CINECOMICS : VENOM - LE NANARD À SYMBIOTES DE L'AUTOMNE

L'espace d'une heure et demie, bienvenus dans les années 90. S'il y a bien une chose évidente, quand on regarde ce film, c'est que Venom n'a pas grand-chose à voir avec le style et le contenu de ce qui se fait dernièrement en terme de "super héros movie". De plus, si vous êtes un lecteur de comics patenté, il est clair que vous risquez d'être assez surpris par les nouvelles origines du personnage, qui essaient de garder l'essentiel, mais font l'impasse sur la raison d'être même de la naissance de Venom, à savoir les liens avec Peter Parker et Spider-Man. Privé de ce qui est un acte de naissance fondamental, il ne reste plus qu'un journaliste hâbleur et égoïste, Eddie Brock, qui se brûle les ailes avec une enquête un peu trop périlleuse, pour laquelle il n'hésite pas à trahir la confiance de celle qui va devenir sa femme. 
La punition est exemplaire, puisque cette dernière le quitte, qu'il perd son travail, et toute possibilité d'en retrouver un. C'est qu'il a en face de lui un multimilliardaire visionnaire, qui touche un peu à tous les secteurs de la science et de la génétique, et qui compte bien utiliser la découverte de symbiotes extraterrestres pour ses propres fins délirantes. Le pauvre Eddie va finalement fusionner avec l'un d'entre eux, et dès lors son existence va être changée à jamais. 
La seule chose positive du film, c'est la manière dont les échecs consécutifs et répétés du journaliste sont présentés : Eddie est un looser sympathique, qui mérite en grande partie ce qui lui arrive. Tout le reste est quasiment à jeter, à commencer par sa compagne, qui joue ici le rôle d'une parfaite potiche, comme nous en avions il y a trente ans avec une inexpressivité invraisemblable, et un doublage en VF (allez surtout voir la VO) à la limite de l'immonde.

Un gros Venom méchant, mais pas toujours, et pas trop. Et là ne me demandez pas pourquoi l'alien change d'avis, j'aurais bien du mal à vous l'expliquer; Au départ, on a l'impression que la fusion se fait totalement hors du contrôle de Brock, et ça en est intéressant, car l'homme est une victime patentée, devient une marionnette aux mains d'un extraterrestre (encore que les dialogues, les échanges entre eux deux, sont si artificiels et forcés que ça en est lassant). Mais en l'espace de quelques minutes et d'une course-poursuite, voilà que le symbiote décide finalement que la vie sur terre, c'est plutôt cool, et qu'une existence en couple, avec son nouvel hôte, ça vaut la peine de changer de mauvaises habitudes, comme par exemple celle de croquer la tête des criminels, et ça justifie de se retourner contre son propre peuple. 
Aucun temps "calme"est conservé pour l'exploration psychologique des personnages, ça se bagarre et saute dans tous les coins, avec une lisibilité à l'image défaillante, et des effets spéciaux qui nous rapprochent plutôt d'un jeu vidéo sophistiqué, que d'un bon film soigné. Certaines scènes apaisées sont réservées au coté sentimental, de bons sentiments à l'eau de rose qu'on voit venir de loin, au son des gros sabots. 
Que vient donc faire Tom Hardy dans cette galère, à votre avis? Récupérer un gros chèque, faire partie lui aussi de cette génération pour qui les films de super-héros représentent une manne..? Lorsqu'il était Bane, à côté, c'était de l'art et d'essai digne d'un Lion d'or. La chose la plus intéressante de Venom sera peut-être sa suite; en effet, la scène bonus à la fin, pour peu que vous connaissiez les comics bien entendu, est très intéressante, pertinente, et nous promet un nouveau personnage, que vous pouvez très vite deviner. Absolument intraitable, un psychopathe fou furieux (et rouquin). Pour le reste Venom est une grosse série B, qui n'a même pas honte d'assumer tous les réflexes d'il y a trois décennies, et qui amène sur scène un personnage édulcoré, en trahissant profondément ce qu'il peut être sur le papier. Ce venom là ne sera pas en échec commercial, c'est quasiment certain, mais artistiquement parlant, on tournera vite la page.


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