Depuis qu'une épidémie mystérieuse a décimé l'humanité, une nouvelle race est apparue sur la surface de la planète : des hybrides, enfants animaux, qui se substituent aux naissances normales, ces dernières n'ayant plus cours. Gus est l'un d'entre eux, avec ses cornes de cerf sur la tête, et son innocence. Il est une proie facile pour le cynisme d'un monde devenu ultra violent et individualiste. Orphelin, Gus a été recueilli par un certain Jepperd, un survivaliste violent mais au grand cœur, du moins en apparence. Car il a fini par le trahir et le livrer a une base d'expérimentations militaire. C'est là que nous retrouvons le jeune gamin avec ses nouveaux amis, qui comptent des hybrides à tête de chien, de porc, ou de lapin. Des créatures fragiles et bizarres, si gentilles et sans défense, destinées à être disséquées, torturées, de la plus horrible des manières. Aucune possibilité de s'échapper pour Gus et les siens, à moins que Jepperd revienne sur ses pas, victime de remords, et ne le délivre d'un avenir bien sombre. A chaque fois que nous faisons un pas en avant vers la résolution des problèmes qui minent les personnages, Jeff Lemire nous réserve un coup de théâtre nous replaçant dans une situation de stress et d'angoisse continuels. Si les hybrides sont pour la plupart dociles et en grand péril, certains sont aussi utilisés comme des animaux de chasse et dressés pour faire mal, très mal. La solidarité et la compassion sont les seules valeurs permettant à ce qui reste de l'humanité de s'en sortir, et de trouver un but pour ne pas se perdre, dans un monde qui a perdu toute logique. Gus détient de surcroît la clé de ce qui s'est vraiment passé, il est donc d'une importance capitale de mettre la main dessus, pour de nombreux individus. Jeff Lemire continue de nous bluffer avec une aventure absolument merveilleuse, qui fait appel aux sentiments les plus nobles, tout en étant riche en rebondissements et en approfondissements. La sensiblerie et la mièvrerie sont des choses fort différentes, et on s'en rend compte à la lecture de ce second tome de Sweet Tooth, qui est une leçon magistrale de narration, renonçant toujours à la facilité, et emportant le lecteur sur un road trip d'évasion des plus émouvants. Le dessin reste bien entendu très particulier car l'auteur canadien est loin d'être un épigone du photoréalisme; il se concentre sur les sentiments, les émotions, qui transparaissent des personnages. C'est pourtant ce qui fait aussi le charme de cette série, qui ne fait pas dans l'esbroufe et se concentre sur l'essence même de ce qui fait qu'on aime les comics, à savoir ce qu'ils sont capables de nous offrir, de nous transmettre, à quel point ils sont capables de nous toucher. Sweet Tooth est une lecture indispensable.
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Ah cool ! Je ne savais pas que le 2 était sorti. Je cours me l'acheter !
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