A GOD SOMEWHERE s'ouvre sur un trio. Les deux frères Forster et leur ami Sam. Deux grands blonds et un afro américain. Mais entrons dans le détail. Les frangins pour commencer. Hugh est marié à la splendide Alma et semble avoir réussi sa vie, matériellement parlant. Eric a peut être moins de succès, mais il est très proche de Sam, d'ailleurs les deux hommes en pincent pour l'épousée, qu'ils avaient tenté de séduire en vain, durant leurs années fac. Ensemble, ils projettent d'acheter un bâteau, pour s'echapper du quotidien. Jusqu'au jour où une terrible explosion ravage le bâtiment où habite Eric. On ne compte plus les morts et les blessés graves, mais le jeune homme est indemne, lui. Assis sur son lit, à peine décoiffé, il a survécu, et plus encore, il se découvre presque tout de suite une série de pouvoirs impressionnants qui en font pratiquement l'égal d'un dieu. Pouvoirs qu'il met tout de suite aux services des secouristes, pour déblayer les décombres et sauver des vies, puis de la police, pour mettre fin à la cavale de deux mafieux qui abattaient aussi les flics venus les arrêter. Intervenir ainsi au grand jour n'est pas forcément une bonne idée : une fois son identité connue de tous, Eric Forster devient le chouchou, le pion, et la bête de foire des médias, et du monde véreux des politiciens. Autour de lui, sa famille patit de cette célébrité non désirée, alors que Sam profite du cone d'ombre que lui fournit son ami pour avoir son quart d'heure de gloire et des filles faciles. Tout pourrait aller finalement assez bien si on ne devinait pas une forte rivalité, une jalousie sous-jacente entre les deux frangins, exacerbée par la beauté d'Alma, qui a choisi Hugh. Et la jalousie peut faire des ravages, quand elle se nourrit de non-dits et d'incompréhension. Eric tout puissant va donc basculer vers le coté obscur de la force, à l'instar de ce qu'on a pu lire récemment dans Irrécupérable, ou encore dans les oeuvres d'Ellis, comme Black Summer.
Il y a beaucoup de matière, et de thèmes, abordés dans l'oeuvre d'Arcudi. Tout d'abord les relations humaines, une histoire entre frères, entre amis, avec les ressentiments qui peuvent se loger entre les sourires et les bons moments. Rien n'est jamais parfait. Nous trouvons aussi un discours sur ce qui constitue un Dieu, et en quoi un être de cette envergure devrait ou pourrait se soucier du commun des mortels, soudainement relégués au rang d'insectes à ses pieds. Sommes nous bien sur que notre définition du bien, et par conséquence du mal, soit applicable au divin, nous avertit Arcudi? Nous pouvons aussi lire en pointillé une critique des médias, et de l'engouement du public pour le gossip, le superficiel, la course morbide au sensationnel, qui ne produit en fait que du vent, et de la poussière ensuite. A GOD SOMEWHERE n'est cependant pas parfait et nourrit quelques interrogations. La radicale transformation d'Eric, qui sauve des vies dès l'apparition de son pouvoir, pour en détruire des centaines dans la foulée, manque d'application. C'est un peu trop brusque, mal explicité, et on n'a pas le plaisir ni la sensation de voir glisser le personnage vers la folie de sa toute puissance. De même ses exactions sont-elles pretextes à de jolis carnages, mais un peu creux. Si on peut comprendre que sa position si particulière fasse de lui un être qui estime se placer au dessus de notre notion de bien, est-il necessaire qu'il dérive aussi vite et fortement, vers un mal radical? Un peu de gris, de clair obscur, aurait donné de l'épaisseur à la psychologie du protagoniste de cet ouvrage, et nous aurions apprécié. Les dessins de Snejbjerg sont globalement réussis. Il ne s'attarde pas longuement sur les fonds de case, ne s'embarasse pas de fioritures, mais vise à l'essentiel dans un style plus proche de Dillon, par exemple, que dans celui des parangons du spectaculaire et de l'esbrouffe en vigueur chez les fondateurs d'Image, par exemple. Est-ce une bonne lecture alors? Bien sur, répondrais-je. On ne s'ennuie pas et on se laisse prendre au jeu assez facilement. L'album peut se lire d'une traite avec plaisir, et à moins de vingt euros, il reste encore assez abordable, économiquement parlant. Psychologiquement un peu plus fouillé que la grande partie des comic-books mainstream publiés par Panini, c'est une découverte à faire pour ceux qui hésitent encore.
Rating : OOOOO
Il y a beaucoup de matière, et de thèmes, abordés dans l'oeuvre d'Arcudi. Tout d'abord les relations humaines, une histoire entre frères, entre amis, avec les ressentiments qui peuvent se loger entre les sourires et les bons moments. Rien n'est jamais parfait. Nous trouvons aussi un discours sur ce qui constitue un Dieu, et en quoi un être de cette envergure devrait ou pourrait se soucier du commun des mortels, soudainement relégués au rang d'insectes à ses pieds. Sommes nous bien sur que notre définition du bien, et par conséquence du mal, soit applicable au divin, nous avertit Arcudi? Nous pouvons aussi lire en pointillé une critique des médias, et de l'engouement du public pour le gossip, le superficiel, la course morbide au sensationnel, qui ne produit en fait que du vent, et de la poussière ensuite. A GOD SOMEWHERE n'est cependant pas parfait et nourrit quelques interrogations. La radicale transformation d'Eric, qui sauve des vies dès l'apparition de son pouvoir, pour en détruire des centaines dans la foulée, manque d'application. C'est un peu trop brusque, mal explicité, et on n'a pas le plaisir ni la sensation de voir glisser le personnage vers la folie de sa toute puissance. De même ses exactions sont-elles pretextes à de jolis carnages, mais un peu creux. Si on peut comprendre que sa position si particulière fasse de lui un être qui estime se placer au dessus de notre notion de bien, est-il necessaire qu'il dérive aussi vite et fortement, vers un mal radical? Un peu de gris, de clair obscur, aurait donné de l'épaisseur à la psychologie du protagoniste de cet ouvrage, et nous aurions apprécié. Les dessins de Snejbjerg sont globalement réussis. Il ne s'attarde pas longuement sur les fonds de case, ne s'embarasse pas de fioritures, mais vise à l'essentiel dans un style plus proche de Dillon, par exemple, que dans celui des parangons du spectaculaire et de l'esbrouffe en vigueur chez les fondateurs d'Image, par exemple. Est-ce une bonne lecture alors? Bien sur, répondrais-je. On ne s'ennuie pas et on se laisse prendre au jeu assez facilement. L'album peut se lire d'une traite avec plaisir, et à moins de vingt euros, il reste encore assez abordable, économiquement parlant. Psychologiquement un peu plus fouillé que la grande partie des comic-books mainstream publiés par Panini, c'est une découverte à faire pour ceux qui hésitent encore.
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