POISON IVY TOME 1 : CYCLE VERTUEUX


 Concernant le personnage de Poison Ivy, il est tout autant possible de parler d'évolution que de radicalisation. Il faut dire que récemment, la jolie rouquine a accédé à un niveau de puissance jamais atteint jusque-là, en devenant Queen Ivy. C'est-à-dire pratiquement une sorte de déesse. Pour la sauver, il a fallu la priver de ses dons formidables, de sa connexion extrême à la Sève et c'est la raison pour laquelle aujourd'hui Pamela doit avant tout reconstruire son existence. Dans la douleur, puisqu'il est totalement impossible d'oublier et de renoncer à cette grandeur mortifère qui vient d'être la sienne. Elle a même momentanément abandonné Harley Quinn avec qui elle a noué une relation sentimentale durable, parce que cette dernière a participé à son sauvetage. Nous retrouvons ainsi une Poison Ivy plus vénéneuse et enragée que jamais ! G. Willow Wilson, la scénariste, nous emmène sur les traces d'un personnage tourmenté, qui tient en piètre estime l'humanité dans son ensemble, même si elle est capable parfois de porter un regard différent sur quelques individus en particulier. Rien de bien surprenant donc à ce qu'elle décide d'éradiquer ce qui apparaît à ses yeux comme un fléau en train de ravager irrémédiablement la planète, c'est-à-dire l'être humain, au moyen d'une spore dont l'action peut être radicale et immédiate. Elle commence à contaminer ceux qui se dressent sur son passage, aussi bien parce qu'ils l'ennuient dans un bar ou parce qu'ils sont policiers dans l'exercice de leur devoir. Une Poison Ivy qui entend semer la mort avant de disparaître (les spores la dominent peu à peu)… voilà donc une incarnation du personnage qui n'a plus grand chose à voir avec celle que l'on pouvait comprendre et pour qui on pouvait éprouver de l'empathie. Nous sommes au-delà de l'écoterrorisme et nous entrons de plain-pied dans le génocide.


Éliminer l'humanité pour sauver la planète, voilà un programme particulièrement écologiste et énervé ! Il faut dire qu'à l'instar de la mère nature, Poison Ivy aussi a été meurtrie dans son propre corps, "violée" d'une certaine manière par les expériences de Jason Woodrue, alias l'homme Floronique ou encore de la Sève, comme on l'appelle ici. Un passé tragique qui peut à défaut de justifier expliquer les raisons pour lesquelles aujourd'hui Pamela est passée du côté obscur de la force et ne semble pas éprouver de compassion particulière, si ce n'est en quelques cas bien isolés. Il y aura d'ailleurs dans cet album l'affrontement attendu entre le scientifique fou et celle qu'il a contribué à créer. Le tout avec en toile de fond l'encrage humain qui empêchera peut-être à Poison Ivy de sombrer dans la folie, c'est-à-dire l'amour, ce qu'apparemment l'humanité a inventé de mieux. Sans être réellement présente, Harley Quinn a donc un rôle à jouer dans cette histoire. Du côté des dessins, l'artiste principal à l'œuvre dans ces épisodes se nomme Marcio Takara. Je dois dire que son travail mérite d'être découvert et apprécié : il offre de jolies formes à ses héroïnes sans pour autant sombrer dans le racolage, il parvient à rendre vivante et gracieuse ses planches, même lorsqu'il s'agit d'une simple conversation ou d'actes banals du quotidien. Brian Level signe de son côté un certain nombre de pages un peu plus cauchemaresques, qui auraient mérité à être un peu plus lisibles. Elles apparaissent un peu brouillonnes et c'est dommage. Notons que Urban Comics ajoute en fin d'album une vieille histoire tirée de secret origins 38, qui permet de se rendre compte à quel point Poison Ivy peut-être perturbante et dangereuse, dès lors qu'on s'approche d'elle. Un épisode qui la présente clairement comme l'objet d'une forme de délire et spécialiste ès manipulation. En tous les cas, ce qui au départ ne devait être qu'une mini-série a fini par gagner ses galons de regular et on comprend pourquoi. Ce sera une des lectures à conseiller sincèrement en cette rentrée, chez Urban Comics.




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