Le drame éclate lorsque Magog, l’un de ces jeunes surhommes, provoque un accident d’une ampleur inimaginable : un affrontement qui raye littéralement le Kansas de la carte des États-Unis. Face à ce désastre, les « vieilles épaves » n’ont plus le choix. Superman, malgré lui, sort de sa retraite et entreprend de reformer la Justice League afin d’inculquer à cette garde insoumise un peu de vérité et de justice. Mais la route est semée d’embûches : Bruce Wayne refuse de l’aider et, aux côtés d’Oliver Queen, collabore avec Lex Luthor (e pire ennemi de Superman, quoi) pour des raisons qui ne tarderont pas à se révéler. L’alliance improbable du Chevalier Noir et de Luthor constitue d’ailleurs l’un des axes les plus troublants de cette dystopie. Waid nous balance un récit intense et évocateur dont la profondeur captive le lecteur. Il interroge la légitimité même du superhéros : à quel moment son intervention devient-elle oppression ? La paix doit-elle être imposée par la force, comme le suggère une Wonder Woman autoritaire, qui rappelle au passage certaines envolées politiques du monde réel ? Et si tel est le cas, qu’est-ce qui distingue encore un superhéros d’un fasciste ? Pour Waid, la réponse est claire : un héros est avant tout un être humain, puis un surhomme. Dépourvu d’humanité, il cesse d’être un héros. Un super-héros ne tue pas. Personne ne doit prévaloir. Les justiciers hypertrophiés qui dominent le marché n’ont plus grand-chose de noble, et Kingdom Come agit comme un miroir impitoyable tendu aux conventions narratives de la BD américaine. Les véritables superhéros sont de la trempe de Superman, pas de Lobo, pour citer un exemple DC, ni du Punisher chez Marvel. Le récit joue aussi sur un symbolisme quasi religieux : par son écriture comme par ses dessins, il confère à ces figures un statut proche du divin. Impossible enfin de parler de Kingdom Come sans évoquer Alex Ross. Déjà auteur du chef-d’œuvre Marvels, il livre ici un travail d’orfèvre. Chaque planche mérite qu’on s’y attarde longuement, tant elle regorge de détails minutieux. Comparé à Marvels, l’approche est moins statique, plus dynamique, notamment dans les séquences d’action où Ross parvient à insuffler un mouvement rare dans la peinture. Il n’en oublie pas pour autant l’essentiel : capturer visuellement le charisme des mythes vivants que sont les superhéros DC. La collection Urban Limited et son écrin somptueux (à 89 euros, tout de même) est probablement l'édition ultime et luxueuse qui finira dans les hottes des plus fortunés d'entre vous, à l'occasion des fêtes de Noël !
KINGDOM COME : UNE VERSION LUXUEUSE CHEZ URBAN POUR NOEL
Kingdom Come est une œuvre mûrement pensée, inscrite dans le même filon que des pierres angulaires des comics américain comme Watchmen ou The Dark Knight Returns. Dans ces récits, les héros se montrent désabusés ou franchement cyniques, plutôt qu’héroïques, « sans peur et sans reproches ». Pendant longtemps, beaucoup de personnages DC avaient incarné une idée solaire du superhéros, reflet d’un optimisme typiquement américain. En 1961, Marvel bouscula cet état de fait et les héros créés par Lee, Kirby et Ditko apportèrent une valeur novatrice et transgressive qui éclipsa momentanément les autres éditeurs. Pourtant, à partir des années quatre-vingt, DC publia nombre d’œuvres subversives et révolutionnaires, même si certains continuaient à penser que Flash, Green Lantern et consorts n’étaient plus en phase avec leur époque. En 1996, Mark Waid repartit de cette idée fausse avec Kingdom Come. Il imagina un futur possible où les superhéros traditionnels ont été dépassés, puis remplacés, par une génération plus agressive… et nettement plus amorale. Dans ce monde-là, les justiciers « classiques » ont pris leur retraite pour diverses raisons : Superman vit reclus dans une ferme, triste et mélancolique, et refuse d’affronter son passé ; Wonder Woman a été reniée par les Amazones et peine à donner un sens à sa vie ; Bruce Wayne ne porte plus le costume, mais continue de lutter contre la criminalité à Gotham, avec des méthodes plus que douteuses. Les surhommes existent toujours mais ont changé : jeunes, arrogants, agressifs, ils combattent les méchants avec une brutalité décomplexée. Ils ne connaissent ni limites ni responsabilités. Ils n’hésitent pas à tuer si cela leur semble nécessaire, et si un innocent meurt au passage, cela les touche à peu près autant que le souvenir de leur premier caleçon. C'est ça, les héros modernes ? Est-ce ainsi que l’on doit concevoir l’héroïsme ? Waid ne se contente pas de poser la question : il l’explore en profondeur. L’histoire débute avec Wesley Dodds, alias Sandman, qui met en garde un prêtre vieillissant, Norman McKaye, contre un Armageddon imminent. Norman voit ses cauchemars s’intensifier, jusqu’à recevoir la visite du Spectre lui-même, lequel lui révèle qu’une catastrophe se prépare et l’entraîne à travers des visions terrifiantes impliquant ces nouveaux superhéros dévoyés. Pourquoi Superman, Wonder Woman et les anciennes gloires ne s’en mêlent-ils pas ? Leur retour est-il nécessaire, ou constituent-ils eux-mêmes une partie du problème ?
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