Spawn et Batman, ensemble, si avec ça vous ne vous sentez pas à l'aise dans vos années 1990, c'est à n'y rien comprendre ; d'autant plus que la doublette McFarlane/Capullo contribue grandement à ce sentiment de retour en arrière/madeleine de Proust, version maléfique. Vous le savez, Al Simmons et Bruce Wayne sont tous deux extrêmement différents, mais sous certains aspects aussi semblables. Les deux hommes ont subi une grande tragédie dans leur vie : Simmons a été assassiné par ses anciens employeurs et séparé de sa femme Wanda, tandis que Wayne a perdu ses parents, assassinés sous ses yeux, dans une ruelle sombre de Crime Alley. Et ces deux tragédies ont fini par façonner leur vie, mais pour des raisons différentes. Simmons a conclu un accord avec le démon Malebogia, devenant ainsi Spawn, tandis que Wayne a endossé le masque et la cape de Batman pour lutter contre le crime à Gotham City, bien aidé par une fortune personnelle colossale. Leurs chemins se croisent lorsque la Cour des Hiboux se met en tête de convaincre Spawn que Batman est le responsable de la mort de sa femme. Désireux de se venger, Spawn traque le chevalier noir. Mais Batman ne tombera pas sans se battre, même s'il va devoir encaisser du lourd, du très lourd. Au fur et à mesure que les coups pleuvent, le malentendu se dissipe, et un plan plus vaste et machiavélique apparaît, avec non seulement l'implication de la Cour des Hiboux, mais aussi celle des Prêtres, que les lecteurs de King Spawn ont appris à redouter. Au passage, le vœu pieu de Batman de ne jamais prendre une vie se heurte aux méthodes extrêmes de Spawn, pour qui le massacre est une option évidente et salutaire.
Ce n'est pas la première fois que Batman et Spawn se croisent, mais c'est la première fois que McFarlane écrit ce sombre duo, ensemble. Il se concentre sur des points de narration susceptibles de relier les deux univers, ainsi que sur leurs différences respectives. Et il parvient également à tisser des éléments de la mythologie de Spawn dans celle de Batman, d'une manière qui a du sens. Cependant, de multiples références présentes dans ces pages sont clairement inaccessibles, ou énigmatiques, pour ceux qui font l'impasse sur les titres du Spawn Univers étendu, actuellement en cours. Malin, le Todd. Et McFarlane a tendance à être un poil trop verbeux, là où on préférerait qu'il laisse Capullo faire exploser son talent. Car si vous aimez ce bon vieux Greg, vous verrez, ses planches sont à la hauteur de sa réputation, et l'ambiance est glauque à souhait. Ce Batman Spawn est aussi présenté dans toute une série de variant covers qui font que vous devriez forcément trouver votre bonheur. L'événement était très très attendu, et le produit fini est ma foi assez solide, mais pas non plus inoubliable.
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