En 1961 4 pionniers s'embarquent à bord d'une navette spatiale pour rejoindre à la sauvette la Lune; ces quatre là se connaissent bien, ils sont liés par le sang ou par l'amitié et partent accomplir ce qui pour l'époque est un rêve ou un fantasme de l'humanité. Mais les événements tournent court : voici que la fusée est bombardée par d'étranges rayons cosmiques qui pénètrent les protections recouvrant les parois, et transforment à tout jamais nos cobayes de l'espace. A leur retour précipité sur Terre, les quatre larrons se découvrent des pouvoirs étonnants; le chef de la bande (un savant accompli) obtient la possibilité d'étirer ses membres à l'infini comme un élastique humain. Son meilleur ami, le pilote, devient une monstrueuse chose orange à la peau rocailleuse. Enfin le frère et la soeur Storm aussi subissent une mutation; le blondinet peut s'enflammer et devenir une torche humaine tandis que la jeune fille... et bien disons que vu le rôle des femmes à l'époque, au début des années 60 dans la bande dessinée américaine, et bien... elle devient tout simplement invisible, ce qui est une façon comme une autre de dire que dans certains cas il vaut encore mieux pour elle de s'effacer. C'est ainsi que naît un des comic-books les plus importants de l'histoire, qui allait à tout jamais changer la donne en matière de dynamique de groupe, dans ce genre de récits, mais aussi apporter un regard frais et novateur sur la conception du fantastique et du merveilleux dans l'univers des super-héros. La science-fiction la plus pure, la plus classique, va en effet rencontrer mois après mois la réalité et ses angoisses, l'évolution technique, militaire, et scientifique qui transforme notre monde en une poudrière, en un espace où tous les possibles s'élargissent incroyablement, au prix d'un danger permanent et d'effets secondaires souvent fort indésirables. D'entrée les créatures les plus fantasques, les plus répugnantes ou insidieuses, viennent pointer le bout de leur nez chez les Fantastiques. Dans cette anthologie, vous retrouverez l'Homme Taupe et les habitants du royaume sous-terrain, qui inaugurent la série, mais aussi le plus grand ennemi du quatuor, le Docteur Fatalis (Doom en Vo), l'alter égo de Reed Richards le jeune savant, la sagesse et l'humanité en moins. Richards a trouvé l'amour en Susan Storm, et c'est un être fondamentalement bon et compatissant. C'est seulement ainsi que la science peut acquérir une conscience. Fatalis est froid, hautain, brisé par la vie (il a été défiguré) et c'est un misanthrope convaincu. La science, dans ses mains, n'est qu'une promesse inéluctable de lendemains qui déchantent. Stan Lee et Jack Kirby écrivent dès lors la légende.
Pourtant les personnages en soi n'étaient pas inédits ou des plus originaux. Les pouvoirs de Reed Richards sont plus ou moins similaires à ceux du héros né dans les années 40 chez la concurrence, à savoir Plastic Man. Johnny Storm n'est qu'une version 2.0 de l'androïde du même nom (Torche), qui a combattu vaillamment durant la seconde guerre mondiale. On peut deviner, chez la Chose, des réminiscences du monstre de Frankenstein, tandis que Susan Storm fait écho à l'Homme Invisible tant en vogue au début des années 60. C'est l'interaction entre ces individus, la création non plus d'un groupe de héros, mais d'un noyau familial, à l'heure où cela est une valeur refuge, qui est la clé de la réussite de la série. D'ailleurs, dans un monde où la famille décomposée et recomposée est devenue une norme banale, les 4 Fantastiques peinent aujourd'hui à trouver leur place, au point que leurs aventures sont souvent perçues avec cette pointe de niaiserie (absolument fausse à mon sens) ou de second degré qui fait que des lecteurs se détournent. Très vite, un enfant nait et renforce les liens familiaux. C'est dans la douleur, et avec une excursion en zone négative (chez le terrible Annihilus) que les Fantastic four (three, car Susan est en train d'accoucher) parviennent à rendre cette naissance possible, et viable pour le bambin. Cette même zone négative, bien des décennies plus tard, devient le théâtre d'un drame présent dans cette anthologie, à savoir la mort de la Torche, qui s'en est vite remis, comme le veut la tradition super-héroïque. Les Fantastiques, c'était (ce sont) ce groupe de héros aux missions totalement merveilleuses, aux confins du possible, mais pourtant si humains. Avec des coups de gueule mémorable, de la jalousie et de la colère (Ben Grimm aime Susan, il déteste son état et cherche à y remédier, en vain), de l'amour et de l'espoir, des problèmes du quotidien et une vie réelle et concrète (le laboratoire du Baxter Building est presque un personnage en soi, c'est un cadre de vie qui caractérise les héros, en travailleurs du fantastique, justement. Les costumes sont en ce sens proches de simples combinaisons professionnelles, et ont une fonction autant identitaires que pratiques; avec un bémol sur le simple slip bleu de la Chose, qui a toujours eu un coté risible). Les grands noms qui se succèdent dans ce volume nous rappelle combien les FF ont une une vie riche et palpitante, de Lee et Kirby au départ, en passant par la révolution Byrne, qui magnifia le quatuor dans les années 80, ou récemment Millar et Hickman, qui n'allèrent pas au bout de leurs idées. Au dessin Buscema, le regretté Wieringo (auteur d'un run très intelligent avec Mark Waid) ou bien Alan Davis (et Byrne) sauront vous régaler de planches somptueuses et mémorables. A défaut d'être incontournable pour les Marvel fans de longue date, cette anthologie peut-être un bon moyen de convaincre le néophyte de la longue et glorieuse carrière des FF, aujourd'hui au creux de la vague. Gageons que des résultats au box-office du nouveau film qui leur est consacré pourrait bien naître une nouvelle ère, pour Mister Fantastic et sa famille.
Pourtant les personnages en soi n'étaient pas inédits ou des plus originaux. Les pouvoirs de Reed Richards sont plus ou moins similaires à ceux du héros né dans les années 40 chez la concurrence, à savoir Plastic Man. Johnny Storm n'est qu'une version 2.0 de l'androïde du même nom (Torche), qui a combattu vaillamment durant la seconde guerre mondiale. On peut deviner, chez la Chose, des réminiscences du monstre de Frankenstein, tandis que Susan Storm fait écho à l'Homme Invisible tant en vogue au début des années 60. C'est l'interaction entre ces individus, la création non plus d'un groupe de héros, mais d'un noyau familial, à l'heure où cela est une valeur refuge, qui est la clé de la réussite de la série. D'ailleurs, dans un monde où la famille décomposée et recomposée est devenue une norme banale, les 4 Fantastiques peinent aujourd'hui à trouver leur place, au point que leurs aventures sont souvent perçues avec cette pointe de niaiserie (absolument fausse à mon sens) ou de second degré qui fait que des lecteurs se détournent. Très vite, un enfant nait et renforce les liens familiaux. C'est dans la douleur, et avec une excursion en zone négative (chez le terrible Annihilus) que les Fantastic four (three, car Susan est en train d'accoucher) parviennent à rendre cette naissance possible, et viable pour le bambin. Cette même zone négative, bien des décennies plus tard, devient le théâtre d'un drame présent dans cette anthologie, à savoir la mort de la Torche, qui s'en est vite remis, comme le veut la tradition super-héroïque. Les Fantastiques, c'était (ce sont) ce groupe de héros aux missions totalement merveilleuses, aux confins du possible, mais pourtant si humains. Avec des coups de gueule mémorable, de la jalousie et de la colère (Ben Grimm aime Susan, il déteste son état et cherche à y remédier, en vain), de l'amour et de l'espoir, des problèmes du quotidien et une vie réelle et concrète (le laboratoire du Baxter Building est presque un personnage en soi, c'est un cadre de vie qui caractérise les héros, en travailleurs du fantastique, justement. Les costumes sont en ce sens proches de simples combinaisons professionnelles, et ont une fonction autant identitaires que pratiques; avec un bémol sur le simple slip bleu de la Chose, qui a toujours eu un coté risible). Les grands noms qui se succèdent dans ce volume nous rappelle combien les FF ont une une vie riche et palpitante, de Lee et Kirby au départ, en passant par la révolution Byrne, qui magnifia le quatuor dans les années 80, ou récemment Millar et Hickman, qui n'allèrent pas au bout de leurs idées. Au dessin Buscema, le regretté Wieringo (auteur d'un run très intelligent avec Mark Waid) ou bien Alan Davis (et Byrne) sauront vous régaler de planches somptueuses et mémorables. A défaut d'être incontournable pour les Marvel fans de longue date, cette anthologie peut-être un bon moyen de convaincre le néophyte de la longue et glorieuse carrière des FF, aujourd'hui au creux de la vague. Gageons que des résultats au box-office du nouveau film qui leur est consacré pourrait bien naître une nouvelle ère, pour Mister Fantastic et sa famille.
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