Le moment est venu pour moi de nuancer cette critique. Snyder envoie du lourd, du très lourd. Le Joker est donc parvenu à contaminer la Justice League, ainsi que la ville, avec un virus qui pousse les gens à rire jusqu'à en mourir, et à céder aux pires penchants enfouis dans l'inconscient. Ce n'est pas une nouveauté, c'est malheureusement ce que j'appellerais l'effet Walking Dead : recourir à des histoires de virus, d'infections transmissibles, pour créer un effet de suspens dramatique. Je sature. Ici ce n'est pas le pire. Non, la faute de Snyder, à mon sens, c'est de semer le trouble dans l'esprit du lecteur, en voulant lui faire avaler (ou peut-être pas d'ailleurs) l'idée que le Joker est plus qu'un simple cinglé motivé par un mal solidement ancré au fond d'une psyché dévastée. Ce qui permet de justifier, d'expliquer comment et pourquoi il a retrouvé un visage après s'être fait découpé et retirer celui-ci. C'est aussi un bon moyen d'iconiser le grand vilain, d'en faire une menace qui pourrait s'inscrire dans l'histoire et le tissu urbain de Gotham, échappant ainsi à toute possibilité d'établir une généalogie précise, et de pister ses origines pour comprendre les mécanismes de sa folie, et le stopper. Mais cette théorie détruit ce qui est le plus effrayant selon moi, à savoir que le Joker n'est qu'un homme, aussi déroutant et incompréhensible que puisse être son modus operandi. Le doute plane et planera longtemps, avec cette décision controversée de Snyder. Greg Capullo de son coté continue d'assurer un service irréprochable au dessin, alliant réalisme et mise à distance avec brio, sans jamais baisser de régime. Les petits récits de fin d'épisodes, nommés back-up en anglais, sont eux l'oeuvre de James Tynion IV et de cinq dessinateurs différents, tous des pointures et des habitués du personnage (comme Kelley Jones ou Peter NGuyen par exemple). On y découvre la machination psychologique du Joker qui parvient à semer le doute dans l'esprit de plusieurs malades échappés d'Arkham, ce qui contribue à créer ce nouveau mythe que Snyder essaie de nous faire avaler. Un tome 7 vraiment particulier, qui flirte avec l'incroyable, l'inacceptable, le sacrilège. L'avenir nous dira s'il s'agit d'un coup de génie, ou d'un coup de canif dans le contrat avec les lecteurs. Je ne suis pas pleinement convaincu, loin de là.
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