Si vous ne vous reconnaissez plus dans ce quotidien ultra-connecté et sacrifiant toujours plus sur l'autel du dieu Technologie, il est fort probable que ce Tokyo Ghost trouve un écho en vos inspirations les plus profondes. Mais ce n'est pas que cela qui transparaît de l'oeuvre de Rick Remender. Comme toujours, les rapports de filiation entre les générations, les traumatismes hérités de familles dysfonctionnelles, et les interactions humaines sont aussi au centre de cet album, qui est également un clin d'œil à des pans entiers de la culture populaire, comme peuvent l'être Mad Max, ou Judge Dredd par exemple. Une histoire d'amour touchante mais perdue d'avance traverse tout le récit. D'un côté nous avons Debbie qui se qualifie elle même de "Zero Tech", autrement dit qui fuit comme la peste tout recours à la technologie, et place au centre de sa vie l'humain, le terre à terre. De l'autre côté nous avons Led Dent, celui qu'elle aime et soutient depuis l'enfance. Un policier surgonflé, un motard ultra violent, perpétuellement immergé dans un flot continu d'information et de réalité virtuelle, véritable drogué, et dépendant à un cyber univers savamment entretenu et perpétué part des conglomérats publicitaires qui dirigent le monde. Et quel monde! Celui de Los Angeles en 2089, devenu un archipel, d'une froideur et d'une brutalité effrayantes. Bien évidemment Tokyo Ghost n'est pas le genre de comics à placer entre toutes les mains... vous pouvez d'ores et déjà demander aux plus jeunes et aux plus sensibles d'aller faire un tour ailleurs, car ce ne sont pas les scènes pornographiques où les instants de pure violence qui manquent au fil des pages. Dès le premier épisode on comprend que la quête de Debbie et la fuite de Led vont les emmener toujours plus bas et loin dans le désespoir, constituant ainsi un road trip poignant et tragique, où les embellis ne sont que les annonces prémonitrices de nouveaux orages à venir.
Une des qualités habiles de ce Tokyo Ghost, c'est d'être capable de changer de direction, de pointer vers d'autres horizons d'un épisode à l'autre, sans que le lecteur s'attende forcément à ce revirement. Il y a donc un peu de tout à l'intérieur, avec une histoire d'amour contrarié entre deux caractères aux antipodes, et une jeune fille dont les sentiments ressemblent avant tout autant à de l'addiction, un besoin de sauver l'autre, qui naît d'une plaie béante, héritage d'une jeunesse bancale. Led par contre semble tour à tour irrécupérable, un junkie pathétique, ou au contraire une victime de cette société déshumanisée et désireux de s'en sortir, de se donner une nouvelle chance dans l'existence. Tokyo représente ici l'avenir car un des seuls endroits au monde à avoir conservé ses racines avec le passé. Si le Japon pour nous évoque un univers ultramoderne et aliénant par moments, dans cet album c'est au contraire des ambiances bucoliques et mélancoliques qui saisissent le lecteur; là-bas ce sont encore les grandes valeurs, la paix et le respect mutuel, qui priment. Bien que comme dans chaque Eden le ver s'est déjà glissé dans la pomme... Sean Murphy est comme d'habitude excellent au niveau des personnages, des décors, des costumes, de l'action; tout est exubérant, exaspéré, étourdissant. Demandez au dessinateur de présenter une scène endiablée, ou tout simplement un moment de paix angélique, et dans les deux cas il va vous bluffer avec des cases magnifiques, bénéficiant d'une mise en couleur idéale de la part de Matt Hollingsworth. Tokyo Ghost c'est donc la jonction entre une folie cyber punk et nihiliste, et une aspiration humaniste à la sérénité, au retour à la terre. Un grand écart dont sont victimes les héros de l'histoire, dont le destin semble manipulé et voué a un échec cruel , à moins que les prochains rebondissements dans le second tome nous amènent à repenser l'ensemble et retrouver le courage d'y croire. A noter que Urban Comics propose deux éditions. La première est en noir et blanc et elle magnifie le trait primordial de Murphy; la seconde est plus classique, en couleurs, et comme très souvent avec les tome 1 chez cet éditeur, elle est proposée au prix fort modeste de 10 €. Si avec ça vous ne tentez pas de découvrir Tokyo Ghost je n'y comprends plus grand-chose.
Une des qualités habiles de ce Tokyo Ghost, c'est d'être capable de changer de direction, de pointer vers d'autres horizons d'un épisode à l'autre, sans que le lecteur s'attende forcément à ce revirement. Il y a donc un peu de tout à l'intérieur, avec une histoire d'amour contrarié entre deux caractères aux antipodes, et une jeune fille dont les sentiments ressemblent avant tout autant à de l'addiction, un besoin de sauver l'autre, qui naît d'une plaie béante, héritage d'une jeunesse bancale. Led par contre semble tour à tour irrécupérable, un junkie pathétique, ou au contraire une victime de cette société déshumanisée et désireux de s'en sortir, de se donner une nouvelle chance dans l'existence. Tokyo représente ici l'avenir car un des seuls endroits au monde à avoir conservé ses racines avec le passé. Si le Japon pour nous évoque un univers ultramoderne et aliénant par moments, dans cet album c'est au contraire des ambiances bucoliques et mélancoliques qui saisissent le lecteur; là-bas ce sont encore les grandes valeurs, la paix et le respect mutuel, qui priment. Bien que comme dans chaque Eden le ver s'est déjà glissé dans la pomme... Sean Murphy est comme d'habitude excellent au niveau des personnages, des décors, des costumes, de l'action; tout est exubérant, exaspéré, étourdissant. Demandez au dessinateur de présenter une scène endiablée, ou tout simplement un moment de paix angélique, et dans les deux cas il va vous bluffer avec des cases magnifiques, bénéficiant d'une mise en couleur idéale de la part de Matt Hollingsworth. Tokyo Ghost c'est donc la jonction entre une folie cyber punk et nihiliste, et une aspiration humaniste à la sérénité, au retour à la terre. Un grand écart dont sont victimes les héros de l'histoire, dont le destin semble manipulé et voué a un échec cruel , à moins que les prochains rebondissements dans le second tome nous amènent à repenser l'ensemble et retrouver le courage d'y croire. A noter que Urban Comics propose deux éditions. La première est en noir et blanc et elle magnifie le trait primordial de Murphy; la seconde est plus classique, en couleurs, et comme très souvent avec les tome 1 chez cet éditeur, elle est proposée au prix fort modeste de 10 €. Si avec ça vous ne tentez pas de découvrir Tokyo Ghost je n'y comprends plus grand-chose.
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