Tiens, un nouveau Superman chinois. A première vue, ça sent l'opportunisme, la démarche mercantile, et ça donne quelques frissons. Et puis on se penche un peu mieux sur la question, et on se rend compte qu'il ne s'agit pas de Superman, mais de Super-Man, avec le tiret. Bref, une imitation à l'orientale, une émulation, un produit copié sans autorisation préalable. Après tout ce ne serait pas la première fois qu'une marque déposée occidentale déplore sa contrefaçon. Blague à part, on s'y plonge, et avec plaisir. On l'avait récemment vu dans une des séries régulières de notre héros kryptonien, le voyage en Chine de Superman s'était soldé par la récupération de son Adn, qu'une scientifique locale n'allait pas tarder à faire fructifier. Et c'est le cas ici, dans un titre qui d'emblée se la joue très second degré, pervertit les codes du mythe pour en faire quelque chose de fort drôle, et frais. Le personnage central est le fils d'un mécanicien, grande gueule et frimeur, mais aussi limite voyou sur les bords. Son souffre douleur préféré est le gamin du principal responsable d'une grande compagnie aérienne chinoise, qu'il rançonne tous les jours, pour venger la mémoire de sa mère, morte accidentellement dans un crash aérien. Kenan Kong, c'est son nom, est assez peu "héroïque" mais le jour où sa victime est malmenée par un super vilain local, le Blue Condor, il prend instinctivement sa défense, devenant ainsi aux yeux des médias (ah ces smartphones qui filment notre quotidien en permanence) l'emblème de la jeunesse courageuse et qui rend fière la Chine moderne. La popularité est immédiate, au point même qu'une jolie journaliste (Lan Lane, c'est assez transparent...) tente de brosser son portrait. Mais rien à faire pour Kenan, son paternel n'y croit pas un instant, et sait quel rejeton il a mis au monde... Peu importe, l'imprévu surgit alors en la personne de cette scientifique évoquée plus haut, qui lui propose de participer à une expérience secrète et dangereuse, mais intrigante : devenir une sorte de Superman chinois, artificiellement élaboré en laboratoire. Là oui que la vie de Kenan va changer, et pas qu'un peu.
Gene Luen Yang va vite et s'amuse beaucoup avec ce premier numéro. En 22 pages il nous raconte tout ce qu'il faut savoir de ce nouveau venu, de ses défauts à sa famille, de sa transformation à ses amis/ennemis (une version fort singulière de Batman et de Wonder Woman vous attend...). Le ton est décalé, on est à la lisière de l'hommage potache, mais qui fonctionne car très sympathique. Richard Friend et Victor Bogdanovic sont au taquet aux dessins, avec une histoire propre, mise en scène avec brio et dynamisme, qui colle parfaitement avec le ton et la direction choisie. Attention, ce grand début est indéniablement réussi, mais la série est casse-gueule par excellence. Nous lirons de la parodie, de la satire, quelque chose de totalement différent, un récit adolescent ou un vrai titre qui va interagir avec l'univers Dc? Tout ceci est fort intrigant. Pour le moment, on a le sourire.
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