Beaucoup de lecteurs en rêvaient, alors Marvel l'a fait. L'intégrale de la série X-STATIX est enfin publiée dans un Omnibus de poids que certains n'hésitent pas à qualifier d'indispensable. Cette série, qui avait tout d'abord débuté sous le patronyme "X-Force", avant d'évoluer sous sa forme définitive, est une version ironique et adulte des aventures mutantes que nous lisons depuis des décennies, en avance sur son temps sous bien des aspects. Elle est l'apanage de Peter Milligan qui va enfin acquérir avec ces épisodes le statut d'auteur culte. Les membres de cette nouvelle mouture d'X-Force (au départ) sont méprisants, arrogants, colériques. Ils sont aussi bien heureux d'être des mutants, et n'hésitent pas à utiliser leurs pouvoirs de façon provoquante. L'idée de sauver le monde ou d'une existence partagée et pacifique avec les humains normaux ne les angoisse pas plus que cela. Non, leur objectif est simple, sexe, argent, et gloire, comme de vulgaires pop-stars superhéroïques. Autre particularité, le taux anormalement élevé de décès dans cette série. Le sens de la tragédie "à la Claremont" est ici portée à son paroxysme, et à pratiquement chaque mission c'est un membre du team qui y laisse des plumes, et pas seulement. Il est ensuite remplacé par un nouveau venu, choisi selon des critères discutables, par le responsable marketing du groupe, Spike Freeman. Pendant ce temps, le monstre vert Doop, qui s'exprime avec son propre alphabet incompréhensible, passe derrière la caméra pour filmer leurs exploits (souvent fictifs) pour les revendre à un network américain, dans le cadre d'une émission de télé-réalité!
Inutile de dire que l'arrivée de la série fut un véritable choc pour le lecteur habitué au sermons du Professeur Xavier et au courage altruiste des X-Men. Critique acerbe du consumérisme moderne, et de la violence omniprésente qui gangrène nos sociétés occidentales, X-Statix fut d'ailleurs la raison finale pour laquelle Joe Quesada abandonna définitivement les limites du Comics Code, à cause de sa violence justement, très souvent à la limite de la farse, et toujours déroutante, voire hilarante. N'oublions pas non plus la déviance de ses personnages, bien loin des modèles conventionnels du genre. Comme par exemple Mr Sensible (Orphan), aux tendances suicidaires, si complexé et sexuellement refoulé, le couple gay Phat (pastiche du rapeur américain) ou encore Vivisector, la sexy U-Go Girl et sa narcolepsie. Aux crayons, Mike Allred aussi a de quoi dérouter ! Son style naïf et élégant ne s'embarasse pas des canons habituels du comic-book, et parvient à mettre sur pieds un véritable univers visuel à la hauteur de celui narratif, inventé par son compère Milligan. Cet omnibus est une excellente occasion de se replonger dans un des titres les plus expérimentaux jamais proposés par Marvel, qui connut son heure de gloire surtout dans la première trentaine d'épisodes publiés. C'est aussi la série "X" la plus audacieuse et ironique à ce jour, et à ce titre, elle méritait bien un tel hommage, dans un tel écrin.
Rating : OOOOO
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