TOMORROW : PANDEMIE ET FUTURES GÉNÉRATIONS CHEZ DELCOURT


Tomorrow, qui vient de sortir chez Delcourt Comics, est une publication qui n'est pas exactement ce qu'elle semble incarner au premier abord. Nous avons là un nouveau récit post-apocalyptique, une nouvelle pandémie comme nous en avons déjà rencontré tant ces dernières années. L'originalité de la maladie, telle que présentée par Peter Milligan, un habitué des récits  qui mêlent science et analyses de la société, est qu'il s'agit d'un virus qui est né sur internet, une version informatique de la peste, qui se transmet ensuite au genre humain. Ne m'en demandez pas plus sur le sujet, je serais bien incapable de vous expliquer les détails de cette engeance! Ici les victimes ne deviennent pas des zombies, mais elles meurent très rapidement et tout simplement. Par contre les plus jeunes, les enfants, sont épargnés; c'est pour cela que l'album se concentre sur deux personnages en particulier, des jumeaux. Le garçon s'appelle Oscar Fuentes, il est autiste mais aussi musicien de génie. Sa sœur Cira est beaucoup plus expansive que lui, et elle va connaître tout au long des pages une évolution importante dans son parcours personnel, une véritable libération pourrait-on même, dire puisque elle va trouver au fond d'elle-même des aspects de sa personnalité qu'elle ignorait totalement et qui vont se révéler, devant la fin du monde imminente. Tomorrow place également en scène un chercheur en informatique qui a pour mission de trouver un remède au virus, et qui collabore à distance avec une sorte de collègue russe, lui-même engagé dans une course contre la montre pour affronter l'inéluctable. Il a aussi une famille et celle-ci ajoute encore au pathos, au drame que représente cette histoire. Oui mais voilà, en réalité, au-delà du virus, nous avons là une mini série qui est aussi une manière pour le scénariste de raconter cette génération qui demain sera celle qui tiendra les rênes du monde. 




Est-elle meilleure que celle de ses ancêtres? Avons-nous raison d'avoir autant d'espoir en ces jeunes qui vont grandir et deviendront à leur tour les adultes dominants? Le fait est -et vous le savez très bien si vous êtes passés par là- que comme le dit Milligan, la cour de récré peut-être un endroit d'affreuse cruauté, et les enfants entre eux sont loin d'être très empathiques... parfois leur univers est encore plus violent que celui des adultes! C'est en tout cas ce qu'il transparait dans cet ouvrage, où la plupart des rescapés s'organisent en bandes pour adopter un comportement de prédateur qui fait froid dans le dos. Nous trouvons par exemple des adolescents joueurs de foot, qui ont transformé leur équipe en une espèce d'escadron de la mort, et qui sévissent à grands renforts de métaphores verbales et de coups de pied tout ce qu'il y a de plus physique... on se prête à sourire en les voyant à l'œuvre, et on pense même d'ailleurs que c'est un peu too much, pour autant l'idée n'est pas si mauvaise et on se rend compte au fil des épisodes qu'en effet l'âge n'a rien d'une garantie, et que le mal sait s'abriter en chacun de nous, même chez ceux qui ne sont pas encore majeurs; à la limite, l'innocence est à cultiver chez les enfants très jeunes, prépubères, mais ceux-ci deviennent alors rapidement les proies des amis/ennemis un peu plus grands, qui fréquentent déjà le lycée. Au dessin voici Jesus Hervas, qui livre une prestation très intéressante. J'admets que je n'avais jamais rien vu de cet artiste espagnol, et c'est ici une petite révélation. il propose un style extrêmement clair et dynamique, déjoue le piège des scènes statiques pour proposer quelque chose de vivant du début à la fin, avec des personnages qui sont tous bien caractérisés. Au final la lecture est très agréable et parvient même à s'éloigner de ce qui était attendu, pour se terminer sur un contre-pied bien pensé.  



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