BLACK CAT TOME 1 : LA PLUS GRANDE DES VOLEUSES

Felicia Hardy est une sacrée cambrioleuse, et aussi une poissarde en ce moment, car on ne peut pas dire que Marvel lui aie réservé un traitement crédible et à la hauteur, sur les pages de Spider-Man. On la retrouve fort heureusement un peu plus elle-même, dans une parution où elle est la star, signé Jed McKay et Travel Foreman. Rien de bien original puisque dès les premières pages la jolie voleuse est déjà à l'oeuvre, en train de reluquer son futur butin, une toile de prix, alors que la surveillance des lieux commence à s'affoler en la voyant sur les vidéos, préparer son coup. On a droit à toute une série de remarques et d'images comparant le comportement du chat, et de l'objet de son désir, par rapport à Felicia et ses agissements, ouais, rien de nouveau, je me répète. Il faut en réalité attendre le second épisode pour que les choses se corsent, et que Felicia reçoive une mission à la hauteur, un challenge et pas des moindres. S'introduire dans le manoir du Doctor Strange et y subtiliser un artefact précieux. Notre héroïne du jour a monté tout autour d'elle une équipe de branques censée lui venir en aide, bien aidée par Silver Fox, ce vieux gentleman cambrioleur, qui a bien connu son père et a pris la fillette sous son aile. Là ça devient plus drole et enlevé, avec des petites choses cocasses, comme un chien fantome, ou encore un quiproquo volontairement alimenté autour de son identité. C'est vrai que Black Cat et Silver Sable, il y a comme un léger air de famille, vous ne trouvez pas? Bref, c'est à prendre au second degré, une spy/burglar story amusante, et sans prétention aucune.

La suite est du même acabit, puisque le prochain "lieu" à visiter, et d'où subtiliser quelque chose, n'est rien de moins que le nouveau Qg des Fantastic Four, qui se sont installés dans le quartier de Yancy Street. Pour pouvoir y pénétrer, nul besoin de recruter un associé qui vous trahit au dernier moment, comme chez Strange, il suffit d'avoir une plastique avantageuse, et de feindre de rugir de plaisir à la vue du bellâtre de la famille, j'ai nommé la Torche. Ce dernier est sensible aux charmes capiteux des demoiselles transies d'admiration, et c'est la clé idéale pour pénétrer dans les lieux... Pendant ce temps-là, la Guilde des voleurs manifeste son déplaisir, puisque Felicia n'est pas du genre à se faire extorquer une partie de son butin, comme les autres cambrioleurs sont censés le faire... Jed McKay ne propose rien de sensationnel, mais une lecture pétillante et cocasse pour un public qui souhaite avant tout se déconnecter du réel et passer une petite heure avec le sourire. Il est très bien épaulé par Travel Foreman, qui expérimente davantage la plupart du temps, et ici s'attache à rester très lisible et clair, tout en gardant suffisament de sa personnalité pour des planches qui font mouche. Tout comme feront mouche les nombreuses covers et variant covers de cette série, qui a par exemple un certain Scott Campbell comme ambassadeur de charme. Car oui, Black Cat c'est avant tout une femme engoncée dans une tenue de latex moulante, un prétexte aux poses et situations les plus lascives, pas toujours d'un bon goût extrême. Soyons honnêtes, Catwoman ne fraie plus dans la même catégorie. 



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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRESENTE : LE BANQUIER DU REICH

Nous revoici avec le podcast Le Bulleur, et l'actualité de la Bd. Et principalement face à une série en deux volumes, publiée chez Glénat. Il s'agit là d'une histoire basée sur un personnage ayant vraiment existé, réalisée par Pierre Boisserie et Philippe Guillaume au scénario. Le banquier du Reich c'est donc le récit de Hjalmar Schacht, économiste allemand qui avait ses propres ambitions pour sa nation, et l'audace de penser qu'il lui serait possible de jouer un jeu de dupe avec le Fürher lui-même. Si l'histoire se déroule au début des années 50, elle opère de fréquents aller retours, pour s'installer dans les années 30, en pleine actualité sinistre. Hjalmar Schacht y est motivé par le renouveau de l'Allemagne, criblée de dettes après la capitulation au terme de la première guerre mondiale. Dans un esprit de fédération des forces vives en présence, il va s'allier avec le diable en personne, Adolph Hitler, sans en partager les points de vue les plus dingues. Un piège qui se referme peu à peu, sur fond d'économie et de tourmente politique. Ambigu, énigmatique, qui est vraiment Schacht? Réponse possible dans ce premier tome dessiné par le trait clair de Cyrille Ternon, disponible depuis fin février. Pour les autres sorties, il faudra patienter jusqu'à la fin de la crise du coronavirus... En attendant, ne boudez pas votre plaisir, écoutez le podcast Le Bulleur!




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THE PUNISHER - ECHEC AU CAID : UN RECIT COMPLET MARVEL

Si vous aimez le scénariste Mike Baron, et que vous avez lu ses épisodes de Nexus, vous savez qu'il n'est pas du genre à rechigner devant la difficulté, et à opérer un certain clivage dans son lectorat. C'est d'ailleurs ce qu'il s'est passé quand il a pris en main The Flash, période Wally West, et avec le Punisher, dont il est question aujourd'hui, pour celles et ceux qui se souviennent de l'ère Semic et de ses RCM, dont est tiré ce récit, Echec au Caïd. Baron décide d'emblée que le Punisher, fraîchement adoubé dans une série mensuelle régulière, doit éviter de fréquenter tous ces justiciers en collants qui pullulent chez Marvel, pour se concentrer sur des aventures terre à terre, urbaines et glauques. En gros, il est surtout question de trafiquants de drogue, de viols et de meurtres, de vengeance à la Charles Bronson. Baron insiste grassement sur l'aspect obsessionnel de la croisade de Frank Castle, ce qui fit faire la moue à nombre de lecteurs plus "progressistes" et disons-le aussi, aux responsables de la Maison des Idées d'alors. Ici nous avons des épisodes plus "sociaux" et mitigés, avec des vilains en col blanc, qui opèrent depuis des tours d'ivoire surplombant la ville. Wall Street et les enjeux boursiers appliqués au crime de tout les jours. Le but de Baron est clair : dénoncer ce vide moral qui gangrène la haute société des happy few du grand monde, ces "yuppies" en costumes cravates, dont les moeurs riment avec la dépravation la plus totale. Et quand on parle du sommet de la coupole, du boss des boss dans cet univers impitoyable, on trouve...le Kingpin, alors simplement dénommé Caïd en Vf, Wilson Fisk, une montagne de muscles imposante, capable de triturer le Punisher dans ses bras et de le presser comme un citron trop mûr. Le lecteur a bien conscience que Castle n'est qu'un homme, face à un système complexe et organisé, chapeauté par un titan intouchable. Oui mais voilà, le Punisher ne va pas se jeter dans la gueule du loup tout seul... 


Pour parvenir à ses fins, le Punisher doit recruter des coéquipiers, et fort heureusement pour lui, c'est l'époque où Microchip assure ses arrières, avec son réseau, ses talents de hacker informatique, qui se heurtent à ceux du jeune comptable asiatique du Kingpin, génie précoce et dangereux. Et son fils, également, appelé à connaître une fin tragique, ce qui va avoir des répercussions importantes sur la psychologie d'un paternel éploré. Ces quatre épisodes (#15,16,17,18) publiés par Semic, dans la collection Récit Complet Marvel, sont aussi et surtout l'occasion de voir à l'oeuvre Whilce Portacio aux dessins, lui qui dans les années 90 avait aussi laissé sa trace chez les X-Men. Bien entendu, on sent encore une influence évidente de Jim Lee, qui l'a précédé sur le Punisher, mais il s'affranchit d'un réalisme plastique attentif, pour donner aux personnages des expressions et des mouvements exagérés, avec un style légèrement niponisant. La mise en page est parfois audacieuse, explosive, et Scott Williams à l'encrage assure un job excellent, parvenant même à enrichir le lay-out de Portacio, qui a beau être un artiste à l'aise sur ces pages, travaille avec une lenteur qui l'oblige à bâcler sa fin de parcours. C'est là un album fort intéressant, qui nous rappelle aussi la violence urbaine de l'époque, et met en scène un duo d'antagonistes (Punisher/Kingpin) qui n'a pas fini d'en découdre. Il est assez simple de trouver ce RCM dans les brocantes, en fouinant un peu, et pour la VO, nous avons récemment eu droit à un volume de la Marvel Epic Collection, le volume 3, intitulé Kingpin Rules. Mon avis de fan du Punisher? Investissez dessus, ça en vaut la peine!  



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LEVIATHAN TOME 1 : ASCENSION (L'OFFENSIVE COMMENCE)

Ce ne sont pas les événements qui manquent chez DC Comics en ce moment, encore moins les histoires aux multiples ramifications qui jouent la carte du long terme. Par exemple, voici venir le tome 1 (enfin, coronavirus permettant, acquérir des albums en ce moment n'est pas la priorité, ni une sinécure) de Leviathan. Vous le savez peut-être, derrière cette appellation se cache l'organisation terroriste menée normalement par Talia Al Ghul, la mère de Damian Wayne et ancienne flamme de passage de Bruce Wayne. Parmi les missions qu'a reçu Brian Bendis en débarquant sur la franchise Superman, il y en avait une toute simple, épurer la situation des agences de contre espionnage, et autres sociétés secrètes, dont il devenait bien difficile de tenir l'actualité à jour. C'est chose faite dès le départ, car l'assaut de Leviathan met dos au mur un peu tout le monde, de Kobra en passant par l'Argus d'Amanda Waller, qui en prend aussi pour son grade. C'est donc Superman qui va se retrouver coincer au milieu de toute cette histoire de lourds secrets qui explosent, de faux semblants continuels. Il faut dire que sa famille et ses alliés sont impliqués, avec un Jimmy Olsen sous couverture qui assiste à l'explosion des Kobra, ou une Lois Lane qui mène l'enquête alors que son père est impliqué dans de sordides machinations. Un père avec qui le temps est venu d'être un peu plus honnête, notamment pour ce qui est de la double identité Superman/Clark Kent. On dit qu'il ne faut pas confonde boulot et vie privée, mais là, pour le coup l'étau se resserre pour l'Homme d'acier, qui a beau faire semblant et jouer les grand naïfs, sait que le petit jeu ne durera plus longtemps.




Brian Bendis, pour ceux qui l'appréciait chez Marvel, reproduit désormais chez DC toutes ses petites habitudes, en bien comme en mal. Les dialogues sont prolixes et jouent sur la redondance et le coté cocasse (Amanda Waller et Jimmy Olsen dans le lit de Lois et Clark) alors que souvent des double pages étalées obligents le regard du lecteur à embrasser l'amplitude de l'espace pour suivre l'action chronologique. Au dessin Steve Epting fait partie de ces dessinateurs rassurants, qui ne déçoivent jamais. Ici il donne un petit coté sombre et ombrageux à l'univers de Superman, qui correspond parfaitement au ton de la saga, qui a de petits accents de ce qu'il illustra à l'époque du Captain america de Brubaker. Le numéro spécial Superman Leviathan Rising est lui signé Paquette, qui dans un ton plus frais mais tout aussi soigné, démontre qu'il traverse un pic de forme appréciable. Les amateurs de conspirations et de fausses pistes vont se lécher les babines, les autres seront un peu surpris de retrouver un Superman qui délaisse les menaces cosmiques ou les kryptoniens enragés, pour quelque chose de terre à terre en apparence, mais qui est l'antichambre de bien des chnagements, d'où la fameuse chute chorégraphiée des dominos : une fois le premier tombé et les autres correctement positionés, il n'y a plus grand chose à faire, si ce n'est observer. Lire, dans le cas présent. 



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LE JOUR LE PLUS NOIR POUR TONY STARK : IRON MAN #182

Nous revenons aujourd'hui sur l'alcoolisme de Tony Stark et sa période de déchéance complète, au début des années 80. Le numéro 182 de la série régulière est non seulement exemplaire pour comprendre ce qui s'est produit alors, mais c'est aussi une des histoires les plus poignantes et intéressante que Marvel a présenté durant cette décennie. Le jour où Tony a vraiment touché le fond (de la bouteille?)

Une tempête de neige s'est abattue sur la ville de New York, alors que les habitants s'apprêtent à fêter Noël. Stark n'a plus aucun endroit où se réfugier, son concurrent et ennemi Stane est parvenu à faire geler ses comptes en banque, à saisir ses biens et ses propriétés. L'ancien milliardaire est donc contraint de vivre dans la rue, sans aucun endroit où se réchauffer, désormais dominé par l'alcool. Il conserve un seul point d'appui bien fragile, une jeune sans abri du nom de Gretl, qui est enceinte et sur le point d'accoucher. Mais même cette relation est en danger, les deux s'étant disputé, Stark erre sous la neige, à la recherche de sa nouvelle amie, et pour oublier ses déboires il dépense ses derniers dollars pour une bouteille de bourbon, qui pourrait bien être la dernière consommation avant la mort, dans l'indifférence générale et le froid glacial.

Le moment fort de ce récit est justement l'accouchement de Gretl, alors que Tony est accroché à sa bouteille. La jeune fille meurt en couche tout en demandant à Stark de protéger son enfant. Celui-ci reste un héros, même au fond du trou. Il va protéger le nouveau-né à l'intérieur de sa veste et passer la nuit ainsi, à attendre les secours ou la mort. Au petit matin Gretl est donc décédée, son enfant miraculeusement sauvé, et Stark hospitalisé pour une cirrhose et de nombreuses engelures. Mais cette expérience extrême va lui faire prendre conscience de l'importance de toute vie humaine, y comprit la sienne, et de la nécessité d'aller demander de l'aide, plutôt que de feindre que tout va bien... est-ce qu'il est encore possible de contrôler l'incontrôlable? 
Et dans tout cela, où se trouve son meilleur ami, James Rhodes, qui a repris l'armure d'Iron Man? Et bien il était transporté momentanément sur la planète du Beyonder pour participer aux Guerres Secrètes. À peine est-il de retour à New York qu'il se rend au chevet de Tony à l'hôpital, mais il est clair que sa personnalité commence elle aussi à flancher... il est de plus en plus accro à l'armure et craint fortement de devoir un jour la rendre à son propriétaire. Ajoutez à cela le sentiment de culpabilité de n'avoir pas été présent dans les moment de besoin de Tony... 
C'est vraiment un petit chef-d'œuvre de la part de Denny O'Neil, une histoire qui doit être lue encore et encore. Luke McDonnell signe son meilleur travail chez Marvel. Le dessin renforce l'empathie du lecteur envers le héros et offre une vision poignante et réellement tragique de sa descente aux enfers. Impossible de parler ou évoquer la dépendance à l'alcool de Tony Stark, sans connaître ces moments forts sur le bout des doigts.



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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRESENTE : LE CHANTEUR PERDU

Nous sommes déjà arrivés au 33° épisode du podcast Le Bulleur, qui vous permet de suivre l'actualité de la Bd, avec chaque semaine une sortie mis en avant tout particulièrement. C'est Didier Tronchet qui au centre de la scène, avec Le chanteur perdu, un album qui convoque une histoire de voyage, et de découverte de l'intime. Le héros est Jean, un bibliothécaire qui traverse l'épreuve du burn out, et remet en perspective toute son existence, depuis ses idéaux (trahis) de jeunesse, qu'il rêvait révolutionnaire. Le reste de son existence n'a pas suivi cette voie de départ, et c'est l'heure du bilan amer, avec en bouée de sauvetage un chanteur d'alors, Rémy-Bé, dont les textes et l'attitude représentent finalement cet aspect fané et oublié de la personnalité de Jean. A partir d'une simple pochette de disque et le viaduc de Morlaix en arrière-fond, notre bibliothécaire va mener son enquête, pour retrouver celui dont personne ne se souvient. Le parcours va le mener très loin, et pas vraiment sur la piste qu'il pensait avoir emprunté. Traquer ses souvenirs et ce qu'on pensait avoir été, ce qu'on aurait du être, voilà l'énigme véritable, disponible chez Aire Libre.
De toutes façons, il faut être honnête, lire est une des rares distractions possibles, avec le confinement. Lutter contre le coronavirus et empilant les pages, et en faisant de belles découvertes. Le Bulleur ajoute sa contribution, il vous reste à écouter : 





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LES VIRUS DANS LES COMICS VS LES VIRUS DANS LA VIE RÉELLE

Il n'aura échappé à personne que la période délicate que nous traversons est monnaie courante dans les comics; on peut même dire qu'il s'agit d'une crise très superficielle par rapport à ce à quoi les super-héros sont confrontés au quotidien. Les récits mettant en scène une contamination, une pandémie à l'échelle de la planète, sont extrêmement nombreux et ils ont eu tendance à s'amplifier ces dernières années, puisque le phénomène des zombies a connu, notamment avec The Walking Dead, une inflation significative. C'est là que nous nous rendons compte que nous évoluons avant tout dans un univers de science-fiction, c'est-à-dire avec des moyens technologiques et sanitaires bien supérieurs à ceux dont nous disposons. Il existe des génies tels Reed Richards ou Tony Stark, capables d'inventer des solutions à n'importe quel problème.  Avec eux les vaccins se trouvent en moins de 24 heures et chose encore plus improbable, leur fabrication, production et distribution se fait en un claquement de doigts. Si on confronte cette méthode avec ce qui se passe dans la vie réelle, nous comprenons que tout ceci n'est que fiction exagérée, et de très loin, et ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le cancer est finalement assez peu abordé dans les comics, car voilà un exemple concret de limite médicale à laquelle nous sommes obligés de nous confronter et qui n'aurait pas de justification dans un univers narratif où de tels savants réalisent de telles prouesses.  On élude le plus souvent, même si pas toujours.

Dans les comics la contamination doit être plastiquement et artistiquement représentable, autrement dit la pandémie prend la forme de symptômes aussi improbables que meurtriers, et les zombies sont un exemple parfait de ce que nous sommes amenés à lire. Récemment encore nous avons même eu une version technologique du phénomène, avec un virus se propageant à travers internet et les réseaux sociaux, dans DCeased chez DC Comics.  Malheureusement la réalité est beaucoup plus prosaïque (ou peut-être devrais-je dire heureusement car qui aurait sérieusement envie de vivre dans un monde comme celui de l'univers Marvel DC ou Image, ou Galactus peut débarquer pour boulotter votre planète et où les morts sortent du sol pour hanter vos rues? Honnêtement pas moi!)  et cette réalité c'est un virus de pas grand chose (comparé à nos lectures), qui ne provoque pas vraiment de symptômes dangereux chez les gens jeunes et en bonne santé, voire pas de symptômes du tout pal mal de cas, c'est-à-dire le covid 19, le coronavirus du moment par exemple. Mais nous ne sommes pas gouvernés par des Reed Richards ou des Tony Stark, nous avons malheureusement affaire à des personnes qui ne sont pas préparées, ne mesurent pas les enjeux sanitaires et planétaires, et pour qui le profit est le seul horizon scrutable. Ils sont capables de faire matraquer ou gazer des soignants qui réclament des moyens pour sauver des vies, et de les encenser dix jours plus tard, comme dernier rempart de notre civilisation. Tout ceci explique pourquoi même un virus comme le covid 19 met notre économie et notre système de vie à genoux, et nous oblige à repenser l'intégrité de notre quotidien, jusque dans nos relations interpersonnelles.  La réalité est fort heureusement expurgée des super criminels des comic books, mais elle ne possède pas non plus ses génies, ses visionnaires, ses coups de théâtre et ses happy ends systématiques, avec des résurrections continues. La vie réelle en ce moment nous laisse au moins les comics pour rêver, imaginer, voire anticiper, mais elle nous rappelle aussi que chacun d'entre nous peut avoir à se repenser à un moment donné, et à endosser le costume du super héros de quartier, qui par des gestes simples et une attitude raisonnable est capable aussi, à sa manière, de sauver des vies.



Je tiens également à vous informer que du 25 au 28 mars la maison d'édition italienne IT Comics organise le premier Salon des comics "virtuel", autrement dit ce que vous pouvez faire en personne d'habitude vous pourrez le faire par internet, avec notamment une grande exposition intitulée Corona versus comics. Tout ceci sera en italien, de 10h à 19h chaque jour, disponible sur Internet; espérons que bientôt le premier salon virtuel en français voit le jour, une idée à lancer auprès de nos grands éditeurs, qui feraient bien de s'inspirer de ce qui va se passer sur Internet dans quelques jours. Au passage nous sommes invités pour une intervention en vidéo, vous nous verrez peut-être si vous allez jeter un œil!


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BLOODSHOT REBORN : L'INTEGRALE CHEZ BLISS COMICS

Les affres du coronavirus, la fermeture de tous les cinémas, le report de la sortie de nombreux albums... Bref, pas de chance pour l'arrivée de Bloodshot, premier film issu de l'univers Valiant. Il faudra patienter pour découvrir Vin Diesel sur grand écran, et en attendant, nous vous conseillons d'aller jeter un oeil chez Bliss Comics, où fleurissent des intégrales parfaites pour ne rien perdre des principales séries Valiant. En plus, ces prochains jours, vous pourrez lire les 100 premières pages de chacune d'entre elles au format digital sur le site de l'éditeur. Et à ce petit jeu, Bloodshot fait partie des titres à lire!
Bloodshot donc, traverse au début de ce gros pavé une sérieuse phase de déprime, après avoir rencontré (puis perdu, car tombée au combat) Kay, la jeune et jolie Géomancienne, qui avant de succomber lui a fait un drôle de cadeau empoisonné. Bloodshot est désormais débarrassé de ses nanites, ces milliards de petits robots qui infestent son système sanguin et le rendent invincible. Redevenu un simple quidam, le voilà torturé par une interrogation brûlante sur sa propre identité. Après avoir été le jouet, des années durant, du projet para-militaire Rising Spirit, il ignore tout de sa véritable identité d'avant, du genre d'homme qu'il peut être, en dehors d'une machine à tuer au service de pouvoirs occultes et cyniques. En attendant d'y voir clair, Ray Garrison (un de ses noms d'emprunt) se contente de jouer au factotum dans un motel minable du Colorado, bien loin de la civilisation et de ses tentations. Pour résister, l'alcool et la drogue sont des ressources précieuses, mais qui ont la fâcheuse tendance à provoquer des hallucinations, qui amènent le protagoniste à entamer des dialogues acerbes avec d'autres parties de sa psyché, lui permettant de se libérer peu à peu de son attachement morbide pour Kay, et de composer avec ses penchants assassins (grâce au lutin Bloodsquirt, qui hante son esprit chancelant). Bloodshot résiste et persiste à renoncer à parcourir les pages du dossier secret qu'il a récupéré, et recèle la clé de son existence d'avant. Et puis il va avoir mieux à faire, et vite, car voilà qu'un assassin à la peau blanche et avec un cercle rouge sur la poitrine défouraille dans un cinéma et provoque un massacre des plus horribles. Apparemment les nanites ne sont pas perdues pour tout le monde, et elles semblent avoir choisi d'investir un nouvel hôte. Voire pire encore, de nouveaux hôtes, au pluriel...


Pire encore, les robots microscopiques qui infestaient son sang se trouvent de nouveaux hôtes, qui perdent la tête et sont responsables d'horribles carnages dans le Colorado. Du coup, Bloodshot ne va pas rester longtemps sur la touche, et devoir se sacrifier, prendre la route, et aller récupérer les fameux nanites, pour les contrôler.
En cours de chemin notre héros a tissé de nouveaux liens sentimentaux avec une blonde un peu paumée, Cristal. S'il tente de ne pas prendre en considération l'idée de la protéger et de l'aimer, il est cependant difficile de résister à l'appel de la chair, et des bons sentiments. Car malheureusement, tout ceux (et celles) qui croisent sa route ont tendance à se mettre en péril, et ont une durée de vie assez limitée. En parallèle, deux agents spéciaux mènent l'enquête et suivent Bloodshot (ou plutôt les porteurs de nanites) à la trace, en arrivant après coup sur les lieux où le sang à coulé. Il s'instaure une relation assez détendue et sarcastique, et les dialogues forts naturels et très drôles aident à tempérer une tension palpable. Le ton est à la fois dramatique et désespéré, et entrecoupé de répliques ou de scènes brèves plus légères. Jeff Lemire fait un superbe travail sur ce titre, parvenant à rendre enfin humain et attachant un personnage trop longtemps présenté comme une machine de guerre impitoyable, tourmenté par un désir de se (re)connaître, mais sans jamais dégager une forte empathie, comme c'est le cas désormais. Et coté dessins on est vraiment gâtés, avec uniquement des artistes de grande qualité, au style réaliste et collant parfaitement avec l'ambiance désirée, comme Paolo Rivera, Butch Guice, Mico Suayan, Lewis Larosa ou Doug Braithwaite. On peut faire bourrin et intéressant en même temps, Bloodshot Reborn est une vraie bonne série haletante. 


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THE PUNISHER SUICIDE RUN : DU FRANK CASTLE INEDIT EN VF

Parlons inédit en Vf aujourd'hui, avec le Punisher. Retour à l'ère de gloire du personnage, dans les années 90, quand trois séries mensuelles étaient consacrées au vigilante Marvel. L'occasion de crossovers endiablés, dont le plus célèbre et le plus long est peut-être Suicide Run. Comme le titre l'indique, une aventure dramatique pour Frank Castle, qui commençait sérieusement à accuser quelques signes de fatigue psychologique, et jouait dangereusement avec l'auto-destruction. Qui commence lorsque la pègre de New-York décide d'en finir avec lui, en l'attirant dans un piège aussi sophistiqué que risqué. Une réunion au sommet avec tous les gros bonnets du milieu est organisée dans un building en construction, censée servir d'appât pour le Punisher, qui ne saurait résister à l'appel du carnage. Seule Rosalie Carbone, une brune fatale que Castle épargna autrefois (car au fond elle lui plaisait plutôt bien, physiquement...) ne participe pas à cette mascarade, qui tourne vite au tir au pigeon. Notre justicier, acculé, ne trouve rien de mieux que de descendre tout ce qui bouge, et en dernier recours il fait sauter tout l'immeuble, et se retrouve enseveli, avec les malfrats les plus récalcitrants, sous des tonnes de gravas. Ce qui fait l'affaire de la brigade chargée d'appréhender tous les pseudos redresseurs de tort, V.i.g.i.l, qui ne savait trop comment arrêter le Punisher. Exception notable au sein de cette institution, une tête brûlée du nom de Blackwell, qui nourrit une haine féroce pour ce cher Frankie. Qu'il va continuer à traquer sans relâche, jusque dans la petite bourgade de Laastekist, où ce sera le feu d'artifice final, la grande fête pour s'attribuer le scalp du Punisher, entre mafieux, forces de l'ordre, et cinglés obsessionnels de la gâchette.

Alors bien sur, nous sommes dans les années 90. Chuck Dixon ne perd guère de temps à plonger ses personnages dans une introspection poussée et crédible. Le Punisher est ici motivé par une mission aveugle, qu'il poursuit dans la plus grande tradition des redresseurs de torts monomaniaques et caricaturaux. Il est prêt à se sacrifier, et ne s'en sort que par un concours de circonstances heureuses. Castle n'est pas seul. A l'époque, d'autres épigones fréquentaient les pages des trois séries mensuelles. Notamment (pour ne citer que les plus notables) Lynn Michaels, ex policière passée elle aussi dans les rangs des vigilante, Outlaw (la version fan-boy britannique, souvent raillé pour son accent), ou bien Hitman, l'avatar au service... de la mafia! Une mise en scène qui n'a rien d'originale, et qui trouve probablement ses racines dans l'événement Death of Superman/Reign of the Supermen : lorsque le héros phare semble hors service, la course à la succession démultiplie les vocations! Aux dessins, nous avons du John Buscema, tout de même, mais parfois (vers la fin) l'encrage est un peu sommaire, et son style déjà épuré en devient un tantinet brouillon. Ou encore Hugh Haynes, un des piliers de la série dans les années 90, au trait plus rustre et naïf. Il s'agit là du point d'orgue de presque une décennie d'aventures. Les responsables de Marvel voulaient alors rendre aux ventes le lustre qui commençait à s'effriter, en orchestrant la fin présumée du Punisher, tout en injectant sur ces pages une longue liste de prétendants wannabe, ou de copies distordues, pour étoffer un univers narratif très refermé sur lui même : Suicide Run fonctionne en autonomie parfaite et ne fait pas intervenir d'autres justiciers en collants. Le problème, c'est que vous ne trouverez pas de traces de l'ironie mordante de Garth Ennis, ou la violence adulte et esthétisante de la récente collection Max. Par contre, les amateurs de gros flingues et de comics à la Charles Bronson vont se régaler. Une publication Vf semble à ce jour bien peu probable, alors tentez de mettre la main sur les vieux fascicules Vo. 



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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRESENTE : LA NUIT EST MON ROYAUME

C'est samedi, et fort logiquement, nous retrouvons le podcast le Bulleur, qui nous parle aujourd'hui de La nuit est mon royaume, sorti voilà peu, signé Claire Fauvel. On y découvre la jeune Nawel, qui habite en banlieue, et ne rêve que d'une seule chose : se consacrer à la musique. Elle va faire la rencontre d'Alice, la jeune nouvelle du quartier, qui va l'introduire à de nouvelles "sonorités", plaçant un certain Paul McCartney au centre des débats. Ensemble, elles vont apprendre à se découvrir, et se lancer dans l'aventure du groupe Nuit Noire. Oui mais voilà, si la passion et la détermination sont au rendez-vous, il n'est jamais facile de s'extraire d'un contexte social et culturel qui implique un fort déterminisme, même si on fait tout pour y parvenir. Derrière les rebondissements artistiques, c'est tout un cheminement personnel, des frustrations aux déceptions en passant par le champ des possibles, qui s'ouvre à une Nawel qui doit se mettre en danger, elle et ses rapports avec son milieu d'extraction. Plus encore que le dessin, c'est la couleur qui crée l'ambiance dans ces 150 pages de Claire Fauvel, disponible chez Rue de Sèvres. Le Bulleur vous fait le topo dans son podcast, avec en cadeau bonus l'actu de la Bd, ça ne se refuse pas. 






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GOOD OMENS EN DVD : LA SERIE ANGE ET DEMON DE NEIL GAIMAN

Parlons un peu de l'accord passé entre Amazon Prime Vidéo et Neil Gaiman, et des fruits qui en découlent, avec la sortie en dvd de la série Good Omens. Il s'agit de l'adaptation d'un de ses romans cultes, en collaboration avec Terry Pratchett.
L'intrigue de Good Omens (les bons présages) commence par... la fin du monde, qui est sur le point d'advenir, l'Armageddon est une réalité imminente, et deux individus, Aziraphale et Crowley, un ange et un démon, doivent oeuvrer pour cet important rendez-vous au bénéfice des forces respectives du bien et du mal, mais en même temps pour tenter de l'éviter... car finalement, après tant de millénaires sur Terre, ils se sont un peu attachés à la race humaine nonobstant tous ses défauts. Neil Gaiman, qui a écrit les six épisodes de ce qui est l'une des séries fantastiques les plus attendues du moment, à partir du roman publié en 1990 avec Pratchett, nous fait voyager en avant et en arrière dans le temps, du passé lointain de l'humanité jusqu'au compte à rebours final,  qui coïncide avec le onzième anniversaire, ainsi qu'avec la prise de conscience du jeune antéchrist prénommé Adam.
Aziraphale et Crowley sont les deux protagonistes/antagonistes de la série, deux êtres surnaturels opposés qui ont été peu à peu contaminés par l'humanité dans laquelle ils vivaient: l'ange d'un adorable Michael Sheen est devenu un peu moins bon, alors que le démon magnétique David Tennant s'est quelque peu adouci, mettant de l'eau dans le vin de sa malveillance naturelle. Ils sont devenus, s'il est possible de dire ainsi, plus humains que de nombreux représentants de notre espèce et ils se sont liés à notre monde et à son mode de vie, appréciant sa nourriture et son vin, sa musique (Crowley devient dingue de Queen, par exemple) et ses nombreux petits plaisirs . Surtout, ils sont devenus amis.


Il faut le reconnaître, la dynamique entre les deux acteurs est bonne, et c'est sur ce socle que repose Good omens, pour commencer. Ce sont eux qui définissent la série, bien sûr, mais disons aussi que les personnages secondaires, malgré le temps variable dont ils disposent, sont efficaces et en partie parfaitement décrits, entre la précision du script et l'efficacité des interprétations, avec l'archange Gabriel d'un gigantesque et plaisant Jon Hamm (principal ajout au roman de départ) ou les religieuses démoniaques, la sorcière Anathema Device de Adria Arjona et la Madame Tracy de la toujours excellente Miranda Richardson. Avec en bonus plusieurs interprètes de haut niveau qui n'apparaissent qu'en tant que voix, comme Frances McDormand qui est Dieu, et Benedict Cumberbatch dans le rôle de Satan lui-même. L'intrigue de Good Omens se développe avec rythme et sans être avare d'idées visuelles et narratives. On voit la main des auteurs et l'amour et le respect avec lesquels Neil Gaiman a fait face à cette adaptation en l'absence du regretté co-auteur Terry Pratchett. Il a su oeuvrer sans trahir l'esprit de l'original ni trop diluer l'action. Il y a quelques passages moins réussis et moins fluides, ainsi que des effets spéciaux trop rudimentaires, mais aucun de ces deux problèmes ne gâche le plaisir de profiter de cette série, qui évolue avec le temps, entre insouciance et panache. Il n'y a que six épisodes qui n'auront probablement pas de suite, mais c'est là le rendu parfait d'un monde qui est sur le point de s'achever, et qui nous est raconté en alternant la grande histoire épique et une pétillante comédie de malentendus, assez riche en détails, en nuances et en clins d'œil, avec une mise en scène élaborée et dense. L'apocalypse, c'est agréable, en fait. Disponible chez Koba Films
https://www.kobafilms.fr/series-tv/861-good-omens-3344428215842.html



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DAREDEVIL EPIC COLLECTION : ROOT OF EVIL

Cette fois-ci la Epic Collection nous emmène en 1994 et 1995 pour retrouver les aventures de Daredevil. Une fois de plus, la vie n'est pas rose avec Matt Murdock, qui traverse une énième dépression et a choisi de faire croire à tout le monde qu'il est mort (au terme de Fall from Grace). Il endosse ainsi une nouvelle identité et surtout un nouveau costume, qui ressemble d'ailleurs plus à une armure. Nous le retrouvons au début de ce gros pavé qui contient pas mal d'épisodes introuvable, en VF au format librairie, dans les sous-sols de New York. En effet une population abandonnée par ceux de la surface à trouvé refuge dans les égouts, et certains de ces malheureux sont accusés à tort d'avoir provoqué des attentats à la bombe sur un parking. Daredevil mène l'enquête mais il n'est pas forcément le bienvenu, d'autant plus qu'une sorte de colosse blafard et nauséabond fait régner son ordre et sa loi. Il n'est pas sans rappeler Wilson Fisk, le Caïd, lui aussi en disgrâce... pour autant les deux ne sont pas semblables et Fisk continue de tramer de son côté pour refaire surface, retrouver le pouvoir qui était le sien avant, et bien entendu pour faire payer Murdock. Gregory Wright est le scénariste à l'époque et le moins que l'on puisse dire, c'est que ne sont pas des épisodes inoubliables. Le dessin également n'est pas forcément extraordinaire et même si j'aime personnellement le style expressionniste et tourmenté de Tom Grindberg, il est loin d'être ici au sommet de sa carrière. Ça ne s'arrange pas par la suite, avec la menace de Kruel, un ancien associé de Fisk, qui a fini par le trahir et qui en a subi les conséquences. Il n'est pas mort (par miracle, car le Kingpin l'avait brûlé vif) mais il a décidé de se venger; et comme par hasard tous les anciens amis et alliés de Matt Murdock sont impliqués dans l'histoire... c'est un peu dur à croire mais ça permet d'ajouter du pathos à ces épisodes, qui finalement en dehors de quelques coups d'éclat assez peu crédibles, comme l'agression de Ben Urich et sa femme, et surtout le meurtre de Glorianna O'Brien, n'offrent pas grand-chose à se mettre sous la dent. En fait ce ne sont pas les épisodes de Daredevil qui constituent la meilleure partie de cet album, mais ceux qui concernent Elektra.


Dan Chichester et Scott McDaniel signent là un récit qui a pour but d'expliquer le pourquoi de la soif de sang et de violence qui couve chez la belle ninja. Après le succès de Fall From Grace, ils reprennent ici le même modus operandi, les mêmes personnages, avec la secte de la Mandragore, branche de la Main. On y trouve notamment une histoire sentimentale avortée entre le very bad guy Tekagi, et Elektra, et les efforts de cette dernière pour être digne des Chastes (les sommités qui l'ont formée) et devenir ce qu'elle est devenue. Mais attention, l'histoire est écrite et illustrée dans la mode de l'époque, c'est donc très difficile de tout suivre de façon linéaire, le montage des planches et l'agencement des dialogues nécessitent un vrai effort, et certaines vignettes sont vilaines, tant les anatomies et les expressions sont forcées à l'extrême, pour enphatiser des sentiments et des pulsions qu'on devinent sinistres. Il y est aussi question d'une lame ancestrale, qui a besoin de sang innocent pour se purifier, et donner accès à un pouvoir incommensurable, ce qui oblige Elektra a protéger du mieux qu'elle peut des individus unis par leur droiture, mais rien ne se termine comme prévu, et il faudra un ultime face à face au dernier sang, avec un peu de roublardise, pour que l'héroïne l'emporte. C'est la nostalgie qui parle, là. Vous n'avez pas connu l'ère Scott McDaniel, vous êtes irrémédiablement perdus pour la cause, ou presque. Tout ici respire les souvenirs de nos lectures de la grande heure Semic, mais le novice risque fort d'y sacrifier une boite de dolipranes, et une partie de sa passion pour les comics... Bref, la Epic Collection continue de faire les délices des archivistes, des complétistes, et je dois l'avouer, je ne sais pas résister!



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SPIDER-MAN BLACK CAT : L'ENFER DE LA VIOLENCE

Au moins, l'avantage avec ce Evil that men do/L'Enfer de la violence de Kevin Smith, c'est que nous pouvons lire une aventure du tisseur de toile où la trame de fond et l'évolution de l'action sortent un peu des canons gentillets et sobrement "soft" d'une bonne partie de la production arachnéenne. Déjà, c'est la Chatte Noire qui est à l'honneur, aux cotés du tisseur de toile, donc c'est l'idéal pour quelques situations à la limite du scabreux, entre cette aventurière qui n'a pas froid aux yeux et aux fesses, et un Spidey toujours aussi coincé et probablement frustré avec la gent féminine. D'un coté il faut bien jouer au super-héros et être à la hauteur de sa tâche, de l'autre une petite sauterie en costumes moulants, ça a de quoi faire hésiter le plus vertueux des paladins. D'ailleurs, tiens, quitte à faire dans le porno soft, autant appeler Monsieur Dodson, qui n'a pas son pareil pour dépeindre des plastiques avantageuses, tout en rondeur, en douceur, sous la douche, en spandex, sous toutes les coutures... Bref, un comic-book faussement naïf, juste prétexte à du sexe allusif? Et bien non, pas que cela, loin de là. L'Enfer de la violence (un titre Vf pas aussi efficace que celui de la Vo, c'est clair...) est une histoire qui ose aller effleurer le concept de viol, aller enquêter dans un des recoins les plus sombres de la psyché humaine, qui n'est pas forcément souvent évoqué dans les comic-books mainstream. Avouons-le, ça méritait bien une nouvelle édition chez Panini, et c'est pour cela qu'on ressort du vieux dossier des cartons...

Tout commence par une histoire de drogue, assez insolite. Spidey enquête sur la mort par overdose d'un certain Donald Philipps, bien que tout laisse à penser qu'il n'a jamais fait usage d'héroïne. Pendant ce temps, il est sur la piste (tout comme Felicia Hardy) de Tricia, une jeune femme qui a été enlevé. Autre intervenant d'importance dans l'histoire, le nouveau dealer qui fait fureur dans la ville, un certain Mister Brownstone, qui pourrait bien être en fait un musicien du nom de Garrison Klum. Le Tisseur et Felicia ayant des points de vue trop opposés quand aux méthodes à employer, ils finissent par battre des pistes différentes, ce qui risque d'aboutir à un psychodrame notable : la Belle Black Cat se retrouve aux mains de Klum, qui est aussi un mutant ayant en apparence l'habilité de transférer de petites doses d'héroïne dans le sang de ses victimes. Dans le cas de Felicia, il ne serait pas non plus contre un viol... Bref, cette aventure en six parties ne manque pas de souffre, de raisons de tiquer ou de s'indigner, voire au contraire d'applaudir à cette tentative de fournir un plot plus adulte et moins consensuel qu'à l'accoutumée. Kevin Smith s'est embourbé dans des histoires de délai non respecté, lorsqu'il a écrit le scénario, est a failli jeter l'éponge à mi parcours. Du coup on sent tout de même quelques ratés dans la machine, un rythme différent entre le début et la conclusion, des hésitations quand à la direction à suivre. L'ensemble reste assez lisible et plutôt insolite, des années plus tard. Sans être une franche réussite, il ne mérite pas non plus le concert de critiques qu'il a reçu lors de sa sortie. A noter que  le titre de la Vo est emprunté à une citation de Marc Antoine, tirée de la pièce Jules César, de Shakespeare. Tout cela m'incite à vous dire de vous pencher sur le cas de la série télévisée Rome, qui compte deux saisons, et est un pur bijou. Je sais ça n'a rien à voir, mais je suis tellement fan que je ne manque jamais une occasion d'en parler. 



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LE PODCAST "LE BULLEUR" PRESENTE : SUR LA ROUTE DE WEST

L'action démarre dans une station service. Enfin action, c'est un grand mot. Disons la rencontre. Bea et Lou se retrouvent et partent à l'aventure (fuient?) ensemble. Vers quoi, vers où vers qui? Une certaine forme de vérité, de connaissance de soi? Vers le destin? Comme ce chat perdu, doté d'un médaillon, qu'elles décident de ramener à ses propriétaires. Pour cela, il faudra se rendre dans la ville de West, mais au diable qui sait où elle peut bien se trouver. Sur la route, il y a les rencontres, une poursuite, un road trip qui vire à l'étrange, glisse vers autre chose, lentement. Le quatrième album de Tillie Walden est disponible, et même si je ne suis pas personnellement un amateur transi du travail graphique de l'artiste (dans la première partie de l'album surtout), elle est aussi et surtout douée, très douée, pour instaurer une ambiance, brouiller les pistes, avec une facilité déconcertante, prenant tous les chemins de traverse possibles et menant le lecteur par le bout du nez. Pour tout savoir de cette sortie, et pour retrouver l'actualité de la Bd, c'est facile, il suffit d'écouter l'épisode de la semaine du très bon podcast Le Bulleur, qui est relayé comme chaque samedi sur le blog. Aucune excuse pour ne pas le faire, le lien est juste là en dessous, allez-y! 



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SAVAGE AVENGERS TOME 1 : LE TRIOMPHE DE KULAN GATH (AVEC CONAN!)

Alors ce sera quoi, ce coup-ci? Mighty, Secret, Young, New? Erreur, ils sont désormais Savage! L'adjectif qui leur est attribué, à ces Avengers, s'explique par la présence de Conan le Barbare dans l'équipe. Bon, je reprends depuis le début, pour ceux qui n'ont pas suivi la maxi série hebdomadaire Avengers No Road Home... Grâce à un expédient narratif finalement aussi simple que sommaire, le Cimmérien est arrivé dans la continuité Marvel, ce qui veut dire qu'on le retrouve en pleine Terre Sauvage, dès le début du premier numéro; et quoi de plus naturel que de le confronter à Wolverine, pour un duel pimenté! D'un côté les griffes et de l'autre l'épée, c'est une sorte de petit fantasme de fan, qui se réalise avec deux personnages qui font de la poésie, du tact et de la distinction raffinée, un véritable modus operandi.
Si jamais Conan est en Terre Sauvage, ce n'est pas non plus totalement pour rien, car il a bien l'intention de descendre des montagnes, pour s'en aller s'emparer d'un trésor se trouvant sous bonne garde, aux mains d'une sorte de secte de ninjas cinglés, bien décidés à convoquer une puissance occulte en sacrifiant régulièrement les plus grands esprits, les plus grandes âmes, ou les plus formidables combattants de la planète. Le sang ainsi recueilli devrait réveiller un dieu ancien et cruel. Bigre. Et le pire dans tout ça, c'est que le perfide et surpuissant Kulan Gath est de la partie. Dans le genre sorcier maléfique, il se pose là. C'est logique qu'en face on oppose des calibres comme le Doctor Strange ou Brother Voodoo. Sans oublier Elektra, Venom ou ... le Punisher!

J'en arrive à une première observation ; à mon avis Marvel fait une grosse erreur de placer toutes ses billes dans le même sac. Combien de titres écrits en ce moment, ou a écrit récemment Gerry Duggan? Le scénariste est devenu incontournable et met les mains un peu partout. C'est dommage quand on voit le nombre de talents qui est aux portes de la gloire et attend l'opportunité de montrer idées et direction nouvelles, qui sont remisées à la trappe, au profit de scénaristes comme Duggan. Qui est loin d'être mauvais, mais souvent se contente d'une bonne idée, sans y placer l'étincelle ou ce supplément de vie qui fait qu'on ne l'oublie pas. Et puis il y a toujours cette impression d'humour forcé, de coolitude sur commande, qui ne se marie pas forcément avec ce qu'il est en train d'écrire. 
Ici encore ce n'est pas mauvais, n'exagérons pas, mais certaines scènes donnent une impression de déjà-vu (déterrer la famille de Frank Castle, profaner les morts, ça n'est pas une première) et le cocktail baston/magie/incantations finit quand même par prendre le dessus sur toute inspiration artistique. Le dessin est de Mike Deodato et il faut être honnête, on l'a vu beaucoup plus inspiré. Nombre de gros plans ou de poses sont loin d'être parmi ce qu'il a fait de mieux. Du Deodato de commande là aussi donc, qui n'avait pas l'air extrêmement impliqué dans le projet des Savage Avengers. Nous recommandons donc surtout aux fans de Conan, et à ceux qui aiment l'ultra violence qui s'assume. 


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COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...