LE POINT SUR LA SERIE HAUNT DE TODD MCFARLANE

Que vaut vraiment la série Haunt, de Todd McFarlane et Robert Kirkman? De quoi s'agit-il au juste? Petit rappel au sujet d'un titre mis en silence provisoire par son créateur, et qui est publié en Vf par Delcourt.

Tout semble séparer les deux frères Kilgore. Kurt est un agent secret, son existence est pleine de ces missions qu'il doit exécuter pour le compte de la mystérieuse "Agence" et il risque sa vie chaque jour sans que personne n'en sache rien. Daniel est prêtre. Un homme de foi un peu largué cependant, qui fréquente la même prostituée trois fois par semaine, et ne s'est jamais vraiment remis d'avoir perdu Amanda, son grand amour, qui lui a préféré le frérot. Leur destin à tous les deux bascule le jour où Kurt est assassiné, pour avoir participé à la mission de trop : censé récupérer un savant fou et ses formules, travaillant sur un programme de régénérescence cellulaire, il a finalement choisi, devant l'horreur des expériences dont il a été témoin, d'éliminer physiquement celui qu'il devait emporter. Le pire étant le calepin contenant les expériences du professeur Shillinger, qui suscite tant de convoitises, et qui a disparu. Des hommes de l'ombre sont prêts à tout pour mettre la main dessus, y compris à tuer. Daniel, le confesseur de son frère, est bien malgré lui une cible potentielle, tout comme Amanda, la compagne de Kurt. D'ailleurs deux gorilles armés ne tardent pas à pénétrer par effraction chez la demoiselle, et ouvrent le feu sur le prêtre qui y passait la nuit, pour veiller sur son ancienne flamme. Au grand dam des assassins potentiels, leur cible se transforme soudain en une effroyable créature recouverte d'une sorte de costume ectoplasmique, fusion improbable entre les deux frangins. Car si Kurt a disparu du nombre des vivants, il continue cependant de converser avec Daniel et peut désormais fusionner avec lui dans les moments de grand danger. C'est ainsi que nait "Haunt", la créature hantée, deux frères liés par un destin tragique, dans un seul corps, trait d'union entre un ectoplasme immatériel et une présence physique possédée.

Haunt, c'est la dernière création des studios McFarlane. Le célèbre canadien est d'ailleurs l'encreur des épisodes publiés dès le premier album, et son style est reconnaissable entre tous, tant il transcende et assimile les crayonnés de Ryan Ottley (déjà apprécié sur Invincible). Les caractéristiques même du personnage sont univoques : ce nouveau venu, dans les postures, le pouvoir (l'ectoplasme qui se projette et s'étend comme une toile d'araignée) et le costume, n'est pas sans rappeller Spidey (ou Venom) à la grande époque où le bon Todd gagnait ses galons de superstar du comic-book, avant de s'envoler pour d'autres cieux, c'est à dire la création de la maison d'édition Image, et du désormais classique Spawn. Pour le récit en lui même, une autre grosse pointure participe à son élaboration : Robert Kirkman, l'homme dont tout le monde parle depuis que ses zombies ont affolé tous les chiffres de vente, au point de contaminer le petit écran ces dernières années, avec la trois premières saisons de "Walking dead". Haunt est le type de série qui aurait allègrement dépassé les deux trois millions de copies vendues dès les premiers numéros, si nous étions encore à l'orée des nineties. Aujourd'hui, et bien qu'ayant réussi à trouver de suite son public et jouissant au départ d'une santé correcte, elle s'est finalement rangée bien sagement dans le rang, une bonne tête derrière son ainée (Spawn), dont il n'est pas dit qu'elle atteindra la longévité. D'ailleurs Todd a mis le titre en jachère, interrompant la publication au numéro 28 (malgré que les sollicitations annonçaient au moins une parution jusqu'au 31) et envisageant de représenter sa créature dans la série Spawn, avant de miser sur un relaunch plus gore et horrifique. Toutefois, les premiers albums procurent une lecture agréable et sans véritable temps mort (chez Delcourt), réussissant la prouesse d'instaurer un univers, des enjeux et une bonne dose de mystères, et cela en un nombre limité de planches. Entre un frère maudit qui se refuse de mourir (Kurt) et qui va pouvoir ainsi régler ses comptes avec un monde de l'espionnage qu'on devine forcément pourri et retors, et un autre dont l'existence bascule (Daniel) au point d'en perdre son unicité, mais d'y gagner un regain de vitalité et curieusement, d'espoir, Haunt n'invente rien de neuf mais garde toujours une narration musclée et sanguinolente qui a de quoi séduire pas mal d'inconditionnels, d'autant plus que la dream team alignée (Kirkman, McFarlane, Ottley, Capullo...) fait des envieux. Nous en sommes en ce moment au volume 4 chez Delcourt, et dans l'impasse en Vo, chez Image. 


4 commentaires:

  1. Hello José,

    D'accord avec toi, mais heuuuu.... tu as lu le T.4 chez Delcourt ?
    C'est une sombre bouse !!

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  2. Tu sais, si McFarlane a mis Haunt en mode pause, il y a bien une raison...

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  3. Yep. C'est dommage, j'aimais vraiment bien l'univers de Haunt...
    En tous cas: en vf les 3 premiers tomes sont à lire!

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  4. Oui, sympa, et rythmé. Se laisse lire agréablement.

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