ELEKTRA TOME 1 : DANSE MACABRE

L'honneur et la rédemption. La liberté et l'amour. Le destin et la mort. Elektra, c'est tout ça, et bien d'autres choses encore. C'est aussi une nouvelle série lancée dans le cadre de l'opération All-New Marvel Now, qui se place résolument dans une optique "indie" et artistiquement audacieuse, loin des canons traditionnels des comic-books les plus mainstream. C'est d'ailleurs un choix éditorial qui semble s'affirmer avec cette seconde vague de nouvelles séries de la Maison des Idées, et on ne va pas s'en plaindre! Ici, nous (re)découvrons une belle ninja aussi désemparée que solitaire. L'ataraxie n'est pas encore au menu de ce jour, et les souvenirs, pas forcément positifs, affluent toujours aussi oppressants. Elektra a longtemps été ce que l'on voulait d'elle (ce que nous rappelle une splendide danse au ruban sur une double page), avant d'échouer à cristalliser les attentes et les désirs, que cela aille d'un contrat à exécuter, à un homme à aimer. Tout ici semble d'emblée faire écho à cette aventure mythique qu'est Elektra Assassin, de Miller et Sienkiewicz, tant dans la narration, que dans les planches peintes aux accents  merveilleux ou cauchemardesques, qui feraient passer celles de Williams III (Batwoman) pour des compositions ultra réalistes à la Alex Ross. Après une introduction vouée à l'introspection et à l'héritage familiale, Elektra nous emmène à la rencontre d'une certaine Intermédiaire, qui lui fournit un nouveau contrat, à sa demande. La belle ninja va devoir retrouver la trace d'un certain Cape Crow, que nombre d'assassins souhaitent voir mort, mais sur qui un contrat mirobolant à été placé. Un contrat particulier puisqu'Elektra, en dépit de ses penchants et des ses tendances expéditives, va devoir rapporter sa proie en vie. Les obstacles bien sur ne sont pas des moindres, surtout cet aborigène implacable qui se nourrit d'une partie du corps de ses victimes (animales ou humaines, comme Bullseye...) pour en acquérir les savoirs et les souvenirs. 

Ce Lèvres ensanglantées a tout pour plaire. Il est puissant, perturbé, mystérieux, et sérieusement dérangé. Un ongle, un doigt, un pied, et voilà qu'il assimile vos dons, vos pensées, vos souvenirs. De l'anthropophagie à la puissance ultime, vous dévorer pour vous absorber. La pauvre Lady Bullseye va ainsi servir provisoirement de garde-manger dans cet album (encore que cette idée aurait pu être exploité de manière bien plus gore, nous restons ici dans une idée édulcorée de la chose), et l'assassin insatiable se léchera les babines en découvrant sur un sabre le sang encore tout frais d'Elektra, une ninja dont il ferait bien son quatre-heures. W.Haden Blackman s'amuse avec ce nouveau titre qu'il modèle à sa guise, offrant un départ classiquement millerien (dans le sens de Frank...) avant de bifurquer et de viser ouvertement les sentiers de campagne jamais empruntées avant lui, par Elektra et sa cohorte d'assassins. On voyage un peu, sautant de l'île aux monstres à une cité ensevelie en Chine, et comme l'ensemble est vu à travers le prisme de Del Mundo, qui s'applique et donne le meilleur de lui même -et plus encore- pour ce premier vrai travail chez Marvel dans une on-going, c'est absolument magnifique, visuellement. Le hic, c'est que ça ne suffit pas, dans un marché déjà sursaturé de propositions héroïques. Elektra n'a pas rencontré le succès escompté et la série ne dépassera pas le numéro 11, ce qui explique que Panini ne sortira donc que deux tomes. Qu'à cela ne tienne, je vous invite à vous procurer ce premier volume, qui a vraiment quelque chose de fascinant, de perturbant, comme devrait l'être la beauté quand elle se permet une excursion en marge des canons établis. 

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