Lorsque Tony Isabella décide de lancer un nouveau groupe de super-héros, au milieu des années 70, il doit se heurter d'emblée à un petit détail. La réticence de Roy Thomas, alors responsable des aventures des Fantastiques, et un des grands décisionnaires pour Marvel. Celui ci ne semblait pas très convaincu par ce nouveau team forgé autour de deux anciens X-Men (qui n'avaient pas encore intégré la nouvelle mouture, au contraire de Scott Summers ou Jean Grey) comme Iceberg et Angel. De plus Thomas souhaitait cinq membres différents, dont absolument une femme, un colosse, et un héros doté d'une série régulière en bonne santé. Du coup, Isabella a eu cette idée de génie : recourir à la belle Black Widow (qu'il connaissait bien pour l'avoir présenté sur les pages de Daredevil, dans une romance avec Matt Murdock) et à Hercule (le prince de la force, quand même), tout en leur adjoignant Ghost Rider, dont il écrivait en parallèle le scénario. Histoire de bousculer un peu les habitudes et d'ajouter une touche sunshine aux histoires, c'est Los Angeles qui est retenue pour être le cadre de vie de cette formation, qui va se constituer un peu par hasard, sur le campus universitaire la ville. En effet, Bobby Drake et Warren Worthington y étaient venus pour reprendre leurs études (merci à la bourse conséquente du professeur Xavier) en toute quiétude, alors que Hercule devait y donner une conférence sur le sens de la mythologie dans notre monde moderne (ça ne s'invente pas, une excuse pareille). Natasha Romanoff, elle, était censée donnait des cours de russe pour arrondir ses fins de mois! Non, je ne plaisante pas, allez donc lire ces épisodes pour le constater.
Sur le campus, c'est le chaos lorsque débarque Pluton, le Dieu des Enfers, qui souhaite enlever Vénus, enseignante de lettre à la fac, sous les traits forts agréables de la prof. Victoria Starr. Son but est de la marier à Ares, Dieu de la Guerre, puis d'unir ensuite Hercule avec Hyppolite, reine des Amazones, avant de renforcer son pouvoir sur l'Olympe. Ne me demandez pas ce que fumait alors Isabella, car comme nombre d'artistes dans les années 70, ce ne devait pas être que du tabac, et le scénario s'en ressent, par moments. Ce premier tome des Champions classic présente onze épisodes d'une série qui en durera uniquement 18. On y retrouve par la suite Hawkeye, Two-Gun kid, le Black Goliath, dans des affrontements titanesques contre des calibres comme Titanium Man ou Crimson Dynamo (ah les russes et la guerre froide...), le Griffon, et même l'homme aux échasses, Stilt-Man. Isabella passe rapidement la main à Bill Mantlo, alors que les dessins sont l'oeuvre de Don Heck, dans un classicisme épuré, doté de fonds de cases souvent vides, d'une seule couleur, et en grande partie centré sur la bagarre, ou noyé sous un verbiage étourdissant. Mais c'est aussi un témoignage drôle et naïf sur l'age de bronze des comic-books, où une histoire pouvait être narrée et conclue sur seize pages, dans un tourbillon d'action et de rebondissements. D'autres dessinateurs vont s'illustrer sur les Champions, comme Colletta, Tuska (très propre et lisible) ou même Byrne, encore jeunot. Amateurs de vintage, cet album a de beaux atouts pour vous séduire. Sinon, ces épisodes furent publiés dans la défunte revue Lug, le légendaire Titans.
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