Il n'est pas facile d'exister, pour un run comme celui de David Mazzucchelli et Denny O'Neil, lorsque vous êtes coincé entre la légende (la première ère Frank Miller, avec Klaus Janson à l'encrage) et l'apogée (le retour de Miller pour Born Again). Toutefois, les lecteurs de Daredevil ont une bonne excuse pour se replonger dans ces épisodes datant le la moitié des eighties : Love's labors lost, un tpb qui reprend 9 numéros de la série, publiés en 1985 et 1986. Une époque mouvementée pour un diable rouge poissard avec les femmes, principalement. Certes, il collectionne les conquêtes, et pas des moindres. Bien qu'aveugle, Matt Murdock n'est jamais sorti avec un cageot, et il a l'habitude de les choisir avec goût et soin, esthétiquement parlant. Pour le reste, ses compagnes sont discutables. Nous n'aborderons pas ici Elektra, morte quelques années auparavant, poignardée par son propre sai, des mains de Bullseye. Par contre, que dire de Heather Glenn, brunette fille d'un entrepreneur déchu, éprise de Matt mais très vite délaissée? De dépit, Heather va même se pendre, et lorsque Matt excédé, refusera de répondre à ses appels incessants en pleine nuit, il découvrira au petit matin son corps inanimé au bout d'une corde... Pour se venger, il ne lui restera plus qu'à s'en prendre à des criminels de seconde zone, des italiens qui étaient venus cambrioler chez son ex, quelques minutes après son geste fatal. DD en profite pour vivre une aventure exotique à Venise, et soulager sa peine à coups de poings. Peine perdue, la culpabilité le rongera à son retour. Pourtant, tout semblait aller bien pour lui, puisqu'il fréquentait la nièce de son associé, Foggy Nelson, une irlandaise pétillante du nom de Glorianna O'Breen. Hélas, celle ci est une activiste de l'IRA, dont elle aide les membres en cachette, sous les traits d'une mystérieuse vieille inconnue, une couverture que nous autres lecteurs avions éventé dès les premières allusions. Tu les trouves où, Matt, tes petites copines?
Du coup, Matt va revoir, de ci de là, son ancienne flamme soviétique, la redoutable espionne, la Veuve Noire. Certes, il s'agit pour le moment de rapports professionnels, mais entre ces deux là... Sa poisse s'étend aussi à ses proches. Ainsi son ami de toujours et associé en affaires, Foggy Nelson, a lui aussi ses déboires sentimentaux. Sa femme l'a quitté pour un autre, puis est revenue, mais les deux époux vivent séparés et leur mariage est arrivé (bien vite) à son terme. Foggy traîne sa déprime, Matt est aux abonnés absents (sa double vie lui rend le quotidien bien difficile), du coup l'étude d'avocat des deux compères bat sérieusement de l'aile. Ajoutez à cela d'autres soucis inopportuns, lorsque Adrian Toomes, alias le Vautour, décide d'aller piller la tombe d'Heather, ou encore quand le Gladiateur, pourtant guéri de ses troubles mentaux et défendu par Murdock au tribunal, reprend du service, au comble de l'ingratitude. Bref, O'Neil n'épargne aucune épreuve à Daredevil, qu'il rend subtilement insensible et responsable de ces tragédies en chaîne qui s'abattent sur son existence. Le DD de Mazzucchelli est plastiquement réussi, souple, les planches sont claires et très lisibles, assez classiques, sans rodomontades artistiques. Toute une époque du personnage, qui n'est pas forcément celle qui nous vient en premier à l'esprit, lorsque nous remontons le temps, mais qui pourrait bien inspirer, un prochain jour, un album en VF, qui ravirait à coup sur les fans de tête à cornes. Envoyez votre courrier chez Panini, peut être vous écouteront-ils.
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