vieillard, qui traverse sans regarder. La cargaison du véhicule est toxique et a des répercussions inattendues sur Matt. Il perd la vue, mais les radiations qui l'ont privé de ses yeux augmentent également de manière exponentielle et surnaturelle ses autres sens. Il peut dorénavant entendre, sentir, comme jamais personne  avant lui. Plus fascinant, il se retrouve doté d'une sorte de sens radar, qui lui permet de s'orienter et appréhender son environnement avec encore plus de sûreté e de précision que s'il pouvait faire usage de la vue. Un tel potentiel a de quoi déboussoler à jamais la victime, qui va patiemment apprendre, au contact quotidien du vieux senseï Stick, à canaliser et exploiter ces particularités, qui deviennent ainsi des dons fabuleux. Si pour Matt une nouvelle existence commence à se dessiner, pour le père les choses vont de mal en pis. Les récents succès inespérés obtenus sur le ring ne sont en fait qu'un froid calcul d'organisateurs véreux, qui lui demandent de se coucher le jour de la grande rencontre décisive. L'exact contraire de ce que le boxeur a toujours voulu inculquer à son gamin. Ne jamais baisser les bras, ne jamais se résigner, vivre la tête haute. Quitte à en payer le prix, aussi lourd soit-il.


C'est dans la tragédie que se forgent les vrais héros, comme le savent les lecteurs de comic-books. Matt Murdock n'échappe pas à la règle, puisque déjà privé de la vue le voici désormais orphelin, et pour une première épreuve d'envergure,  il se charge de venger le paternel assassiné. Dans Man without Fear, nous apprenons également à connaître la belle Elektra Natchos, fille de diplomate grec, pour qui Matt craque rapidement. Les deux ont une histoire d'amour enflammée et problématique, qu'ils vont consumer dans l'excès et la hâte, car là encore rien n'est simple, rien n'est limpide, et le drame se cache toujours dans les plis du récit.  Frank Miller, encore loin de devenir le bourrin réactionnaire qu'il s'autorise à être parfois depuis des années, n'en oublie pas que les années de formation, ce ne sont pas uniquement celles de l'enfance, ou de la découverte et maîtrise des pouvoirs, mais aussi celles des sentiments qui s'éveillent, et marqueront à jamais la carrière d'un justicier qui collectionne depuis ses débuts les conquêtes féminines. Un point commun à (presque) toutes : elles finissent par rencontrer une fin tragique, et leurs existences sont happées par le tourbillon malsain qu'est le quotidien de Daredevil. Miller présente ici un héros en devenir, seul, incompris, qui cherche refuge dans le mensonge (sa double identité est restée secrète si longtemps, même de son meilleur ami et associé), la passion, ou les études. Un homme complexe dont les activités diurnes visent à faire triompher la loi et la justice avec de brillantes plaidoiries, tandis que les activités nocturnes le rapprochent d'un vigilante aux méthodes plus nuancées. De la prime enfance à l'héroïsme, un parcours humain brillant, jamais banal, crédible et touchant. Du grand art à coup sur, qui plus est magnifié par ce qui est une des deux ou trois meilleures prestations de la carrière de Romita Jr. Tout y est : la cadrage, l'inventivité, le dynamisme, le trait aussi réaliste que suggestif. Comme cette superbe double page avec un Daredevil en costume, bondissant sur les toits, croqué dans cinq positions différentes, mordant New-York à pleines dents. La genèse d'un des personnages les plus attachants de l'univers Marvel, à (re)lire bien vite dans une collection bien nommée. Must have. 


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VENOM TOME 1 : REX

Venom, vous aurez beau dire, c'est Eddie Brock. Point barre. L'Agent Venom avec Flash Thompson, c'est l'alternative, mais c'est différent. La nouvelle série consacrée au personnage revient sur les bases d'antan, et l'ancien journaliste, décrédibilisé par Spider-Man, est à nouveau le (mal)heureux porteur du costume symbiote, pour une fusion qui n'est pas de tout repos. D'ailleurs, ces temps derniers, celui ci déraille. Des cauchemars assez surprenants, des bribes de souvenirs qui rendent impossibles la vie d'Eddie, qui carbure aux médicaments pour garder un semblant de santé mentale, et ne pas céder à des pulsions meurtrières qui lui susurre de forts vilaines choses. 
Résister, ce n'est pas simple, et Brock se contente dès lors de prendre des photos et de les vendre, pour mettre du beurre dans les épinards, plutôt que d'intervenir quand le crime opère. Jusqu'au moment où un nouveau Jack O'Lantern fait des siennes, et ose tirer sur la police, faisant fi des innocents, un concept qui tient à coeur au Venom des origines. Bref, c'est le prétexte parfait pour que le symbiote prenne les commandes, et gère le problème à sa manière. 
Donny Cates est un des auteurs qui monte chez Marvel, et jusque là tout ce qu'il entreprend lui réussit (vous avez lu son Thanos, son Cosmic Ghost Rider?) car il est vraiment passionné de ce qui se fait dans la Maison des idées, et trouve toujours un angle de vue intéressant. Ici il pose une question pertinente : mais que sait-on vraiment du symbiote? Pas grand chose... Ni son nom, ni combien d'hôte il a possédé avant son arrivée sur Terre, ni même s'il préfère les humains ou d'autres proies avec lesquelles se lier. Et cette ignorance va être au centre des débats, avec une menace qui provient de l'aube des temps, des légendes de la planète native des symbiotes. Le Dieu des symbiotes, Knull, est en route vers chez nous! Et pour une fois, Venom aura l'occasion de faire équipe avec Spider-Man, mais dans sa version Miles Morales. 
Le dessin de Ryan Stegman est vraiment convaincant, on sent qu'il maîtrise désormais les codes du personnage (Spider-Man est un terrain d'entraînement probant), et qu'il s'amuse avec cette version horrifique, qui lui permet de donner cours à ses fantasmes et ses angoisses, pour des pages de toute beauté, notamment quand le symbiote prend les commandes, avec des poses et des apparitions spectaculaires. C'est une autre des raisons de donner sa chance à ce nouveau ancien Venom, qui a cartonné aux Etats-Unis et sera un des hits de la fin de l'été chez Panini.


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AKIRA (KATSUHIRO OTOMO) RESSORT AU CINEMA

Il y a dans Akira un peu de tout et son contraire. De la science (fiction) avant gardiste, et mâtinée de conscience sociale, mais aussi de l'obscurantisme, né de la croyance aveugle, du dogme. Tout ceci injecté dans une ville de Neo-Tokyo post troisième guerre mondiale, où de jeunes motards casse-cous engagent de sinistres duels sur les autoroutes, à bord d'engins customisés. La guérilla semble omniprésente, et l'attente d'un messie, Akira, qui viendra mettre un terme à toute cette (méta)stase politique anime les espoirs d'un groupe de croyants illuminés. Mais c'est donc du coté de la science qu'il vaut mieux regarder, pour comprendre ce qui sera peut-être une renaissance, sûrement l'armaggedon. Des expériences cruelles engagées sur des enfants, un cobaye un peu plus âgé (Tetsuo) qui va dépasser les espérances, et partir à la recherche d'Akira, pour le "réveiller" et ainsi punir tout le monde, ses suiveurs comme ceux qui cherchent à profiter de lui. Il y a un peu de Hulk en Tatsuo, beaucoup de frustration inexprimée, même envers ses plus fidèles amis. Otomo donne libre cours à son imagination la plus débridée pour transformer en film son oeuvre dessinée, bien appuyé par une bande-son intelligente et suggestive, et un sens du détail surprenant. On peut juste regretter que toutes les bonnes intentions sociétales du film animé ont tendance à s’évaporer dans la surenchère de gore que sont les trente dernières minutes, et que les deux heures de l'ensemble se révèlent en fait hermétiques, comparées aux temps et au rythme du manga. Reste un document précieux et rarement égalé sur l'histoire de l'animation moderne, et de quand le Japon dama le pion aux américains, et ridiculisa toutes les productions low cost de l'époque, en transformant les ambitions d'un maître du genre en réalité fantasmagorique.


Le cadeau ultime pour les fans d'Akira :

COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...