PREACHER : LA REVIEW DU PREMIER EPISODE

Enfin disponible depuis quelques jours, le premier épisode de la série Preacher commence à faire beaucoup parler de lui sur le net. Enfin... pour être exact il s'agit plutôt d'une série qui est librement inspirée du chef-d'œuvre de Garth Ennis, tant il est difficile de parler ici d'une vraie adaptation fidèle du Preacher d'origine. C'est finalement assez compréhensible : comment porter à l'écran une bande dessinée aussi irrévérencieuse, truffée de scènes extrêmement gore et caustiques, maniant l'horreur l'indicible et le politiquement incorrect à chaque page? AMC a beau être une chaîne proposant des choses intéressantes, et bénéficier d'une certaine liberté, il ne faut pas non plus exagérer! Du coup Seth Rogen et Evan Goldberg nous présentent ici quelque chose de différent. Le point de départ est le même, nous sommes sous un soleil de plomb, au Texas, parmi une population qui n'a pas l'élévation culturelle comme préoccupation quotidienne principale. Nous faisons connaissance très vite avec Jessie Custer, le prêtre d'un village complètement paumé, Annville, où on s'ennuie autant qu'on y boit. Dans un premier temps les grandes lignes suivent celle de la bande-dessinée, mais très vite on comprend que l'épisode va s'étaler en longueur, et qu'il ne se passera pas grand-chose d'autre une introduction s'éloignant minute après minute du matériau de départ. Un gosse vient demander à Jessie d'aller frapper son père adoptif car il suppose qu'il bat sa mère, Cassidy fait son apparition à bord d'un avion, et réalise un véritable carnage pour échapper à ceux qui souhaitent le piéger... Arrive aussi sur l'écran Tulip dans une version radicalement divergente de ce que nous connaissons, et qui franchement -à mon humble avis- ne tient pas un instant la route, comparée à la blonde désinvolte chère à Ennis. Mais le pire c'est le shérif Root et surtout Tête de Fion; ils débarquent dans un contexte radicalement éloigné de ce que nous connaissons, perdant complètement en pertinence, humour, et drôlerie attachante. Le premier picole beaucoup moins, le second devient juste un freak plutôt sympa, mais sans le background tragique du comic book. L'évidence se fait jour, la série sera peut-être bonne, laissons-lui une chance sur la durée, mais où est donc passée notre Preacher adoré? 


Après n'allez pas croire que je suis en train de faire du AMC bashing, et que je déteste cette série. Après une heure de visionnage, ce serait ridicule et injuste. je dis juste que malgré toutes les qualités qu'elle peut avoir, ce n'est pas mon Preacher, point barre. L'image est belle, l'atmosphère désabusé et brute de décoffrage du Texas est bien là, mais le reste n'y est pas. On sent tout de même une tentative de garder un peu de l'esprit et de l'humour décapant propre à Garth Ennis, mais très sincèrement je n'ai pas connu de gros éclats de rire avec ce premier épisode. Le truc le plus sympathique et au final un petit clin d'œil à Tom Cruise, à un certain moment (je vous le laisse savourer). Parlons rapidement des acteurs : Dominic Cooper endosse donc le rôle de Jessie Custer. Il est beaucoup moins charismatique que dans la bande-dessinée, un peu plus propre sur lui et moins désespéré également; globalement sa prestation est satisfaisante, mais il lui manque pour le moment un petit quelque chose de déjanté, qui ferait la différence à ce niveau. Joseph Gilgun s'en sort avec les honneurs. Déjà aperçu dans la très bonne série britannique Misfits, il est ici un Cassidy plus jeune et branchouille que le vampire déglingué d'Ennis, mais néanmoins très drôle et caustique à souhait. Reste le cas Tulip, interprétée par Ruth Negga, qui est déjà une des actrices phares de la série Agents of Shield. Physiquement elle est très éloignée de ce que nous connaissons, et au niveau du jeu et de la personnalité, c'est un peu la même chose. Pour être un grand fan de Preacher, je peux vous assurer que je n'ai absolument pas retrouvé le personnage que j'ai pu lire pendant des années... c'est ici quelque chose d'autre qui, pour être complètement honnête, me laisse assez indifférent. Les effets spéciaux par contre sont assez intéressants dès lors qu'il s'agit de présenter Tête de Fion. Ian Colletti est touchant et c'est surprenant d'entendre pour la première fois parler ce personnage emblématique de la série, néanmoins on peut parvenir à le comprendre en tendant l'oreille, ce qui n'est pas possible dans la version papier (ou presque). Reste que ses origines sont malheureusement mal amenées, ce qui gâche une bonne partie du plaisir. Bref si cette série plaira à beaucoup d'entre vous -probablement encore plus à ceux qui n'ont pas lu auparavant l'oeuvre d'Ennis- les aficionados du Preacher des origines pourraient tout de même bien avoir de cruelles désillusions, à moins que les épisodes suivants passent à la vitesse supérieure, et respectent d'avantage le ton et l'irrévérence du scénariste irlandais. 





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