KING SPAWN : L'UNIVERS DE SPAWN EN EXPANSION CHEZ DELCOURT


Non seulement la série fétiche de Todd McFarlane, c'est-à-dire Spawn, a particulièrement bien rebondi ces dernières années, mais voici désormais que s'ouvrent de nouveaux horizons fascinants, avec la création d'un univers partagé et plusieurs titres consacrés aux aventures de Al Simmons et de tous les autres symbiotes venus des Enfers. Pour ce qui est de la version française, ça commence ces jours-ci avec le tome 1 de King Spawn disponible chez Delcourt. Bien évidemment, si vous êtes un lecteur de passage ou qui a lâché l'affaire depuis longtemps, quelques petits éléments sont nécessaires pour appréhender l'histoire dans son ensemble. Toutefois, les efforts à fournir sont peu nombreux et vous n'allez pas non plus être complètement perdus. Sachez juste que tout le nécessaire est explicité dans cet album. C'est à dire que Spawn a scellé ce que l'on appelle les zones d'ombres, plus concrètement des lieux de passage qui permettent aux créatures du ciel et des enfers de débarquer sur terre et vice-versa. Anges et démons sont ainsi dans l'impossibilité de nous rendre visite (pour prolonger leur guerre infernale) et beaucoup d'entre eux sont piégés sans pouvoir retourner chez eux, avec quelques gros calibres d'outre-monde également, au passage. Il se trame quelque chose de particulièrement terrifiant dans l'ombre et tout ceci devient évident le jour où un enseignant se fait exploser dans une école, entouré par des petits enfants. La tragédie est en fait un message qui est adressé directement à Spawn. Sur les lieux du drame, et lors d'attentats successifs, le psaume 137 est évoqué, un passage tiré de la Bible (un livre à qui on peut faire dire tout et son contraire comme vous le savez, à l'instar de tout texte religieux) qui inciterait au massacre d'enfants innocents, pour des raisons spirituelles douteuses. Tout porte à croire que le responsable qui tire les ficelles de cette bien sombre affaire soit un certain Metatron, c'est-à-dire un ancien humain qui a finalement rejoint les forces divines et est devenu une créature démoniaque. Mais lui aussi est vite trucidé, et la menace gagne en épaisseur. Ce sont de vieilles connaissances qui refont surface, et leur plan converge vers Spawn, futur roi des enfers? 


Première constatation évidente à la lecture de King Spawn, il faut avoir le cœur bien accroché pour dévorer ces pages; il existe en effet peu de tabous aussi choquants que celui de la mort des enfants. Ici les bambins sont le prétexte à une guerre de pouvoir entre les forces de l'au-delà et pour provoquer Spawn, l'amener à prendre une décision contre sa volonté. Il y a aussi une approche particulièrement sarcastique et sombre de la religion, c'est-à-dire la manière dont des personnes peuvent interpréter et dévoyer des textes sacrés, des citations prises totalement hors contexte, afin de mener une croisade toute personnelle. Psaume 137 ou Daech, par exemple, il est tout à fait possible de lire dans ces pages une critique au vitriol de la manière dont le fait religieux est utilisé comme prétexte à des carnages sans motifs valables. Tod McFarlane a laissé Sean Lewis aux commandes de cette série, qui devient donc le second vaisseau amiral de l'univers de Spawn aux côtés du mensuel originel, qui vogue désormais allègrement depuis plus de 30 ans. Du coup, on retrouve de vieilles têtes, des personnages qui ont marqué les toutes premiers pages de Spawn, comme par exemple Billy Kincaid, cet horrible pervers qui attirait à lui les enfants, pour ensuite les démembrer dans sa camionnette de marchand de glace, et qui ici a obtenu un sérieux upgrade après un séjour dans les enfers. Mais quand on parle de la mythologie de Spawn, on en revient également à ce guet-apens qui lui a coûté la vie en Afrique, et qui est aussi revisité afin d'en tirer de nouveaux éléments, qui vont être utiles à notre histoire. On notera également, une fois refermé l'ouvrage, l'impression que les auteurs sont en train de mettre en place l'arrivée d'un pouvoir occulte qui n'est pas sans trouver une correspondance chez la Cour des hiboux chère à Batman. Il s'agira alors de la Cour des Prêtres. Et clairement, tout cela ne serait pas aussi formidable s'il n'y avait pas le dessin de Javi Fernandez pour illuminer la scène. Le verbe est peut-être mal choisi car en réalité sa capacité à transformer la noirceur et les ténèbres en quelque chose de visuellement remarquable -et qui vous saute au regard- est d'une qualité indéniable. Son style est volontairement sale, ambigu et perturbant, et on saluera d'autant plus sa performance qu'il travaille toujours de manière authentique, c'est-à-dire un dessin avant tout manuel, qui se passe pour la réalisation des grands traits de l'aide de l'ordinateur, de la tablette graphique. King Spawn mérite réellement l'appellation de comic book horrifique, il n'hésite pas à plonger très loin dans le malaise. Il recycle tout ce qui a fait le succès du personnage, toutes ses caractéristiques, pour aller encore plus loin et tenter de placer l'avatar d'Al Simmons face à un dilemme inédit, tout en lui offrant une dimension et un rôle qui inéluctablement devaient un jour être le sien. En parallèle, comme cela se vérifiait depuis déjà des mois dans la série régulière historique, Spawn n'agit pas seul, mais entouré d'une véritable petite équipe qui va lui être bien utile, face aux menaces qui se manifestent à l'horizon. C'est absolument le moment idéal pour remonter à bord ou enfin se décider à se joindre à l'aventure; les retardataires ont toujours tort, ici plus que jamais.






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