Puisqu'après tout le titre peut être un fort argument de vente, penchons nous d'emblée sur une petite vérification. Qu'en est-il du sexe qu'on nous promet, tout d'abord? Question intéressante, car derrière les rodomontades de couverture, nous sommes en réalité très loin d'une production Marc Dorcel ou même tout simplement d'un vieux téléfilm érotique de M6. Une scène, une seule, voit le couple Domino/Wolverine s'adonner à une étreinte sauvage (les meubles de la chambre d'hôtel se brisent sous leurs assauts, au sens littéral du terme) et bestiale. Pour le reste, des sous entendus, des allusions, mais rien de guère folichon. Ah si, la scène finale, l'ultime case, qui nous laisse deviner, par l'absence de passagère visible à coté du conducteur, que celle ci (Domino, donc) est en train d'exécuter une fellation à notre vieux Logan, ce que confirme son invitation à se détendre. Amis obsédés, passez votre tour.
Par contre, coté violence, vous allez être servis. Il faut dire qu'en 2010, trucider à tour de bras, répandre ses boyaux et couper des membres en rondelles, tout cela semble encore et toujours plus naturel et acceptable qu'un couple qui s'envoie en l'air. Mystère du genre humain, qui sanctifie et diabolise le naturel, et réclame l'injustifiable, l'inexcusable. Wolverine est d'ailleurs là pour ça : massacrer, écharper, découper, et saigner. La belle Domino a eu le tort de vouloir fricoter avec la Guilde des assassins (certes sans le savoir au départ) et de s'emparer de la cargaison protégée par les ninjas de la Main. Cargaison constituée de jeunes japonaises destinées à devenir les esclaves sexuelles de riches occidentaux, probablement. Mais aussi un bon gros paquet de cash, presque trois cent millions de dollars. Duper les uns puis les autres est l'assurance de rétorsions sanguinaires, et Neena va devoir lutter âprement pour sortir indemne d'un tel imbroglio, avec l'aide évidente de deux paires de griffes en adamantium, et du combo radical X-Force.
D'ailleurs, disons le tout net : Kyle et Yost, les auteurs de cette histoire, nous racontent ici pratiquement une aventure hors continuity, inédite, du groupe mutant radical mis sur pieds par Cyclope pour les missions peu délicates. Le titre en lui même est déjà très violent, et ce graphic novel en est un prolongement évident. Les dessins sont un autre atout de vente non négligeable : le retour de l'italien Gabriele Dell'Otto (Secret War) et de son style très pictural, d'une beauté esthétisante et glaçante sans égale, avec des planches qui ont une structure de base très dynamique et un artiste qui aime dépeindre ses personnages dans des poses convaincantes et puissantes. On peut aussi formuler à Kyle et Yost, les scénaristes de ce graphic-novel (en fait une mini série en trois parties dans son format américain) le reproche de vouloir insérer trop de monde en si peu de place, au détriment de la caractérisation des personnages, notamment des méchants de l'histoire.
Mais bon, ce ne sont que menues broutilles, le résultat est tout de même des plus convaincants. Un album qui réjouira ceux pour qui les aventures actuelles de X-Force étaient devenues un rendez-vous indispensable, mais aussi ceux qu'un bon bain d'hémoglobine bien chaud tente toujours. Les plus libidineux qui lorgnaient discrètement sur la première partie du titre (sexe) en seront quittes pour une belle dose de frustration. A conseiller donc à tous ceux qui veulent une trame qui fonce à cent à l'heure vers sa conclusion, et qui ne sont pas spécialement passionnés par une profonde interrogation métaphysique de ces héros (Wolverine, Domino...) dont la caractéristique majeure n'est certes pas celle de philosopher à longueur de mission.
A lire aussi :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!