Quand une menace trop importante pour être affrontée seul se présente, les super-héros ont l'habitude de se réunir et de former des groupes ultra puissants, qui marquent les esprits. Chez Marvel par exemple, tout le monde désormais connaît l'existence des Avengers. Penchons-nous maintenant sur le cas des shônen et des dessins animés qui ont marqué notre jeunesse, dans les années 1970 et 1980. Quand je dis "notre", je parle bien entendu de la génération à laquelle j'appartiens, c'est-à-dire tous ces gens qui ont plus ou moins la quarantaine, voire la cinquantaine et qui se souviennent avec délectation des aventures d'Albator, de Goldorak, de Cobra ou encore de l'excellent dessin animé français Ulysse 31 de Jean Chalopin. Je cite ces noms en particulier car ce sont ces personnages qui constituent les héros de Shônen Avengers réalisé par ZeMial, qui est sorti récemment chez Delcourt. La recette est donc la même que dans les comics américains. Les ennemis traditionnels de nos justiciers ont décidé d'attaquer la terre en unissant leurs forces; du coup eux aussi répliquent et ça se passe sous forme de planches uniques, une série de gags développés sur une page, qui ne sont pas tous du même acabit, mais qui globalement apparaissent drôles et attachants, et surtout sont toujours liés à de véritables détails, qui appartiennent à la légende des dessins animés dont ils sont issus. Et c'est bien pour cela que plus que d'une parodie, il convient d'évoquer un hommage, car un jeune lecteur qui n'aurait absolument jamais regardé les épisodes en question risquerait fort bien de se trouver déconcerté devant les clins d'œil et les renvois présents à chaque page. Mais nous qui avons passé des heures devant la télé, durant notre jeunesse, apprécions à sa juste valeur le travail et l'humour référencié de l'auteur.
Vous souhaitez que je vous parle d'un sketch en particulier? Et bien, ce sera celui qui met en scène le Capitaine Flam, aux toilettes, dans le vaisseau de Goldorak, et qui actionne imprudemment une manette, qui déclenche une sorte d'évacuation des eaux usées. C'est forcément très drôle, d'autant plus que ça nous rappelle les grands moments de ces dessins animés d'autrefois. Ailleurs est abordée la question épineuse du double demi-tour que doit faire Actarus avant de pouvoir s'installer dans la cabine de pilotage de Goldorak. Vous n'aviez jamais compris pourquoi il en était ainsi, vous aurez une réponse évidente dans cet album. Très souvent donc, ce sont des personnages secondaires de ces séries animées qui viennent compléter les gags; d'autres fois, ce sont des renvois, des clins d'œil à des moments particuliers, qui sont forcément imprimés dans la mémoire de ceux qui les ont connus, qui rendent l'ensemble attachant. Tout ceci est traité dans un style proche du chibi manga avec des personnages dont les actions, les sentiments, les émotions transparaissent de manière matérielle, comme cela est d'usage dans la bande dessinée nippone. ZeMial fournit un travail irréprochable et on pourra remarquer le nombre assez conséquent de pages, ainsi que des bonus agréables (il y a même des jeux à la fin, quand je vous dis que c'est régressif, pour nous les quadras…); on aurait pu s'attendre à un prix plus élevé, mais non en fait, pour moins de dix-huit euros on obtient là une petite Madeleine qui devrait faire sourire grand nombre d'entre nous, durant ces fêtes de Noël. Shônen Avengers, pour ce qui me concerne, ce n'était pas gagné d'avance. D'un côté, j'avais réellement envie de découvrir le produit fini, de l'autre, j'ai souvent été déçu par les strips ou planches parodiques qui fleurissent régulièrement, et que j'ai toujours eu du mal à digérer, ou bien par absence d'inspiration de l'auteur derrière le scénario, ou bien par un peu de vulgarité facile dont on aurait pu se passer. Ici c'est suffisamment bon enfant et référencé pour que la mayonnaise prenne, aussi cela mérite d'être souligné et loué.
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