J'en conviens, je ne fais pas dans l'originalité en évoquant la chose, mais il fallait bien toucher un mot, à un moment ou à un autre, du grand Marvel Event de cet été ( en VF ) SECRET INVASION. Pour faire bref : voilà des années que les skrulls ( des aliens pouvant épouser les apparences et les pouvoirs de n'importe lequel des super héros et habitants de notre planète ) vivent parmi nous et peaufinent une invasion massive : le moment est venu, et ils abattent leurs cartes. Certains des héros traditionnels de la Marvel ne sont ainsi pas tout à fait ceux que nous pouvions imaginer... Le grand dilemme est de savoir qui croire; qui est qui, à qui se fier? L'intrus, l'ennemi, est parmi nous, rien ne le distingue plus de notre voisin, notre frère... Dans une Amérique post 11 septembre qui a vu la menace intégriste grandir en son sein, c'est tout un symbole, celui d'un monde où trembler pour et face à tout/tout le monde, des certitudes qui volent en éclat. Le voisin si gentil ou si discret est peut être en train de peaufiner une bombe dans son garage, et vous le retrouverez au journal télévisé de ce soir, à la une, avant qu'il aille croupir pour qui sait combien de temps, dans les geôles chauffées de Guantanamo.
Après avoir demandé aux lecteurs de choisir leur camp ( Whose side are you on? durant Civil War ) Bendis tisse un récit efficace et rythmé, invitant à la défiance totale envers son prochain ( Trust no one... ) et qui a tout de même un gros défaut; celui de rester prudent quand aux pertes superhéroïques, et de ramener sur la scène trop de personnages d'un coup, par un subterfuge que je n'apprécie pas. Les dégats matériels sont par ailleurs un peu exagérés, et la reconstruction, si on en juge les albums Marvel post SI, a été bon train, et l'opinion publique a plutôt bien digéré ce qui fut, soulignons le, une colonisation pure et simple à l'echelle quasi planétaire! LF Yu n'est pas ma tasse de thé aux crayons, mais là il fait de son mieux et je me suis surpris à en penser pas mal de bien! Son utilisation des ombres, des traits hachurés et des corps anguleux, contribuent à la paranoïa ambiante qui est le sel de cette saga. Au bout du compte, reste désormais une société livrée aux "forces du mal", où le sacrifice et sa récompense n'ont guère plus de sens. Une société finalement très proche de la notre, malheuresement. En cela la Marvel accomplit encore un pas en avant vers la suppression des frontières morales et sème le trouble parmi les amateurs de bons gros combats dychotomiques. Ce qui fait écho à notre société où l'humble citoyen qui se contente d'accomplir son devoir, son travail, avec probité et efficacité, est vu comme un looser, et où sont mis en avant les marginaux, les personnages hors normes, les provocateurs, ce qui parlent plus fort que le voisin, les plus vulgaires et les plus violents, souvent. J'aurais juste une dernière requête, pour en finir : amis grands pontes de la Marvel, j'exige un traitement cohérent, au niveau psychologique et au niveau narratif ( qu'ont-ils fait pendant ce temps? ) du retour soudain de tous ces personnages qu'on croyait trépassés. Autrement je me sentirais floué, avec ces énièmes résurrections impromptues, qui prouvent que le dollar a vraiment des vertus taumaturgiques eclatantes!
Moi qui était content de voir Pym, Spider woman, oiseau moqueur et l'invisible enfin mort !
RépondreSupprimerQuel deception !