SKULL AND BONES (SAVAGE STORM) : LES PIRATES D'UBISOFT CHEZ BLACK RIVER


 Il existe des albums qui sortent sous de meilleurs auspices que d'autres. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le pari Skull and Bones chez Black River Comic va avoir du mal à être tenu. Un peu d'explication ne fera pas de mal : il s'agit de l'adaptation au format comic book d'un jeu vidéo édité par Ubisoft, attendu comme le messie, censé être de très grande qualité et disponible depuis 2018. Censé, car en fait, son lancement a été l'objet de différents reports, le temps que les studios peaufinent, reprennent et améliorent l'ensemble. Tout devait être fin prêt pour mars dernier mais voilà, encore une fois, Ubisoft a choisi de jouer la montre et on parle maintenant de début 2024. Certains ont pu accéder à la version bêta sur invitation, mais tout de même, ce n'est pas la même chose. Bref, il s'agit là d'une mini série en trois parties,e qui était au départ prévu pour sortir en concomitance avec le jeu vidéo (en mars, en VO); du coup, nous tenons entre les mains un comic book basé sur quelque chose qui n'existe pas encore vraiment, avec donc l'incapacité de s'identifier à des personnages ou des actions qui sont encore tout à fait théoriques, et bien évidemment, sans pouvoir bénéficier d'un battage médiatique et publicitaire procuré par l'univers du gaming. De plus, il faut être honnête, le microcosme des pirates n'est pas franchement extrêmement à la mode en 2023. Bien peu de lecteurs semblent être encore attirés par ce segment de l'aventure et on peut donc craindre le pire pour ce qui est de l'accueil de Skull and bones en version française. Tout ce préambule ne doit pas non plus masquer la vérité, qui est qu'au bout du compte, nous avons pris plaisir à parcourir cette histoire, qui souffre par endroits de quelques rebondissements un peu brouillons, mais qui au final est de bien meilleure qualité que nombre de choses qui nous sont tombées entre les mains ces derniers temps, y compris en provenance des majors de l'édition. Mais je le répète, le pari est très loin d'être gagné…




Pour ce qui est de l'histoire en elle-même, le scénario est signé John Jackson Miller et James Mishler. Il s'agit d'une mini série en trois parties qui a été publiée d'abord aux États-Unis chez Dark Horse, comme par hasard en début d'année, lorsque le jeu devait enfin sortir chez Ubisoft. Au menu, des pirates qui s'affrontent avec notamment le terrible John Scurlock qui sillonne les océans, à la recherche de proies, pour mettre la main sur des butins fabuleux. On trouve de nombreux personnages féminins qui prouvent que la piraterie et le courage ne sont pas que l'apanage des hommes; c'est d'ailleurs un de ces personnages qui endosse le rôle principal à la fin de ces trois épisodes. Ceux qui sont ennemis peuvent aussi devenir alliés, lorsque les circonstances l'exigent : dans le cas présent, l'apparition du Commodore Vanderkill, qui représente la compagnie marchande hollandaise et qui se comporte comme un véritable tyran des mers. Comme si cela ne suffisait pas, un typhon s'abat sur la zone et dès lors, cela devient presque du chacun pour soi, sachant que le salut passe par des alliances intelligentes, le respect de certains codes d'honneur et de l'action, toujours de l'action. Franchement bonne nouvelle que les dessins de Christian Rosado et les couleurs de Roshan Kurichiyanil. L'ensemble est très sombre avec de splendides clairs-obscurs et des planches à la limite de l'expressionnisme, où le sang et les flammes sont particulièrement bien évoqués. On trouve dans le premier tiers de l'album quelques fautes au niveau du lettrage, qui auraient pu être facilement corrigées avec une relecture plus attentive, mais par la suite, cela s'améliore nettement. Skull and bones, c'est finalement une bonne petite lecture très recommandée pour les amateurs de récit de pirates, mais qui au milieu de la forêt des sorties actuelles et sans le soutien du jeu d'Ubisoft, s'apprête à connaître une vie éditoriale aussi périlleuse que les enjeux qui y sont présentés. Dommage.





 
 

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