Alors que la seconde saison de l'excellente série Netflix Marvel's Daredevil est désormais imminente, Panini nous propose plusieurs albums consacrés au Diable de Hell's Kitchen en ce mois de mars. dont une réédition en seul joli volume de Ends of days (Marvel Deluxe). Petit rappel des faits : End of Days. Daredevil n'ira pas plus loin. Attention, cette mini série n'entre dans aucune véritable continuité, il s'agit d'un long what if poignant, qui débute fort et bien, dans l'ultra violence. Une des lectures les plus adultes et abouties que j'ai pu lire durant ma carrière de Marvel Fan, qui s'étend désormais sur trois décennies et demi! L'action débute avec Daredevil en plein combat contre un de ses ennemis acharnés : Bullseye, celui que dans Strange (Lug puis Semic) voilà bien des lustres, on nommait le Tireur. Plus d'une heure quarante-cinq de lutte sans concession, de coups mortels, de sang et de sueur. Mais cette fois tête à cornes n'a pas le dessus, et son adversaire lui explose le crâne sous le regard des spectateurs qui filment le portable au poing. Ainsi va le monde, la tragédie finit sur Youtube, et personne n'ose lever le petit doigt. Au Daily Bugle, Ben Urich est chargé de raconter la dernière aventure de Matt Murdock, mais il va lui falloir trouver des témoins acceptant de parler, ce qui n'est pas simple. Tout juste parvient-il à mettre la main sur un homme qui lui révèle, vidéo à l'appui, que Daredevil a prononcé un dernier mot avant de rendre l'âme : Mapone. Clairement énoncé à l'attention de Bullseye, que peut bien être ou signifier ce vocable? C'est probablement la clé de voûte pour comprendre tout le reste, et notamment comment et pourquoi Matt Murdock a disparu durant cinq ans, juste après avoir corrigé une ultime fois (jusqu'à la mort) Wilson Fisk, aka Kingpin.
Brian Bendis et Klaus Janson alternent intelligemment passé et présent, moments forts de la carrière de Daredevil, et désolation devant la disparition d'un si grand héros. On assiste même à une sorte d'uchronie, puisque Murdock tue le Kingpin, lors de l'évocation de son passé récent, ce qui n'est jamais arrivé dans notre continuity à nous (Shadowland à la place, pas sur que nous ayons gagné au change). Que s'est-il passé vraiment? Que signifie le dernier mot prononcé par un Diable rouge à l'agonie? Où l'enquête va t-elle mener Urich, et vers quelles révélations? Les planches de Janson, avec l'aide de Bill Sienkiewicz lui même, sont magnifiques, sorties des ténèbres les plus profondes. Une avalanche urbaine, une ville qui se complaît dans le noir, la pénombre, la crasse, le désespoir. Et parfois c'est David Mack ou Alex Maleev qui apportent leur classe, avec des illustrations oniriques et métaphysiques, qui sont autant de pauses envoûtantes dans un récit conduit avec brio. Les amis et ennemis de Daredevil défilent, connaissent une fin tragique, où sont saisis sur le vif d'une seconde existence qui s'apparente parfois à une rédemption. Le Punisher est quand à lui cet éternel électron libre, assoiffé de vengeance ou de justice, comme le pendant expéditif et sans espoir du Diable Rouge qu'il a longtemps fréquenté. L'ensemble fonctionne comme une sarabande inéluctable, une enquête à l'issue tragique, où Ben Urich se révèle aussi pugnace que faible, selon les découvertes. Un roman noir à la sauce super-héroïque, un grand moment de lecture qui convoque mes meilleurs souvenirs de l'ère Miller, et qui pourrait s'aborder comme la fin idéale pour une légende urbaine comme Daredevil. Oui, si les super-héros ne semblaient pas si immortels, et si la sérialité des différents titres permettaient tout de même, à un moment donné, de placer le point final aux aventures de nos héros en costume, alors ce End of Days serait le terminus envisageable pour la carrière du Diable de Hell's Kitchen.
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