Dave Lizewski est comme vous et moi : il s'abreuve de comic-books et a une passion sans bornes pour les histoires de super-héros. Au point qu'une conclusion s'impose à lui : pourquoi personne n'a jamais eu l'idée, auparavant, de revêtir un de ces costumes bariolés et d'aller faire respecter la loi et la justice dans notre monde réel et prosaïque? Certes, quand on est un ado timide et prototype du geek coincé au lycée, on a peu de chances de se transformer en Captain America ou Dieu de la foudre, mais une bonne tenue remportée d'occasion aux enchères sur Ebay, et une sacrée dose d'inconscience, ça peut faire l'affaire! Voilà donc Dave qui se lance dans sa petite croisade personnelle, sans même avoir pris le temps de se baptiser d'un de ces noms ronflants qui peuplent nos revues de papier. Le premier contact avec la dure réalité (de simples tagueurs mal embouchés) est hilarant, jouissif. La première patrouille est un echec cuisant, Dave est passé à tabac par ceux à qui il voulait faire entendre raison, et se retrouve à l'hôpital avec de multiples fractures et hémorragies, et de longs mois de réeducation. Dure la vie de super héros! On nous aurait menti? Vous croyez que ça va l'arrêter? Que nenni! Il a beau jurer qu'on ne l'y reprendra plus, jeter ses vieilles bd au feu, le démon de l'aventure est le plus fort. Cette fois, Dave prend des coups mais il en donne aussi beaucoup, au point qu'une vidéo effectuée avec un portable fait le tour du net et immortalise les exploits de l'improbable justicier. C'est la gloire et le buzz assurés, ce qui donne l'idée à notre casse-cou d'ouvrir une page myspace pour proposer ses services en tant que ... Kick-Ass, comme les médias et les fans l'ont baptisé. Mais là tout s'enchaîne... une simple mission d'intimidation se transforme en face à face avec de sombres voyous bien dangereux, qui risquent de ne faire qu'une bouchée du super héros en herbe... jusqu'à ce qu'une gamine de douze ans, travestie elle aussi en héroïne, ne fasse irruption d'un coup d'un seul, et décime le gang à la "Kill Bill" !
Millar donne libre cours à toute sa fantasisie, son ironie, pour un feu d'artifice narratif jubilatoire. On lui pardonnera quelques auto citations à sa propre gloire (1985, par exemple), son talent vaut bien une petite immodestie. L'essentiel est que dans Kick-Ass, il semble prendre autant de plaisir à déployer sa verve que nous en le lisant. Le thème principal est en réalité l'aboutissement du vieux fantasme de pas mal de geeks, à savoir transposer dans notre réalité les aventures rocambolesques que nous lisons chaque mois. Sauf qu'en guise de morsure d'araignée, ou d'expositions aux rayons cosmiques, il faudra se contenter du culot invraissemblable d'un gamin ravagé. Romita Jr est parfait pour cette histoire ; son dynamisme transcende chaque planche tout en gardant cette distance necessaire pour que le "fun" ne soit pas eclipsé sous un réalisme gore et étouffant. Son style qui tend de plus en plus à l'abstrait n'a pas encore ici atteint ce point de non retour dans la "non-finition" qui fait de lui la cible parfaite pour nombre de lecteurs enragés, qui ne lui pardonnent pas ses dernières prestations sur les Vengeurs, ou ses couvertures assez horribles, il faut bien le dire. Kick-Ass est une parfaite définition de ce qu'on pourrait appeller le comic-book "exutoire" sans prétention métaphysique, mais à forte vocation adictive. Ce beau Deluxe est une sorte de cadeau de noël avant l'heure, pour tous ceux qui à l'époque n'avaient pas souhaité investir sur deux albums de quatre épisodes chacun. L'attente a été récompensé, et il faut bien le dire, ça fait du bien de parfois cesser de se torturer les méninges, pour suivre une bonne histoire qui botte les fesses, à gros coups de tatanes et d'humour adolescent. Régressif rime avec jouissif.
Rating : OOOOO
Rating : OOOOO
J'avais craqué pour les 2 albums en 100%, mais au delà du format, l'histoire est assez jubilatoire (et l'adaptation ciné n'est pas mal non plus)
RépondreSupprimerC'est fun et c'est tout. c'est fait pour ça, et ça marche!
RépondreSupprimer