L'échangisme est une pratique qui ne se cache plus dans le milieu des comics. La preuve avec Donny Cates et Al Ewing, qui s'échangent respectivement leurs séries Incredible Hulk et Venom. Enfin, Incredible ou Immortal, vous voyez ce que je veux dire, bien entendu. Vous allez donc pouvoir découvrir en cette fin d'année chez Panini Comics le premier volume de la nouvelle série, qui débarque après le succès retentissant d'une prestation, il faut bien l'avouer, remarquable. Cates a réellement la pression mais il est habitué à séduire les fans avec des concepts osés et parfois assez casse-gueule à première vue. Il persévère dans ce qui est sa marque de fabrique en s'intéressant à ce que peut être Bruce Banner pour Hulk et Hulk pour Banner. Vous pensiez que le géant vert représentait la frustration et la colère du scientifique gringalet? Pourtant, imaginez un peu ce que cela pourrait signifier s'il s'agissait en réalité d'un moyen de nous protéger de la véritable colère de Bruce? Ce dernier a utilisé la technologie de l'A.I.M pour réussir un pari audacieux, à savoir transformer le monstre qu'il est censé abriter, Hulk, en une sorte de vaisseau spatial, de gros robot qu'il peut piloter et dont il peut contrôler la rage, au moyen d'une manette avec neuf stades différents, par ordre croissant, allant de la colère à la destruction incontrôlable et massive. On se croirait dans un bon gros animé japonais avec ce concept assez dingue, alors que les sentiments forts que ressent Hulk sont utilisés pour alimenter le colosse vert. Et comme Hulk est régulièrement l'objet de polémiques en raison du chaos qu'il sème derrière lui (l'exemple récent de El Paso est assez tragique et énigmatique) ses anciens amis et collègues Avengers tentent de trouver une solution, une nouvelle fois, pour le neutraliser (rappelez-vous Planet Hulk, ils ne font pas toujours dans la subtilité). Inutile de trop se creuser la tête car en réalité, Banner a bien l'intention de disparaître de lui-même, en empruntant les chemins tortueux et inconnus des mondes parallèles.
Une fois introduit dans une nouvelle dimension, Hulk va faire des découvertes assez surprenantes, notamment se retrouver face à face avec lui-même, c'est-à-dire une incarnation du docteur Bruce Banner qui n'aurait pas subi la transformation en Hulk, mais qui aurait vu sa bombe utilisée à travers le globe en tant qu'arme de destruction massive. On ne va pas vous le cacher plus longtemps, quitter le run de Al Ewing pour se retrouver avec ce type de lecture, certes décomplexée mais par moment un peu déroutante (euphémisme), ce n'est pas vraiment facile. Le public visé ici, c'est celui qui souhaite lire un comic book qui ne se prend pas la tête et se laisser emporter par l'action, encore de l'action. Oui mais voilà, cela fait maintenant quatre ou cinq ans que le titre du Géant Vert est entre les mains d'auteurs qui écrivent pour un public fort différent; du coup la transition n'est pas simple. Reste qu'au moins le choix du dessinateur est parfait puisque Ryan Ottley, lorsqu'il s'agit de dessiner des monstres déchaînés ou des combats titanesques, insuffle une force si évidente à ses planches qu'on a l'impression qu'elle éclate devant vous et qu'elle fait vibrer les vitres de votre appartement ou de votre maison. Oui, à ce niveau-là, c'est très réussi, il n'y a rien à dire. Le problème, c'est qu'au fur et à mesure où on avance dans l'histoire, on se rend compte que certes la résolution de ce qui s'est produit à El Paso va être un bon prétexte pour introduire un véritable antagoniste surpuissant, mais d'un autre côté, on peut aussi vite se lasser de ce concept de Bruce Banner qui pilote un Hulk tel Actarus dans Goldorak, même si c'est ici de façon imagée. L'adjectif décomplexé que j'ai employé un peu plus haut va d'ailleurs prendre toute sa pleine mesure avec le crossover à venir, qui implique aussi Thor, à savoir Banner of War, qui a été traduit en français par un bannière de guerre qui limite malheureusement la possibilité du jeu de mot en langue originale. Vous le verrez, là il n'y a plus du tout à réfléchir, juste à cogner. C'est exactement ce qui résume le relaunch du titre. Des points serrés, des chocs primordiaux, de la violence jouissive, mais il manque probablement un peu de fond pour en faire un incontournable.
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