Avec l’opération »Brand new day », Spiderman a donc subi un relaunch des plus controversés. Depuis les récents événements liés à « Civil war », durant laquelle Peter Parker avait révélé sa double identité au grand public lors d’une conférence de presse mémorable, les choses sont allées de mal en pis. Peter a fini par douter des méthodes de son nouveau mentor, Tony Starck, et a rejoint le maquis avec les autres super héros dissidents. Ensuite Kingpin, caïd du crime, n’a eu aucun mal à commanditer l’assassinat de la légendaire Tante May, même si en retour il a du subir une humiliation douloureuse, sous les poings vengeurs de Spidey. C’est là que Marvel est pris de court : comment aller plus loin encore dans le « noir » ( L’Araignée endosse à nouveau son costume sombre pour mieux faire comprendre que par les temps qui courent, mieux vaux ne pas lui chercher de noises ) sans renier les fondements mêmes du personnage, depuis toujours insouciant et ironique, et qui avait fini par devenir un énième redresseur de torts torturés et au modus operandi violent. Comment venir à bout d’un statut-quo qui a tenu en haleine pendant des mois ( la Tante May en fin de vie aux urgences, Spidey fugitif est recherché par ses pairs, son identité secrète est à l’eau…) mais qui menace de finir vite dans une impasse, Peter Parker ne pouvant avoir un destin, une trajectoire, à la Matt Murdock ( Brubaker, dans le même temps, fait vivre les pires épreuves à Daredevil, en exploitant les mêmes recettes : double identité révélée au public, menaces physiques aux proches… ) et il reste un détail non négligeable dans l’affaire : Marvel, tout comme DC, est une major du comic-book et en tant que tel, ses parutions doivent être rentables et éviter les prises de risque alambiquées, comme peut l’être la métamorphose caractérielle radicale d’un de ses héros de référence.
Abracadabra, Deus Ex Macchina des plus classiques, un bon gros tour de magie et l’affaire est dans le sac ! C’est Méphisto ( en gros le Diable ) qui sort Peter du pétrin, en sauvant son identité ( plus personne ne se souvient de la fameuse conférence de presse…) et sa tante ( qui gambade à nouveau comme en quarante ), en échange, tout de même, de son couple. Exit Mary-Jane Watson, épouse Parker, notre bon vieil homme araignée est à nouveau célibataire, fauché comme les blés, journaliste free-lance au Bugle ( qui va changer de nom et de propriétaire ) et capable de blaguer et faire les pires calembours dans les situations les plus extrêmes. Il suffirait de ressusciter Steve Ditko, de lui confier la partie graphique, et on se croirait dans les sixities, les amis !
Alors quid du pour et du contre, un an après ce grand chambardement ? Dur à dire, même si le public hardcore a encore du mal à digérer le relaunch. D’un coté, la série fleure bon la nostalgie, avec le retour de tant de personnages et de héros qui avait fini par disparaître ces dernières années, où les scénaristes ( Srtaczynski en tête ) préféraient aller de l’avant, encore et toujours, quitte à intervenir directement sur les fondements mêmes du personnage. C’est ainsi que Peter est mort et revenu d’outre tombe, avec cette fois une véritable toile organique, comme dans les films, au lieu de lance-toile artisanal. Tout cela est gommé, effacé, oublié, renié. Harry Osborn n’est même pas mort, figurez vous ! Il était lui aussi en Europe ( expédient déjà utilisé pour le père Osborn, Norman ) et il est revenu animé de bonnes intentions, prêt à reprendre sa place dans le cast en tant que meilleur ami friqué de notre cher Peter Parker. On revoit de plus en plus souvent Betty Brant, la secrétaire de Jameson, qui se remet peu à peu de son éviction du Bugle, et de son grave infarctus, au point qu’il brigue désormais la marie de New-York. Spidey est encore et toujours une menace, et il est accusé d’être un assassin, puisque des cadavres sont retrouvés, portant tous une des ces « araignées espions », qui servent de traceur, de mini balise gps, à notre entoilé. Les nouveaux vilains s’inscrivent dans une certaine tradition, ainsi en est-il de Menace, qui évoque indubitablement la lignée des Bouffons, un de ces fous costumés sur un planeur. Un clin d’œil à la continuity pré Brand New Day a été fait également avec le personnage de Jackpot, une rouquine qui n’a pas froid aux yeux, et qui était censé faire penser aux lecteurs que peut être Mary-Jane et Peter… Mais toute cette opération « nostalgie canaille » se heurte à un problème de fond : la série qui avait atteint un paroxysme inattendu au niveau de la tension narrative et de la précipitation des événements ( 40 ans d’aventures soudain remis en question en six mois ) est repartie sur de nouvelles bases, plus sereines, mais qui souvent ronronnent. Les arcs narratifs de qualité et ceux beaucoup plus faiblards se succèdent, et il se dégage une évidente impression que dans 10 ou 20 ans, hormis le fait que le titre a subi un lifting radical, le grand public ne gardera rien à l’esprit, ou presque, de cette première saison mi figue mi raisin d’Amazing Spiderman nouvelle formule. Marvel a forcé la main de ses lecteurs en reniant les audaces et les bouleversements pré et post Civil War, et ses intentions belliqueuses sont devenues de simples rodomontades, ce que beaucoup d’entre nous n’ont pas encore digéré. Ajoutez à cela une prochaine résurrection de Steve Rogers, et vous aurez le sentiment qu’il flotte dans l’air comme un parfum de restauration, d’ancien Régime, dont Norman Osborn et son Dark Reign ferait bien de se méfier. Le lectorat est tout puissant, plus encore que Sentry ou Hulk, et il faut bien penser à le caresser dans le sens du poil…
Perso, je ne lis absolument plus Spiderman depuis BND.
RépondreSupprimerTu n'es pas le seul. Marvel a perdu pas mal de public avec cette opération mais table aussi sur un retour aux affaires de la plupart, avec le temps, et l'arrivée de nouveaux lecteurs. Cela dit, avec le retour de Ben Reilly dans les prochaines semaines ( en VF j'entend ) ça ne va pas forcément s'améliorer...
RépondreSupprimeridem j'ai abandonné spider man après BND, trop décu de retourner dans la routine spiderman, avec une impression de déjà "lu". La culpabilité de spider a dépassé mes bornes et l'arrivée de mephisto m'a semblé bien trop mystique pour le spuder de notre epoque
RépondreSupprimerJ'ai rebondit sur wolverine